La Révolution russe. (tomes 1 et 2) :

Critique de le 10 septembre 2020

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (1 votes, moyenne: 3,00 / 5)
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Histoire

Une indispensable et formidable fresque en deux tomes de 1 500 pages sur « La Révolution Russe ». Elle est expliquée simplement et qui plus est, est extrêmement complète. En effet, Orlando Figes nous présente le déroulement très détaillé, captivant et agrémenté de nombreuses citations (grâce notamment à l’ouverture des Archives en 1992 suite à l’effondrement de l’U.R.S.S. en 1991), de l’histoire de : la société Russe sous la dynastie tsariste autocratique des Romanov, la Révolution Populaire Russe de février 1917, ainsi que le coup d’État Bolchevique (Communiste) du 25 octobre 1917, pour finir sur la formation du régime Totalitaire Communiste, à partir de ce coup d’État et jusqu’à la mort de Lénine, le 21 janvier 1924.

Dans une longue première partie passionnante de son ouvrage, Orlando Figes nous décrit la société Russe sous la fin du régime tsariste des Romanov qui perdura 300 ans, de 1613 à 1917. Le dernier représentant tsariste de cette lignée fut Nicolas II, forcé d’abdiqué en mars 1917. D’abord, l’auteur nous présente le niveau d’ »arriération » de la société Russe à la fin du 19ème et début du 20ème siècles. En effet, à cette époque la Russie était encore à environ 90 % paysanne, ayant été récemment libérée du servage, bien après la plupart des pays d’Europe Occidentale. En Russie les méthodes de productions agricoles et d’élevages étaient encore excessivement rudimentaires, physiquement exténuantes pour les paysans et peu productives. La population paysanne se développait de manière exponentielle, engendrant de plus en plus de difficultés pour celle-ci, pour nourrir leurs familles nombreuses.
À la charnière entre ces deux siècles, la paysannerie qui louait la terre aux hobereaux (les propriétaires fonciers) devenait de plus en plus pauvre, et beaucoup de paysans allèrent dans les villes pour chercher du travail (page 224) :
« En 1914, trois habitants de Saint-Pétersbourg sur quatre étaient déclarés comme d’origine paysanne, contre moins d’un tiers cinquante ans plus tôt. La moitié des 2 200 000 habitants de la ville étaient arrivés dans les vingt années précédentes. L’effet de cette immigration paysanne intérieure massive était encore plus prononcé à Moscou. Les foules de paysans dans les rues, les nombreux marchés extérieurs (il y en avait un sur la place Rouge), les rues non pavées, les maisons de bois et le bétail qui vadrouillait dans les quartiers ouvriers donnaient un caractère rural à de grandes parties de la ville. Moscou est encore surnommée le « Grand Village ». »
En résumé, la société Russe, qu’il s’agisse des conditions de vie de la paysannerie ou de celles de la classe ouvrière, jusqu’à la fin du règne des Romanov et de son dernier représentant, Nicolas II, était : pauvre, « arriérée », rustre et violente.
Nicolas II était incapable, comme Louis XVI avant la Révolution Française, de mener à bien les réformes de modernisation et de démocratisation indispensables à l’évolution de la Russie. Ce qui conduisit, d’abord à la Révolution manquée de 1905, puis à celle réussie de février 1917.
Ensuite eut lieu le coup d’État Bolchevique du 25 Octobre 1917 à Petrograd (dont l’ancien nom était Saint-Pétersbourg) propulsant ainsi la Russie et le monde, dans l’une des plus grandes tragédies du 20ème siècle.

En ce qui concerne les Libertés, au début du 20ème siècle, les Peuples des pays Occidentaux avaient généralement obtenu des Libertés individuelles (pour les activités non prohibées par les États), alors que sous le régime Tsariste à caractère Autocratique, l’État était omniprésent dans toute la société civile.

À travers la biographie de Lénine dressée par Orlando Figes et de son historiographie, désormais largement connue, on constate que : plus que Marx, ce sont surtout les révolutionnaires Netchaïev, Tchernychevski, Tkatchev et Plekhanov qui ont inspiré la Pensée Totalitaire Communiste de Lénine.

