Damné pour damné : un roman inclassable

Critique de le 9 juin 2010

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (173 votes, moyenne: 3,55 / 5)
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Fantastique, horreur Roman

damne-pour-damne.jpgComment classer ce roman, à une époque où chaque œuvre doit entrer dans un genre et s’y tenir. Avec celui-ci, impossible.
Crimes et mystère : nous sommes peut-être dans un polar ?
Mais angoisse et suspense sont distillés tout au long : un thriller, alors ? Allant crescendo jusqu’à un point dont le déroulement explosif est remarquablement raconté.
Mais l’intrigue est placée dans le XIX siècle scrupuleusement présent, à cette époque de mutation de la société, dans la charnière foi-religion/raison-scientisme : une plongée dans l’un des éléments les plus fondateurs de notre monde moderne. Donc, un roman historique ?
Avec cependant une forte imprégnation celtique, lieu non précisé, mais très marqué par les menhirs et la lande…
Mais l’intrigue est aussi tirée vers le fantastique, au ton très moderne, et dit de façon si simple que tout est criant de vérité ! Nous sommes emportés dans l’imaginaire foisonnant de F. Merchadou, mais sans délire, tout est comme évident, « normal ».
Le style est précis. Tout va très vite, pas de temps morts et pourtant, tout est dit.
L’auteur nous fait tout partager, de l’aspect de chacun à ses moindres émotions, du temps qu’il fait, du lieu que l’on traverse, sans en avoir l’air.
Il a pour cela construit son récit de façon élaborée, racontant l’histoire au moyen de deux narrateurs, et nous ne savons de l’intrigue que ce que chacun en connaît. Leurs regards, leurs caractères, leurs pensées, leurs émotions finissent par établir la trame complète des évènements. Ces récits croisés n’alourdissent pas, ne compliquent pas, mais donnent au contraire une réelle densité à ce roman plutôt court.
Il raconte au présent et nous entraîne ainsi sans répit dans l’action et dans un passé rendu très palpable .
Le premier narrateur, le père Flavier nous emmène ainsi dans le versant “religieux” de cette histoire ; ferveur de la foi, faiblesses de l’homme, satire acide du monde ecclésiastique. Mais le petit prêtre, contrairement aux plus hauts dignitaires, est aimable, sympathique, un homme bon qui a su sauver Abel le bossu de la cruauté d’une population rurale bien peu évoluée et bien peu imprégnée de charité chrétienne. Mais le diable n’est jamais loin…
Le deuxième narrateur, le professeur Emile Sadowski, archéologue et médecin, est le père de la jeune Adélaïde. Avec eux, le modernisme pointe son nez, difficilement dans cette première moitié du XIXè siècle. Les deux sont assoiffés de connaissance, repoussent l’obscurantisme. Mais c’est Adélaïde, si jeune, volontaire, pleine d’humour et de vivacité qui nous charme, rebelle et honnête, petit soldat posté en avant-garde de la condition féminine.
Au gré de sa propre culture, le lecteur a envie de trouver des « maîtres », G. Flaubert pour le style et l’exigence du raccourci, G. de Maupassant pour la présence des personnages, V. Hugo pour une ambiance par moments médiévale (voir le personnage d’Abel), T. Gauthier pour une ambiance romantique, avec des réminiscences très lointaines, ici celtiques, Lovecraft pour le fantastique et le suspens angoissant.
C’est dire la forte impression que peut faire ce roman en réalité inclassable et qui possède LA qualité d’inventer un genre fantastico-réaliste.
Et le mot de la fin est comme l’ensemble du récit : il nous attire et ne nous lâche plus…

(Un site sur ce livre : http://damne-pour-damne.com)

(Site de l’auteur : http://frederic-merchadou.com

Détails sur Damné pour damné : un roman inclassable

Isbn : 2268065545

Damné pour damné : un roman inclassable

Un commentaire pour “Damné pour damné : un roman inclassable”

  1. avatar Via la vie dit :

    A choisir, et c’est vrai que ça n’est pas évident, je ferais plutôt passer damné pour damné sous la catégorie fantastique plutôt que polar.

    C’est une lecture intéressante, car sous son aspect « thriller  » on découvre un véritable travail littéraire. La narration sensitive et le style émotif rapprochent le texte de Poe, voire de Lovecraft, avec une plume qui évoque le fantastique du temps de Maupassant ou de Gautier. Et cependant, Damné pour Damné reste un roman moderne et efficace, où le suspense est présent à chaque page et l’histoire toujours en mouvement. Certains personnages sont vraiment réussis et le dénouement de l’intrigue est pour le moins inattendu. C’est un livre attachant, loin des clichés, qui mérite qu’on s’y plonge et qu’on se laisse prendre à son charme.
    (Ma critique rédigée il y a quelque temps ailleurs sur le web.)

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