Chester Himes La reine des pommes

Critique de le 4 décembre 2010

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (123 votes, moyenne: 4,64 / 5)
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Littérature Roman

Avant de relire ce livre, j’écris ce dont je me souviens sur l’histoire de Jackson, au risque de changer un peu l’histoire. Avec nos rêves, la mémoire remanie les souvenirs de nos lectures.

Dans le Harlem milieu de siècle, Jackson est un truand candide qui nous conduit dans de délicates aventures.

Oui, il est candide Jackson. C’est une pomme. La reine des pommes. Sa foi le sauve, même s’il doit affronter son jumeau déguisé en bonne sœur.

Policiers mythiques, Ed Cercueil et son compère Fossoyeur veillent sur Harlem. Ils planquent devant une librairie tendue d’un immense calicot jaune portant l’inscription : Ouvrages en tous genres pour les six millions de lecteurs de race noire.

Des femmes prient  dans l’église juste en face. Ed Cercueil et Fossoyeur arrêteront-ils les salauds cagoulés  venus mitrailler l’église et la librairie ?

Attentat en plein centre de Harlem, au croisement de la Septième avenue et de la Cent vingt-cinquème rue. La librairie est à côté d’une immense bijouterie où Jackson, avec l’argent de ses trafics achète des bijoux pour sa maman. La bijouterie est spécialisée dans la vente à crédit, mais Marcus paye cash.

Quand le père de Jackson a été tué, il y a eu un formidable enterrement dans Harlem.

C’est son parrain, oncle Ray, qui conduisait le deuil.

Sur les photos on voit un malabar avec sur la tête un chapeau en poil de castor et un costard ajusté, brun rayé de blanc.

Cet  ancien boxeur reconverti dans les pompes funèbres était célèbre à Harlem, il prenait ses commandes dans un bar proche de la Septième avenue. Les familles venaient là, négocier des obsèques à la mesure de leurs moyens, avec ou sans les traditionnelles pleureuses. Un homme d’Affaires.

Parrain Ray avait offert ce qu’il y avait de mieux : un enterrement à mille dollars avec pleureuses et corbillard en bois précieux. Le jour des obsèques, Jackson avait décidé de ne pas marcher sur les traces de son père, héros du Black Panther Party. Il ferait du business comme parrain Ray.

Jackson, lui, chantait les chansons du répertoire de Hot Lips Page, un ami de la famille qui avait joué de la trompette aux obsèques se son grand-père. Il avait commencé sa carrière dans les années 20 au Texas en accompagnant Bessie Smith. L’oncle Ray avait organisé des obsèques somptueuses pour ce très swing ami mort en 1954 au Harlem Hospital. Comme son oncle, Ray,  Jackson  était swing, ça ne l’empêchait pas de chanter souvent à la cadence d’un spiritual :

« Parfois j’me sens perdu comme un enfant sans mère,

Parfois j’me sens perdu comme à mon heure dernière. »

Jackson avait une grosse vieille Cadillac qui lui servait aussi de corbillard.

Il ne respectait pas toujours le carrefour de la Cent seizième Rue et il lui arrivait, pour cette raison d’être poursuivi par la police.

Une fois pour leur échapper il n’avait pas hésité à foncer dans le marché de Harlem, sous la voie aérienne commençant à la Cent quinzième rue et se terminant vers la Cent unième.

Jackson se marre encore quand il raconte comment ils avaient accroché  l’étal d’un crémier et ainsi décoré leur bagnole avec des dizaines d’œufs qui dégoulinèrent sur le toit, alors que les cageots de légumes enjolivaient les roues du corbillard.

Marcus a toujours été fier de ce type de conneries. Le pire était que ce jour là, il y avait un cadavre dans le corbillard.

Faut entendre Jackson évoquer, comment, traversant le marché, un black leur lança en rigolant :

–         Et les gonzes, ya pas froid aux yeux votre macchabée. Ya  plein de flics à ses trousses.

Jackson raconte que sous la violence des chocs, le hayon du corbillard s’était ouvert et la tête du cadavre était sortie du cercueil.  Son oncle avait répondu :

–         Et mec, t’as jamais vu des flics aux fesses d’un macchabée ?

Le frère jumeau de Jackson, c’est la géante obèse qui lutte avec un petit black musclé dans des combats arrangés sur lesquels son mec organise des paris clandestins.

Hercule en jupons elle aimait tendrement son jumeau qu’elle secourait en cas de besoin.

Cette homme est bonne et touchée par l’Esprit.

Quand elle n’est pas au combat, elle s’habille en bonne sœur et surgit sous les bourses des passants de la Cent vingt-cinquième rue, en allant vers la septième avenue.

–         Pour les pauvres… pour votre salut…

Un jour où Jackson faisait le serveur au Texas-Café, pas loin du croisement de la Septième avenue, des types aux cheveux plats et gominés lui avait cherché des noises et il s’était retrouvé sur le cul, sa chemise blanche amidonnée souillée, honteux devant les jolies serveuses à la peau de banane mûre qui le secouraient.

MAINTENANT JE VAIS RELIRE LA REINE DES POMMES.

Chester Himes La reine des pommes

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Un commentaire pour “Chester Himes La reine des pommes”

  1. avatar Lee Roy dit :

    C’est simplement la vitalité destroy des démunis.

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