Le comble de l’histoire est que Lénine lui-même issu d’une famille noble de hobereaux Russes, n’a jamais subi les difficiles conditions de vie des ouvriers, des paysans, et plus généralement, des gens modestes. Car effectivement ce mythe d’un Lénine « populaire » fut longtemps propagé, et encore aujourd’hui, par les hagiographes de Lénine. En effet, bien avant 1917, Lénine avait ignominieusement démontré son caractère cynique et despotique, à l’époque de la dernière grande famine de 1891, sous le régime Tsariste (page 285) :
« S’il n’est que trop facile de plaquer le Lénine de 1917 sur celui du début des années 1890, il est clair que mainte caractéristique qu’il allait montrer au pouvoir était déjà visible à cette première étape. Témoin, par exemple, son insensibilité envers les souffrances des paysans au cours de la famine de 1891 : son idée qu’il fallait leur refuser toute aide afin de hâter la crise révolutionnaire. Trente ans plus tard, il allait montrer la même indifférence à leurs souffrances – qu’il était maintenant en position d’exploiter politiquement – au cours de la famine de 1921. »
Comme en le verra plus loin, on peut même considérer ici qu’il s’agit d’un doux euphémisme, puisque la famine de 1921-1922 fit, elle : 5 000 000 de morts. Cette gigantesque famine fut largement due à la politique du Communisme de Guerre et donc aux réquisitions forcées des récoltes agricoles. Cette famine fit donc 10 fois plus de victimes que la déjà terrible famine de 1891. Cette dernière était principalement due à de mauvaises conditions météorologiques et au manque d’organisation du pouvoir Tsariste.

Un bouleversement intervint dans la vie de Lénine en 1887, lorsque son frère aîné, Alexandre, fut exécuté pour avoir participé à l’organisation du complot visant à assassiner le Tsar Alexandre III (le père de Nicolas II). Puis en 1902, Lénine publia son célèbre opuscule à caractère Terroriste : « Que faire ? ». Il reprit très exactement le titre du roman de son mentor, le révolutionnaire Tchernychevski. Dans la foulée, dès 1902 -1903, il fonda son Parti Professionnel Révolutionnaire Bolchevique.

Orlando Figes synthétise très clairement la façon dont Lénine envisageait, dès cette époque, son mode de gouvernance Totalitaire (pages 821 et 822) :
« Le fait est révélateur de l’attitude de Lénine envers les soviets, au nom desquels il devait fonder son régime : dès lors qu’ils ne servaient pas les intérêts de son parti, il était tout prêt à les enterrer. On a tout à fait tort de soutenir, comme Isaac Deutscher jadis, que Lénine envisageait de faire du congrès des soviets la source constitutionnelle du pouvoir souverain, comme la Chambre des communes en Angleterre, les bolcheviks gouvernant alors « via » ce congrès à la manière d’un parti parlementaire occidental. Lénine n’avait rien d’un constitutionnaliste soviétique, et toutes ses actions après Octobre le confirment. Les soviets, dans son schéma, ont toujours été subordonnés au parti. Même dans « L’État et la Révolution » – qu’il acheva à l’époque et qui est prétendument son ouvrage de théorie politique le plus « libertaire » -, Lénine insiste sur la nécessité d’un Etat-parti fort et répressif, une dictature du prolétariat, au cours de la transition vers l’utopie communiste où l’ »État bourgeois » devait être écrasé. C’est à peine s’il y est question des soviets. »
Le Peuple Russe exsangue effectua une manifestation pacifique le 9 janvier 1905. Mais cette manifestation fut réprimée dans le sang par les troupes du Tsar Nicolas II. Cette journée désormais nommée le « Dimanche sanglant », déboucha sur une Révolution qui échoua.

En 1914, des nationalistes Serbes assassinèrent l’Archiduc François Ferdinand d’Autriche, à Sarajevo, ce qui déclencha la Première Guerre Mondiale.
D’ailleurs, en 1913 Lénine qui savait parfaitement qu’un contexte de guerre aiderait à la Révolution, livra une confidence d’ordres à la fois : « prémonitoire », tyrannique et cynique, à Gorki (page 462) :
« Une guerre entre l’Autriche et la Russie serait très utile pour la révolution, écrivit Lénine à Gorki en 1913, mais il est peu probable que François-Joseph et Nicolacha nous procurent ce plaisir. »
L’écoeurement des soldats Russes pendant la Première Guerre Mondiale vint se rajouter à l’état de désespérance du Peuple Russe. En effet, l’hiver 1917 fut particulièrement rude en Russie, et à cause de la guerre, les approvisionnements dans les boulangeries et les commerces devenaient rares. A Petrograd, les Russes faisaient des queues interminables pour trouver de quoi se nourrir.
La révolution POPULAIRE commença alors, le 23 février 1917. Après quelques jours de manifestations dans les rues de Petrograd, les Cosaques puis les soldats firent défections et rejoignirent eux aussi, le camp du Peuple contre le Pouvoir Tsariste.
Le Tsar Nicolas II fut donc contraint d’abdiquer le 2 mars 1917, et dès le 3 mars, fut constitué le Gouvernement Provisoire. La révolution de février fit au total environ 1 500 morts et 6 000 blessés.

