« La trahison des Borgia », de Sara Poole

Critique de le 19 juillet 2012

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (8 votes, moyenne: 4,25 / 5)
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Histoire

Blog: passion-romans

Je suis très satisfait d’avoir pu découvrir ce roman car mis à part les polars et les romans noirs, j’aime parfois me lancer dans un bon roman historique. Néanmoins, je suis resté un peu sur ma faim concernant celui-ci; je m’expliquerai.

Dans cette oeuvre de Sara Poole, nous découvrons la famille Borgia – qui existe réellement – qui a eu une grande importance politique dans l’Italie du XVème siècle. En « fournissant » deux papes, nous pouvons effectivement prétendre qu’elle a eu un certain poids dans l’Histoire… Cette famille originaire du Royaume de Valences, en Espagne, est également connue pour certains de ses membres qui ont acquis une fâcheuse renommée. Cette famille fut au cours de l’Histoire accusée, pêle-mêle, d’empoisonnement, de fratricides ou encore d’incestes. Une légende noire qui a contribué à faire des Borgia les symboles de la décadence de l’Eglise à la fin du Moyen Âge.

Étant modeste par nature – hum hum… – je tiens tout de même à préciser que je me suis documenté un peu pour vous expliquer cela, voilà..

Francesca Giordano est notre narratrice et c’est elle qui va nous raconter son histoire qui se déroule au XVème siècle, dans la majestueuse ville de Rome, ainsi qu’au Vatican. Ou plutôt la suite de son histoire car « La trahison des Borgia » est le deuxième tome d’une trilogie. Néanmoins, rassurez-vous, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier tome pour pouvoir suivre cette oeuvre.

Le travail de Francesca est un peu particulier, je la laisse d’ailleurs vous expliquer en quoi il consiste:

« Je m’appelle Francesca Giordano et je suis la fille de feu Giovanni Giordano, qui resta dix ans au service de la cour des Borgia en tant qu’empoisonneur, et pour sa peine fut assassiné. Je lui ai succédé après avoir tué l’homme choisi au départ pour prendre sa place. J’ai également tranché la gorge de l’un de ses meurtriers. Enfin, j’ai tenté d’empoisonner l’homme responsable de tout cela – du moins le croyais-je, à l’époque. Seul Dieu sait si le Pape Innocent VIII est mort de ma main. »

Vous l’aurez compris, Francesca Giordano est empoisonneuse au service du Pape, respectivement de la famille Borgia, et est par la même occasion sa protectrice. Sa mission demeure difficile à en juger par les multiples menaces qui tournent autour du Pape à cette époque, un Pape qui a l’art d’attirer les foudres des représentants des régions et des pays avoisinants; bref un attire-merde de première comme on dit en bon français.

Francesca Giordano est une femme dotée d’un fort caractère, très libertaire, cruelle et tendre à la fois. Son rôle d’empoisonneuse lui sied à merveille et je dois admettre que l’auteur à su lui donner une magnifique épaisseur, une personnalité puissante et intense. Il s’agit d’ailleurs à mon sens le grand atout de ce roman. Francesca a un goût certain pour la mort – une relation énigmatique avec elle – voue un plaisir intense à imaginer les manières les plus cruelles pour donner la mort. Cette femme qui se défend comme une tigresse, au comportement totalement changeant, bascule entre la grande noirceur qui se dégage de son âme et sa douceur, son attitude attentionnée envers ses semblables.

Notre héroïne fait également partie d’une société secrète nommée LUX, qui tend à essayer de comprendre la vie, la politique, soit de percer les secrets du monde en se basant sur la raison, le concret, et non sur la foi. Mais bien sûr ceci au risque de se faire brûler vive par les représentants du Pouvoir – l’Eglise – qui dénonce ce genre de pratique.
Suite à un premier « attentat » raté visant cette société, voir elle-même, Francesca s’aperçoit justement que quelqu’un semble vouloir attenter à sa vie; menaces pouvant provenir des siens comme de l’extérieur. Et oui, la confiance n’est pas le maître mot dans cette histoire! Alors qu’elle tente de placer tous ses proches à l’abri, elle apprend le retour à Rome du prêtre fou Morozzi, l’assassin présumé de son père, celui qui met également tout en oeuvre pour destituer le Pape actuel.

