« Une semaine en enfer », de Matthiew F. Jones

Critique de le 12 mars 2013

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (24 votes, moyenne: 4,42 / 5)
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Roman

Rythme rapide et assez soutenu, c’est certain. Pas ou peu de temps mort; c’est une sorte de mi-marathon pour le lecteur, et ceci dès les premières pages. Alors suivez ce conseil; soyez bien entraînés pour affronter ces 251 pages.

L’auteur nous narre cette histoire avec des phrases courtes, façonnées à la hache et cela fonctionne plutôt bien même si au premier abord cela surprend la moindre. Le ton est froid, impersonnel, nous mettant presque mal à l’aise. Les évènements se succèdent rapidement, à la chaîne, et toujours sur le même ton. On s’enfonce avec le personnage, un homme qui est tout sauf un héros; on subit, on compati, puis on décide finalement de le lâcher dans sa merde, sa propre merde qu’il s’est confectionné lui-même et dans laquelle il va mettre les deux pieds, et bien profond. Désolé pour les termes, mais c’est exactement ça. Premier constat; le personnage, je ne l’aime pas.

Une semaine en enfer oui; mais cela serait plus juste de dire une belle descente aux enfers!

John Moon vit dans les montagnes, dans une misérable caravane. Son défunt père, ruiné et ayant perdu la ferme et la terre familiale, lui lègue un bel héritage; rien, que dalle, le néant. Il se retrouve très vite dans une situation plus que précaire.

La suite logique vient assez rapidement; sa femme le quitte, en prenant leur petit garçon. C’est l’abandon. Chasseur à ses heures perdues – pour ne pas dire un peu braconnier quand-même -, notre homme ne se gêne pas pour aller taquiner le gibier avec sa carabine dans sa montagne perdue quelque part dans l’Amérique profonde. Incapable, par contre, de vous dire exactement où. Mais je peux tout de même prétendre que c’est chez les primitifs, ceux qui dégainent, crachent et rotent avant de dire une phrase censée. Même le shérif – représentant de l’Etat – fait des fautes d’orthographe lorsqu’il s’exprime.

Un beau dimanche de juin, c’est la grosse bourde; la première d’une longue série en fait. Le genre de connerie irréversible, celle qu’une fois commise, on n’a plus qu’une chose à se dire; cette fois, c’est la fin de tout…

John Moon vise un gibier qui se trouve derrière un bosquet et tire. Mais le daim qu’il croit avoir tiré se trouve derrière lui, et au bout de son viseur, c’est une fille de 16 ans qui s’écroule. Morte sur le coup. John Moon, à partir de cet instant précis, de ce moment tragique, va prendre toute les mauvaises décisions.

Culpabilisé, puis faire face, re culpabiliser, se montrer à lui-même qu’il peut surmonter une situation difficile; le constat qu’il fait de sa personne n’est, au bout du compte, que peu réjouissant; il est finalement ce qu’il a toujours été; un faible, un looser.

Néanmoins, nous allons être témoins d’évènements qui s’enchaînent très vite, épisodes dont John Moon est le déclencheur. Attention, je n’ai pas dit qu’il gérait les évènements; il les provoque, les subit, les supporte de plus en plus mal pour ne plus pouvoir les digérer.

Nous évoluons aux côtés d’un homme qui perd les pédales, à la limite du délire. Chaque bruit, chaque situation devient une menace pour lui. Psychose, culpabilité vis à vis de ses actes, peur; il ira jusqu’à se dire qu’il n’est finalement pas responsable, que c’estquelqu’un qui s’acharne sur lui. Dieu? C’est ça… Défense psychologique oblige… Bienvenue dans la folie.
Intéressant de suivre un homme dont la situation lui échappe totalement, dont le raisonnement va rapidement se cacher au placard. Il faut admettre que John Moon a mis les pattes vraiment là où il ne fallait pas et il faudra bien qu’il l’assume… Un cadavre sur les bras, une femme et un fils qu’il veut récupérer; bonne chance l’ami… Quand on est né con, on ne finit pas ingénieur…

Une intrigue qui tient plus ou moins bien la route, même si elle n’est pas forcément construite d’une manière sophistiquée. La trame est assez classique, facile, pas vraiment originale; je me demande même si je n’ai pas déjà vu un tel scénario quelque part. Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est d’essayer de comprendre le personnage, ses actes, ses actions, ses réactions, soit de le suivre face à cette puissante embrouille dans laquelle il se faufile toujours un peu plus; presque du volontarisme! Il suit visiblement son chemin de vie avec beaucoup de rigueur; être un perdant…

On pourrait même parler de causalité si on admet que tout phénomène a une cause et, dans les mêmes conditions, la même cause est suivie du même effet. En ce qui concerne John Moon, il aurait certainement fallu que quelqu’un lui explique ce principe philosophique! Aïe… J’espère que je ne suis pas le seul à me comprendre…

Bonne lecture.

« Une semaine en enfer », de Matthiew F. Jones

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