Lénine alors en exil, ironie de l’histoire, n’ayant donc pas pu participer à la Révolution de février, rentra alors à Petrograd en provenance de Zurich, le 3 avril 1917 ; après avoir étrangement eu l’accord de la part des dirigeants Allemands de traverser l’Allemagne (pourtant en pleine guerre avec la Russie), dans un « wagon plombé ». En réalité, les Autorités Allemandes, non seulement, laissèrent rentrer Lénine en Russie dans l’espoir qu’il noyauterait le Gouvernement Provisoire et mettrait ainsi la pagaille en Russie (ce qui faciliterait évidemment l’avancée de la guerre en faveur des Allemands) ; mais en plus, elles financèrent le Parti Bolchevique de Lénine pour qu’il puisse développer sa propagande, notamment à travers le journal du Parti : la Pravda. Lénine allait alors semer une effroyable et sanglante politique de Terreur de masse, allant bien au-delà de ce qu’avaient pu espérer les dirigeants Allemands…

Les importants échecs du Gouvernement Provisoire, notamment dans la mauvaise gestion de la Première Guerre Mondiale, voire dans son enlisement (alors que le Peuple souhaitait la paix au plus vite, même une paix séparée), ainsi que la promesse de la mise en place de l’Assemblée Constituante sans cesse reportée, conduisirent à une première tentative d’insurrection dans les premiers jours de juillet 1917. La foule envahit les rues et les marins de Cronstadt se dirigèrent vers le quartier général du Parti Bolchevique, où se situait Lénine. Mais ce dernier pris de cour, fut hésitant du haut de son balcon face à la foule, ne sachant pas dans quelle direction orienter l’Armée de Cronstadt, et ne donnant pas d’instruction claire. Cela mit fin à cette tentative de coup d’État.

Pourchassés pour arrestation, sur ordre du Gouvernement Provisoire, le 9 juillet, Lénine et Zinoviev s’enfuirent en Finlande et environ 800 Bolcheviques furent incarcérés, dont Kamenev, Lounatcharski, Kollontaï, et un certain…, Lev Davidovitch Bronstein plus connu sous le pseudonyme de LÉON TROTSKI. Ce dernier, au mois de juillet faisait encore officiellement parti du camp des Mencheviques, mais dans les faits, dirigeait déjà le Parti Bolchevique avec Lénine, depuis sa rentrée d’exil au mois de mai 1917.

Le 4 septembre 1917, Trotski fut libéré. Entre sa sortie de prison et le coup d’État Militaire Bolchevique du 25 octobre 1917, Trotski se chargea durant l’exil de Lénine, grâce à son talent oratoire, de mobiliser les Bolcheviques, en n’ayant de cesse de dénigrer le Gouvernement Provisoire de Kerenski.