Une sorte de pacte d’intérêts se noue entre le Pape et Francesca sa protectrice, bien qu’elle remarque assez rapidement qu’il la manipule et la met salement en danger pour atteindre Morozzi, son rival. L’empoisonneuse va cultiver sa haine viscérale jusqu’au bout pour venger son père, alors que le Pape continue à subir des pressions venant de tout bord et s’interroge sur les meilleures décisions à prendre, soit entre les pires et le plus mauvaises, mais en tout les cas celles qui pourraient éviter une guerre qui peut éclater à tout moment. Nourrir les susceptibilités et développer son l’amour-propre semblent être un sport national à cette époque-là.

Une véritable chasse à l’homme va alors débuter dans les rues et ruelles de Rome, dans ses innombrables labyrinthes souterrains, cryptes, ou encore dans les inquiétants monuments ou églises présents à chaque coins de rues; tout ceci sous le regard bienveillant de l’imposante basilique St-Pierre qui se désole de constater que tous les coups sont permis.

L’écriture de Sara Poole est le second atout de ce roman, particulièrement dans l’art de transmettre au lecteur cette ambiance romaine du XVème siècle. Elle nous propulse brillamment et intégralement dans cette époque lors de laquelle il n’était pas vraiment bon de critiquer Dieu ou de s’opposer aux idées de ceux qui le représentent sous peine de finir en tant que combustible pour le bûcher. Elle nous plonge dans une Rome où le racisme opposant catholiques, non catholiques fait rage et engendre pas mal de pression dans la population ou même dans la hiérarchie ecclésiastique. Les inquisiteurs ne sont jamais très loin et surveillent intensément les éventuels hérésies. Sara Poole maîtrise son sujet, c’est incontestable.

Mais voilà, pour moi il manque deux élément très important pour ce « thriller » historique; la pression et la tension. A plusieurs reprises, j’ai pensé que cette tension allait arriver et monter crescendo, et puis non… Plat. Linéaire, sans vague, sans grands rebondissements. Cet esprit de vengeance qui plane tout au long du roman – qui est bien là – ou encore cette riposte imminente qui semble surgir et que j’attends à chaque page tournée, et bien ces éléments ne viennent pas, ou alors d’une manière très insipide, sans grande saveur. Est-ce que Sara Poole nous réserve le grand jeu pour son dernier tome, possible.

Quoiqu’il en soit, si je me réfère au commentaire de Lauren Willig, de Booklist, qui nomme ce roman de « thriller historique », je lui répondrais que pour utiliser ce terme il faudrait rajouter d’avantage de suspense, de rebondissements, soit une intrigue qui prend le lecteur d’arrache-pied pour le placer sans ménagement sur une onde très électrique qui permettrait ainsi de sentir cette vibration qui parcours les tripes et crée cette fameuse tension tant recherchée (par moi)!

Encore un point qui m’a relativement déçu; Sara Poole lance des sujets extrêmement intéressants, à l’image de Christophe Colomb qui semble avoir découvert une nouvelle terre. Nous attendons évidemment un développement de ce côté-là mais encore une fois, le sujet s’essouffle et plus rien. Dommage.

Mais dans thriller historique, il y a aussi historique et sur ce point là je m’incline; Sara Poole sait de quoi elle parle et elle nous le rend bien… Mais justement, pourquoi ne pas avoir davantage développé ces concepts, ces idées qu’elle avait pourtant bien amenés… Finalement la Rome antique nous réserve bien des mystères… Allez, je vous souhaite un bon voyage dans ce climat pas si accueillant, mais au combien intriguant… Mais sans le suspense qui va avec. Bonne lecture.

« La trahison des Borgia », de Sara Poole

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