« Doux comme la mort », de Laurent Guillaume / coup de coeur!!

Critique de le 28 juin 2012

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (15 votes, moyenne: 3,60 / 5)
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Roman

Blog: passion-romans

Et me voici confronté à un exercice difficile. Ce roman est un coup de coeur et lorsque c’est le cas – rarement – j’ai de la peine à trouver mes mots pour exprimer mes ressentis. Quoiqu’il en soit, je vais vous divulguer ce que ce livre vous réserve.

Tout d’abord, je tiens à relever que ce roman regorge d’éléments judicieux et extrêmement pertinents en ce qui concerne le domaine de la criminalité. Que ce soit sur l’aspect géographique ou encore sur la situationcrimino-politique d’un État – relation entre plusieurs ici -, l’auteur vise juste, avec détails et exactitude. Oui, en tournant les pages de ce roman, le lecteur remarquera assez rapidement – s’il connaît quelque peu le « milieu » – qu’il est écrit par un flic; ces faits ne sont pas trompeurs, ce sont bien des empreintes de pattes d’un poulet que vous discernerez en vous déplaçant dans cette histoire! Un coup de patte qui nous permet de constater que l’âme d’un policier plane au dessus de nous et nous guide dans ce milieu qu’il connaît plutôt bien. Nous sommes loin, très loin même de l’enquête banale et linéaire, et franchement tout le charme est là! Et pour cela, il faut indubitablement être du milieu.

En effet, l’auteur – Laurent Guillaume  – ancien flic des stups, est officier à la Direction de la Coopération Internationale au Mali où il lutte contre le trafic des stupéfiants entrel’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest. Une fonction qui lui permet de savoir de quoi il parle, respectivement d’être précis et juste dans ce qu’il écrit dans cette oeuvre. Mais sauf erreur de ma part, il a quitté cette activité il y a quelques mois et se trouve actuellement au sein de la brigade financière d’Annecy.

Le Mali justement, l’auteur nous y emmène et nous fait vivre quelques instants dans ce pays de misère, où la violence règne en maître, où le sable nous rentre dans les yeux et les balles – les bastos – dans le crâne. L’auteur connaît bien cette région et nous transmet brillamment cette expérience – cette vision de l’intérieur – où se mêlent indépendantistes, anciens militaires ou encore terroristes. Ça pue l’authenticité, le concret; l’odeur métallique du sang nous frôle les naseaux et la mort est quasi palpable; bref nous sommes dans la réalité des choses. Laurent Guillaume nous embarque également en France, en Haute-Savoie, mais aussi à Genève, en Suisse, pas dans les plus beaux quartiers – enfin ça dépend – soit dans le quartier chaud et électrique desPâquis.

Pas mal d’ingrédients intéressants dans ce roman, à commencer par les personnages qui sont un élément fondamental, central. Des flics; des bons, tout de même, mais desripoux aussi, des bien pourris même. Nous coudoyons également un monde politique peuplé d’hommes bien corrompus; surtout un, le représentant parfait du mec qui fait gerber; un noble personnage envahi par de la pourriture pas si noble que ça!

Entre ce monde de flics et de politicards, pas mal d’éléments perturbateurs vont entrer en « jeu », comme cette bande de bikers à la détente facile qui ont une devise assez significative: « Expect no mercy – N’espère aucune pitié ». Et encore bien d’autres personnages mythiques dont je parlerai encore après.

Mais il y a surtout Le Messager, Gabriel Milan, cet ancien commando de Marine qui oeuvre désormais comme mercenaire, en « freelance », un tueur professionnel mandaté par exemple par un gouvernement. Un personnage intéressant; un tueur qui élimine sans pitié, sans regret, qui se borne à honorer son contrat, mais un homme tout de mêmedoté d’une âme, d’une conscience et d’une certaine sensibilité; l’auteur a remarquablement bien construit cet exécuteur. Nous accompagnerons cet homme aux capacités étonnantes, spécialiste de l’infiltration, furtif, rapide, qui s’arrange pour avoir toujours une longueur d’avance.

« Je… Je m’appelle Gabriel Milan. Je bosse en freelance pour des groupes industriels et parfois pour des états, comme la France. Face aux récalcitrants, aux empêcheurs de tourner en rond, je suis l’ultime recours, la baguette magique des ressources humaines. Il y a trois ans et demi, on m’a demandé de remplir un contrat dans la nord Mali… »

Gabriel Milan a été envoyé au Nord Mali, à la demande du gouvernement français, pour exécuter une mission délicate, l’élimination d’un certain Jibril Bel Jibril, chef du groupe terroriste AQMI, une filiale d’Al Qaeda. Mais au dernier moment, le doigt déjà appuyé contre la détente de son fusil, il reçoit l’ordre d’abandonner sa mission. Peut-être un peu trop tard, car Milan poursuit son travail jusqu’au bout. A partir de cet instant, un mécanisme à la portée internationale va se mettre en branle, un puissant engrenage qui va engendrer la mort d’un otage français, un ministre pénalement poursuivi et des conséquences incontrôlables. Notre homme est désormais livré à lui-même.