Lénine revenu clandestinement à Petrograd peu de temps avant le coup d’État, réunit le Comité Central du Parti Bolchevique, le 10 octobre 1917. C’est en ce jour de complot, que fut prise la décision d’une insurrection armée. Sur les seulement, douze participants à la réunion : 10 votèrent POUR et 2 (Zinoviev et Kamenev), CONTRE.
À la fin de la réunion, le lendemain, Lénine griffonna sur un petit morceau de papier, cette résolution qui conduisit tragiquement à bouleverser TOUT le 20ème siècle (page 834) :
« Qu’une insurrection armée (était) inévitable et que les temps étaient mûrs ».
Et quelques jours avant la date fatidique du 25 octobre… (page 832) :
« Lénine souligna qu’un coup de force de type militaire avait toute chance de réussir, même avec un tout petit nombre de combattants disciplinés, tant les forces de Kerenski étaient faibles. »
En octobre, Trotski prit la direction du Comité Militaire Révolutionnaire (C.M.R.), dont l’objectif était de préparer le coup d’État Militaire Bolchevique. Trotski réussit à réunir sous sa coupe : le 21 octobre, la garnison des soldats de Petrograd, le 23 octobre, la très ancienne prison militaire de Petrograd nommée la forteresse Pierre-et-Paul, et également les marins de Cronstadt.
Dès lors, le Gouvernement Provisoire de Kerenski ne détenait plus les reines du pouvoir militaire à Petrograd.
Il ne restait plus qu’aux Bolcheviques à choisir le moment opportun pour le déclenchement du Putsch.
Dans la nuit du 24 octobre, les soldats Bolcheviques et les gardes rouges envahirent le centre ville et s’emparèrent des points stratégiques de Petrograd : les gares, les bureaux de poste et de télégraphe, la banque d’État, le central téléphonique ainsi que la centrale électrique. Petrograd était alors totalement quadrillée militairement et aux ordres du C.M.R. de Trotski.
Pourtant, il perdure encore aujourd’hui un mythe complètement erroné à propos de ce coup d’État, voulant le faire paraître par les Néo-Communistes, comme une Révolution spontanée des foules, dans laquelle des milliers d’hommes seraient morts « héroïquement » dans un combat sanglant en prenant d’assaut le Palais d’Hiver contre le Gouvernement Provisoire de Kerenski. Et à l’instar du mythe de la Prise de la Bastille pendant la Révolution Française, la forteresse Pierre-et-Paul été sensée être pleine de prisonniers.
En réalité, d’une part, le Palais d’Hiver n’étant quasiment plus défendu, les soldats Bolcheviques y pénétrèrent sans difficulté particulière et sans presque d’effusion de sang ; et d’autre part, la forteresse Pierre-et-Paul à ce moment-là était, elle aussi, quasiment vide.
D’ailleurs, Trotski lui-même ne se cacha pas du fait qu’il s’agissait bel et bien d’une opération purement militaire, donc…, d’un coup d’État (page 911) :
« Toute l’insurrection, ainsi que Trotski lui-même le reconnut, eut la forme d’un coup d’État accompli par « de petites opérations, calculées et préparées d’avance ». Le voisinage immédiat du Palais d’Hiver fut le seul quartier de la ville sérieusement perturbé au cours du 25 octobre.
Ailleurs, à Petrograd, la vie suivit son cours ordinaire. Les trams et les taxis circulaient normalement ; la Nevski était envahie par les foules habituelles ; et dans la soirée, les boutiques, les restaurants, même les théâtres et les cinémas restèrent ouverts. »
La Prise du Palais d’Hiver eut donc lieu dans la nuit du 24 au 25 octobre. Kerenski eut le temps de s’enfuir juste avant l’arrivée des Bolcheviques.
Durant cette journée, Lounatcharski lu le manifeste de Lénine, qui devait s’avérer le plus infâme des mensonges sur lequel s’est fondé le régime Totalitaire Communiste, en s’adressant « Aux ouvriers, soldats et paysans », proclamant le « pouvoir aux soviets » en leur promettant : « la terre, le pain, la paix ». En effet, tragiquement, la suite de l’Histoire va nous démontrer exactement l’inverse de ces fausses promesses.

