« Djebel », de Gilles Vincent

Critique de le 27 octobre 2013

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (7 votes, moyenne: 4,29 / 5)
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Roman

Gilles Vincent nous introduit dans son roman par une porte qui s’ouvre sur une guerre extrêmement sale et honteuse, soit la guerre d’Algérie. Massacres, supplices, humiliations mais aussi – et surtout – tortures resteront à jamais les maîtres mots de ce conflit. Encore aujourd’hui certaines âmes n’oublieront jamais les actes barbares qui ont eu lieu sur cette terre nord-africaine. Une guerre pour l’indépendance… mais à quel prix.

Dans un premier temps, l’auteur nous parachute au début des années 1960, en Kabylie, région montagneuse située dans le nord de l’Algérie. Antoine Berthier, jeune soldat français, arrive au terme de cette guerre; enfin, pour lui, car cette incessante tuerie qui tâche de pourpre cette terre africaine continuera sans lui. Quelques jours et c’est le retour auprès de sa famille, particulièrement auprès de sa soeur, son âme soeur, sa jumelle.

Mais avant de partir, frustré de n’avoir pas pu « se faire » de l’arabe, il va déraper, salement, influencé par ses camarades. Et là j’avoue, c’est un dérapage plutôt moche et inhumain. Une vraie descente punitive, ou plutôt devrais-je dire une montée, car c’est sur les hauteurs d’une montagne – d’un djebel – que cela va se produire, au petit matin.

Antoine Berthier, balloté dans le Sirocco qui le ramène chez lui, ne finira jamais la traversée; une balle qu’il a décidé de s’octroyer lui déchirera la tête et ses souvenirs en même temps.

Après s’être assuré que nous étions à présent bien impliqués dans son bouquin, l’auteur nous reprend en charge et nous emmène en 2001, 41 ans après cette guerre d’Algérie. Nous retrouvons, pour ceux qui le connaissent déjà, Sébastien Touraine, ancien flic aux stup et à présent détective privé à Marseille. Un homme cassé, déchu et déçu par son passé, ou plutôt atteint au plus profond de son âme par un passé qui ne lui a pas fait tant de cadeaux. Néanmoins un homme juste, intuitif et totalement performant dans son domaine.

Une femme dans la soixantaine, Viviane Dimasco, vient le trouver un jour pour lui demander d’enquêter sur un évènement troublant, soit de l’aider à trouver des réponses; pourquoi son frère Antoine Berthier s’est-il suicidé sur le bateau qui l’éloignait de la guerre et qui le ramenait vers les siens, mais aussi pourquoi l’armée a-t-elle menti en prétextant qu’il était mort au combat, sous les balles ennemis, quelques jours avant de rentrer en France. Effectivement, plus de 40 ans après, elle vient de l’apprendre, tout ce sait un jour…

Touraine va évidemment faire le tour des soldats qui entouraient Antoine Berthier durant la guerre, il y a 40 ans en Algérie. Il y aura cependant un petit problème; ils sont tous morts récemment. Suicide, accident? Pas vraiment.

Le détective, lors des ses investigations, va se retrouver au milieu d’une enquête de police; peut-être va-t-il même en être le centre! Des explications devront être fournies concernant ses agissements sur diverses scènes de crime, notamment auprès de la magnifique commissaire Aïcha Sadia, flic française d’origine kabyle, une femme au tempérament surprenant et dévastateur à rendre jaloux un cyclone par ses ravages. Une femme que vous connaissez certainement déjà si vous avez lu du Gilles Vincent.

Cette enquête qu’ils vont finalement mener ensemble va s’avérer être coriace. Il y a plus de 40 ans, un ou des évènements se sont produits durant la guerre d’Algérie et encore aujourd’hui certains crétins voudraient que le silence s’éternise à jamais. Mais il y en a d’autres – nettement moins crétins – qui cultivent leur vengeance depuis des décennies et qui retiennent leur cri depuis trop longtemps. Chaque action crée une réaction; cet état de fait est assez présent dans ce roman! Gilles Vincent nous le fait remarquer très clairement.

Nous le savons bien, les actes d’injustices ne s’oublient jamais, la haine ne s’atténue parfois jamais, la douleur intense qui en résulte ne s’efface probablement jamais. Pour toutes ces raisons, certaines personnes peuvent se faire du souci pour toujours…

D’un côté, on protège ses arrières, on se couvre, on soigne le silence pour en faire son meilleur allié, pendant que d’un autre côté quelqu’un semble faire un nettoyage en bonne et due forme. Deux personnes, au moins, semblent se salir les mains, concernant un même évènement, mais pour des raisons radicalement différentes!

Lors de cette enquête, la commissaire Aïcha Sadia va devoir faire face à ses origines, affronter l’âme de son pays qui, sans vraiment le connaître, l’exposera pleinement et la mettra bien mal à l’aise.

Il y a des choses qui, logiquement, ne devraient jamais être en rapport les unes avec les autres; tellement éloignées, tellement sans aucun lien! Mais dans ce roman, l’auteur nous prouve qu’une relation peut se faire entre deux éléments éloignés suite à des enchaînements qui se succèdent et qui se suivent.

Concernant le dénouement, Gilles Vincent – encore une fois! – nous surprend. Une remise en question totale. Bien vu.

Bonne lecture.

« Djebel », de Gilles Vincent

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