Gabriel Milan est pris au piège et passera des années dans une prison à Bamako, au Mali. C’est après trois ans d’incarcération qu’il va recevoir un message provenant de la France qui annonce la mort de son ami Damien Deloncourt. Un accident? Non, Le Messager comprendra rapidement que c’est une provocation pour le faire sortir de son trou à rat; il s’évade sans trop de mal – mais pas sans morts – et promet de régler ses comptes.

Il retourne en France et se voit attribuer une ultime mission qui a pour cible un flic. Mais cette fois-ci, il va désormais oeuvrer un peu différemment; c’est lui-même qui va choisir ses propres cibles. Lorsqu’on prend le risque de faire « joujou » avec un tueur professionnel, lorsqu’on le trahi, on en paye évidemment le prix… Gabriel Milan, au cours de sa mission, va comprendre toujours un peu plus ce qui se passe – un peu trop d’ailleurs pour certains. C’est avec une grande détermination qu’il va tout mettre en oeuvre pour découvrir ce qui se trame derrière ce rideau de fer puant la trahison et la traîtrise. Une mission qui ne lui plaît pourtant pas, trop hasardeuse, jugé mal préparée.

Parallèlement, nous suivons Marc Andrieu, flic des stups complètement foutu et abattu qui recherche activement sa fille Eva qui a visiblement passé de l’autre côté de la barrière de la raison; le monde de la drogue, l’univers des « morts-vivants » s’est présenté à elle et l’a complètement bouffé pour ne plus la lâcher. Eva a disparu et son flic de père ne reculera devant rien ni personne pour la retrouver. Une piste sérieuse va l’emmener vers la Haute-Savoie, près de la frontière Suisse, où sa fille serait entre les mains d’un proxénète, un ancien « hardeur » aux moeurs cruelles et méchamment malsaines.
Un ancien ministre et actuel maire, Julien Vittoz, semble tenir les rênes de tout ce merdier. Un homme qui va tout tenter pour se blanchir du passé et ainsi revenir au Pouvoir; un homme qui dégage une odeur de lisier, un pourri qui ne reculera devant rien, jusqu’à se financer par divers trafics illicites. Suivi et aidé par son petit toutou, le commandant Thierry Guerrier, un flic minable corrompu mais néanmoins dangereux et influent, Julien Vittoz va prendre un risque considérable en décidant de manipuler ses semblables, mais surtout en trahissant celui qu’il n’aurait peut-être jamais dû toucher. Julien Vittoz va se créer un entourage qui s’appuie fermement sur des valeurs immorales, cyniques et totalement hors cadre. Il va également user de moyens totalement vicieux pour assurer ses arrières et devenir ainsi intouchable.

L’écriture de Laurent Guillaume est fluide, dure, très dure parfois, une noirceur qui accompagne le lecteur durant toute la lecture. L’auteur enchevêtre des scènes qui se déroulent avant et après l’incarcération de Gabriel Milan et cela permet au lecteur d’être très impliqué dans le récit, très proche du personnage principal. Laurent Guillaume nous permet de suivre ce qui se trame au plus haut niveau du pouvoir jusqu’aux conséquences désastreuses des exécuteurs de basses besognes.

L’auteur, par ce récit noir aux senteurs altérées par une pourriture quasi constante d’hommes influents corrompus, que ce soit dans le milieu politique ou policier, appuie là où ça fait terriblement mal. Soit sur les dérives incontrôlables d’hommes représentant la justice, la loi et la sécurité et qui passent de l’autre côté du miroir pour leurs intérêts personnels. A mon sens, des situations extrêmement inquiétantes, navrantes et déplorables. Lorsque l’on en arrive là; lorsque les derniers garde-fous ont flanchés dans le milieu qui est censé nous assurer la sécurité, les limites ont largement été atteintes et c’est la fin de tout. C’est ma propre vision. Mais là rassurez-vous, il s’agit d’une fiction. Au fait non, je rectifie, il s’agit ici de faits réels exprimés dans une fiction; j’en suis plus que persuadé. Bonne lecture.

« Doux comme la mort », de Laurent Guillaume / coup de coeur!!

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