Lénine n’ayant que faire des élections par les urnes, comme il l’avait déjà explicité clairement, entre autres, lors de ses célèbres « Thèses d’avril », la perspective de devoir organiser des élections démocratiques puis de convoquer l’Assemblée Constituante, l’excédaient au plus haut point. Mais comme pour décrédibiliser Kerenski, Lénine avait dénoncé l’incapacité du Gouvernement Provisoire à convoquer l’Assemblée Constituante, il était alors pris à son propre piège et était maintenant obligé de lancer le processus électoral. Le scrutin national débuta le 12 novembre 1917 et dura deux semaines.
Le résultat des élections fut, pour les principaux Partis, le suivant : sur 41 millions de suffrages exprimés, les S.R. (Socialistes Révolutionnaires de droite et de gauche) obtinrent 16 millions de voix (38 %), les Bolcheviques (Communistes) 10 millions (24 %), les K-D (membres du Parti Constitutionnel-Démocrate) moins de 2 millions, les S.R. Ukrainiens 12 % et les Mencheviks 3 %.
Lénine constatant avec rage que le Parti Bolchevique avait perdu les élections, chercha à usité de nombreux stratagèmes ANTI-Démocratiques pour éviter de convoquer l’Assemblée Constituante :
1 / Lénine tenta de contester la validité des résultats et de les truquer ;
2 / Les Bolcheviques menacèrent les partisans de l’Assemblée Constituante : 3 commissaires électoraux de l’Assemblée furent arrêtés et interrogés durant six jours, pour finir par être destitués de leurs fonctions ;
3 / Lénine et Trotski tentèrent d’arguer que l’exécutif du Soviet était supérieur à l’Assemblée. Le 12 décembre, Lénine publia des « Thèses » proclamant que le pouvoir du Soviet avait aboli la nécessité d’une Assemblée prétendument « démocratique bourgeoise » ;
4 / Le Peuple inquiet manifesta, et le Parti Bolchevique considéra ces manifestations comme « contre-révolutionnaires » ;
5 / Le Parti K-D fut mis hors la loi et considéré (à la manière Jacobine), comme un repaire d’ »ennemis du peuple » : ses dirigeants furent arrêtés par dizaines, dont plusieurs délégués de l’Assemblée Constituante. Nombre d’entre eux furent enfermés trois mois à la forteresse Pierre-et-Paul ;
6 / Orlando Figes présente une autre tentative d’escroquerie de la part de Lénine : si toutes les tentatives précédentes échouaient et si, par conséquent, en dernier ressort l’Assemblée Constituante devait être malgré tout, convoquée, ce qui se produisit finalement, voici quel était son ultime stratagème machiavélique (pages 945 et 946) :
« Lénine rédigea une « Déclaration des droits du peuple travailleur » que devrait adopter l’Assemblée Constituante dès sa séance d’ouverture. Cette réplique spécieuse des Droits de l’homme transformait la Russie en République des soviets et approuvait tous les décrets du Sovnarkom, y compris l’abolition de la propriété privée de la terre, la nationalisation des banques et l’introduction du travail obligatoire pour tous. C’était la condamnation à mort de la Constituante. »
Mais malgré toutes ces tentatives désespérément anti-Démocratiques, l’Assemblée se réunit donc le 5 janvier 1918. Ce jour-là, Petrograd était en état de siège, car les Bolcheviques avaient instauré la loi martiale et les rassemblements publics étaient interdits. Et de même que le Nicolas II avait fait tirer sur la foule le jour du « Dimanche sanglant » lors de la tentative de Révolution en 1905, lorsque des manifestants se présentèrent dans la perspective (avenue) Liteini, les Bolcheviques firent eux aussi tirer sur la foule à la mitrailleuse, tuant plusieurs personnes.
Pendant le déroulement de la Constituante le chef des marins de Cronstadt exposa donc la fUmeuse « Déclaration des droits des travailleurs » de Lénine, pâle copie car non Démocratique, de la Déclaration des Droits de l’Homme. Celle-ci fut rejetée par 237 voix, contre 146.
Les Bolcheviques étant encore vaincus, décidèrent le jour même de dissoudre purement et simplement par la force, l’Assemblée Constituante.
Du seul point de vue « Constitutionnel », en moins de 6 mois, les Bolcheviques bafouèrent, au moins, par deux fois, les règles Démocratiques les plus élémentaires :
1 / D’abord, le jour du coup d’État militaire Bolchevique du 25 octobre ;
2 / Et lors des élections de l’Assemblée Constituante et de sa dissolution par la force.
Nous verrons par la suite, que malheureusement, ces actes anti-Démocratiques ne représentèrent que le prélude au programme tyrannique de la Terreur Rouge Bolchevique. Mais cela est symptomatique de la détermination de Lénine, à vouloir s’octroyer et conserver le Pouvoir Absolu par TOUS les moyens de Terreur. Comme aimait à le dire et à l’écrire Trotski : « La fin justifie les moyens ». D’ailleurs, suite à la dissolution de l’Assemblée Constituante, il n’y eut plus d’élection Démocratique en Russie jusqu’à l’effondrement de l’U.R.S.S., 74 années plus tard…, en 1991 !
On voit donc apparaître ici la mise en place du système Totalitaire Communiste. À partir de ce moment-là, une Guerre Civile d’une férocité inimaginable devenait alors dramatiquement…, inéluctable.

Enfin débarrassé de l’Assemblée Constituante, Lénine intensifia ses politiques de : « Dictature du prolétariat » et de « Lutte des classes » dans le cadre de l’application de la Terreur Rouge Bolchevique (confer sur ce sujet l’incomparable ouvrage d’un témoin et victime de la Terreur Rouge Bolchevique : Sergueï Melbourne : « La terreur rouge en Russie : (1918-1924) »), qui sera officialisée par un décret le 5 septembre 1918 (page 964) :
« A maintes reprises, il souligna que « l’État prolétarien » était un « système de violence organisée » contre la bourgeoisie : c’est ainsi qu’il avait toujours compris l’expression de « dictature du prolétariat ». Autoriser des actes populaires de pillage et de vengeance faisait partie intégrante de ce système ; c’était un moyen de « terroriser la bourgeoisie » afin de la soumettre à l’État prolétarien. On a ici les origines de la Terreur rouge. »
Dès la prise du Pouvoir, Lénine n’a jamais caché ses intentions consistant à exterminer toute personne et groupes sociaux qui risqueraient de faire obstacle à l’application de l’Idéologie « Marxiste-Léniniste » de la « dictature du prolétariat » et de la « lutte des classes ». En témoigne ce texte « Comment organiser l’émulation ? », de décembre 1917 sur la Terreur, seulement un mois après le coup d’État Bolchevique (pages 963 et 964) :
« Guerre à mort aux riches et à leurs pique-assiette ». Chaque village et chaque ville devaient développer leurs moyens de « débarrasser » la terre russe de tous les insectes nuisibles, des puces (les filous), des punaises (les riches) et ainsi de suite. Ici, on mettra en prison une dizaine de riches, une douzaine de filous, une demi-douzaine d’ouvriers qui tirent au flanc. (…) Là, on les enverra nettoyer les latrines. Ailleurs, on les munira, au sortir du cachot, d’une carte jaune (comme celle qu’on délivrait aux prostituées, N.d.A.) afin que le peuple entier puisse surveiller ces gens « malfaisants » jusqu’à ce qu’ils se soient corrigés. Ou encore, on fusillera sur place un individu sur dix coupables de parasitisme. (…) Plus l’expérience générale sera variée, meilleure et plus riche elle sera (…) car elle seule (…) élaborera « les meilleurs » procédés et moyens de lutte. »
Et toujours à propos de la Terreur Rouge Bolchevique, Orlando Figes précise encore (page 1142) :
« La Terreur rouge n’a pas surgi du néant. Elle était implicite dans le régime dès le départ. Ainsi que Kamenev et ses partisans en avaient prévenu le parti dès octobre, la prise du pouvoir dans la violence par Lénine et son rejet de la démocratie rendaient le règne de la terreur inévitable. Les bolcheviks se virent contraints de recourir toujours plus à la terreur pour faire taire leurs détracteurs politiques et soumettre une société qu’ils ne pouvaient contrôler par d’autres moyens. »
Puis, Lénine décrit avec une haine indicible, l’incontournable nécessité, selon lui, d’exterminer physiquement et définitivement ces pseudo-« ennemis de classe » (page 1143) :
« Sottises ! Comment fait-on une révolution sans peloton d’exécution ? Vous comptez peut-être vous débarrasser de vos ennemis en vous désarmant ? Vous connaissez d’autres moyens de répression ? Les prisons ? Qui y attache de l’importance dans une guerre civile ? ».
La répression du nouveau régime Bolchevique commença donc dès le coup d’État Militaire, contre : les « bourjouis » (bourgeois ou tout autre ennemi social), « les ennemis du peuple », les « koulaks » (petits propriétaires terriens), etc.
D’ailleurs, voici ce que déclarait également Trotski vis-à-vis de la bourgeoisie (pages 939 et 940) :
« Trotski prétendit même que, puisque la bourgeoisie était déjà en train de disparaître de l’histoire, les mesures violentes prises par les bolcheviks contre elle l’étaient pour son bien puisqu’elles avaient pour effet d’abréger ses souffrances : « Il n’y a rien d’immoral à ce que le prolétariat achève une classe qui s’effondre : ce n’est que justice ». »
Puis, Orlando Figes, analyse finement le principe de la Terreur Rouge Communiste (pages 1162 et 1163) :
« Un des aspects les plus terrifiants de la Terreur fut son caractère aléatoire. Les coups frappés à la porte au coeur de la nuit étaient une expérience que tout le monde ou presque pouvait faire. Les bolcheviks justifièrent la Terreur comme une guerre civile visant la contre-révolution. Mais jamais ils ne dirent clairement qui étaient ces « contre-révolutionnaires ». En vérité, dans la mesure où la Terreur se nourrissait de la peur paranoïaque du régime d’être entouré d’ennemis hostiles coopérant pour le renverser – (…) -, quasiment tout le monde pouvait être assimilé à un « contre-révolutionnaire ». En ce sens, la Terreur fut une guerre du régime contre toute la société : un moyen de la soumettre en la terrorisant.
(…) Une tournée des geôles de la Tcheka ferait apparaître un large assortiment de gens. Un ancien détenu de la Boutyrka, à Moscou, se souvient d’avoir vu des responsables politiques, d’anciens juges, des marchands, des officiers, des prostituées, des enfants, des prêtres, des professeurs et des étudiants, des poètes, des ouvriers dissidents et des paysans : en somme, un échantillon représentatif de la société.
(…) Nombre des victimes de la Tcheka étaient des « otages bourgeois » raflés sans motifs et prêts à être exécutés sommairement en représailles de quelque prétendu acte contre-révolutionnaire. Bien entendu, la plupart n’étaient nullement « bourgeois ». Les rafles étaient bien trop approximatives : parfois, elles ne consistaient qu’à arrêter des gens au hasard dans une rue bloquée aux deux extrémités par des gardes de la Tcheka ».
Cet état de Terreur concordait parfaitement avec une grande maxime de Lénine, lorsqu’il disait que… (page 1164) :
« Mieux valait arrêter une centaine d’innocents que de courir le risque de laisser en liberté un seul ennemi du régime ».
Le concept d’ »otage » cité plus haut, consistait à enfermer en prisons, en camps de concentration, ou à exécuter les familles : enfants, femmes, vieillards, des personnes considérées comme « ennemies du peuple ».

Le premier grand organe de répression de masse de l’Etat-Parti Bolchevique fut donc : l’ignoble Tcheka (la police politique) qui fut créée dès le 7 décembre 1917 par Lénine et dirigée par le sadique Felix Dzerjinski. Par la suite, le siège de la Tcheka fut installé place de la Loubianka à Moscou. Cet immense bâtiment renfermait à la fois le centre administratif de la Tcheka, ainsi que la plus grande prison du pouvoir Bolchevique dans laquelle furent : interrogés, torturés, puis exécutés un nombre incalculable d’innocents. Sa mission consistait à la répression systématique et impitoyable des imaginaires « ennemis de classe ». Lors de la création de la Tcheka, Dzerjinski présenta clairement ses intentions Terroristes et Totalitaires (page 941) :
« Il nous faut envoyer sur ce front – le plus dangereux et cruel des fronts – des camarades déterminés, durs et dévoués prêts à tout pour défendre la révolution. N’allez pas croire que je recherche des formes de justice révolutionnaire ; nous n’avons que faire de la justice. C’est la guerre, maintenant : face à face, un combat jusqu’au bout. La vie ou la mort ! »
Orlando Figes décrit quel était le rôle infâme de la Tcheka (page 1144) :
« Les coups frappés à la porte au milieu de la nuit, les interrogatoires et les incarcérations sans motifs, les tortures et les exécutions sommaires : telles étaient les méthodes de la Tcheka. Pour citer un de ses fondateurs : « La Tcheka n’est pas une commission d’enquête, une cour ou un tribunal. C’est un organe de combat sur le front intérieur de la guerre civile. (…) Elle ne juge pas, elle frappe. Elle ne pardonne pas, elle détruit tous ceux qui sont pris de l’autre côté de la barricade ». »
Il existait à travers la Russie une foultitude de Centres de la Tcheka. Chaque Tcheka locale, utilisait ses propres méthodes immondes (on peut même parler ici de « spécialités » tant le sadisme des Tchékistes était démoniaque) de tortures et d’assassinats.

Presque tous les Tchékistes étaient, non des fous, mais des sadiques invétérés, conscients et excessivement déterminés, comme Latsis un des chefs de la Tcheka donnant ses ordres (page 981) :
« Ne prenez pas la peine de chercher la preuve que l’accusé a agi ou parlé contre les soviets. Commencez par lui demander à quelle classe il appartient, quelles sont ses origines sociales, son éducation et sa profession. Telles sont les questions qui doivent déterminer le sort de l’accusé. Tel est le sens de la Terreur rouge. »
La perversité des Tchékistes dans les méthodes de torture psychologiques et physiques, déshumanisantes et barbares, était sans limite, comme en atteste la description faite par Orlando Figes (pages 1169 et 1170) :
« L’ingéniosité des méthodes de torture de la Tcheka ne peut se comparer qu’à celle de l’Inquisition espagnole. Chaque Tcheka locale avait sa spécialité. A Kharkov, c’était le « truc du gant » : on plongeait les mains de la victime dans l’eau bouillante jusqu’à ce que se forment des cloques ; ne restait ensuite aux tortionnaires qu’à leur enlever la peau de la main comme on retire un gant. A Tsaritsine, la Tcheka sciait les os de ses victimes. A Voronej, on roulait les victimes nues dans des tonneaux garnis de clous. A Armavir, on leur broyait le crâne en enserrant le front d’une courroie de cuir à laquelle étaient fixés une vis et un écrou. A Kiev, ils fixaient une cage avec des rats sur le torse de la victime et la chauffaient au point que les rats affolés par la chaleur cherchaient à s’enfuir en rongeant les entrailles des malheureux. A Odessa, ils enchaînaient leurs victimes à des planches et les poussaient lentement dans un four ou dans des chaudières d’eau bouillante. L’hiver, une des tortures favorites consistait à verser de l’eau sur les victimes nues jusqu’à ce qu’elles devinssent des statues de glace vivantes. Beaucoup de Tchekas préféraient des formes de torture psychologiques. On faisait croire aux victimes qu’on les conduisait sur les lieux de leur exécution, puis on tirait à blanc. Ailleurs, on les enterrait vivantes, ou on enfermait les malheureux dans un cercueil avec un cadavre. Certaines Tchekas obligeaient leurs victimes à regarder leurs proches pendant qu’on les torturait, les violait ou les tuait.
Il va sans dire que les Tchekas comptaient de nombreux sadiques pour qui la torture était un sport : c’était à qui imaginerait la violence la plus extrême. »
Les exécutions avaient lieux dans les caves et les arrière-cours des Tchekas locales. Même si l’on ne connaîtra jamais le nombre exact de victimes de la Tcheka, puisque par définition celles-ci étaient tuées « à la chaîne » et dans l’anonymat le plus total, il y eut certainement plusieurs CENTAINES DE MILLIERS d’innocents atrocement torturés et assassinés.

Déjà à la fin décembre 1917, les prisons étaient pleines des nouveaux « ennemis politiques » au point que les Bolcheviques préféraient relâcher des criminels de Droit Commun, afin de les remplacer plutôt par ces nouveaux « ennemis de classe ».
Des Tribunaux Révolutionnaires furent mis en place pour juger arbitrairement les « ennemis de classe ». La Tcheka continuait à rafler jour et nuit, interroger, torturer et exécuter les soi-disant « otages », « suspects », « contre-révolutionnaires », etc..
La propagande Terroriste Communiste se développait avec des slogans du type : « Mort à la bourgeoisie ». L’un des slogans préférés de Lénine était : « Piller les pillards » ou encore « Qui ne travaille pas, ne mangera pas ». En ce qui concerne les discours à caractères intrinsèquement criminogènes et Terroristes, Trotski un « bourjoui » lui-même, n’était pas en reste. En outre, il était capable, lors de ses discours (d’un haut degré de démagogie), de faire preuve d’une très grande capacité de manipulation, comme en témoigne cette citation (page 972) :
« Des siècles durant, nos pères et nos grands-pères ont nettoyé la crasse et la saleté des classes dirigeantes, maintenant nous allons leur faire nettoyer nos saletés. Nous devons leur rendre la vie si pénible qu’ils perdront le désir de rester bourgeois. »
Courant 1918, les massacres de masse se généralisèrent dans toute la Russie (pages 967 et 968) :
« A Evpatoria, ville côtière de Crimée, les dirigeants du soviet laissèrent les matelots bolchevisés se déchaîner : en l’espace de trois jours, ils massacrèrent huit cents officiers et bourgeois. La plupart furent tués à petit feu, les bras et les jambes cassés, noués autour de la tête, puis balancés à la mer. Des massacres semblables eurent lieu à Yalta, Théodosia et Sébastopol. »
Les terres des hobereaux et les églises furent confisquées.

Puis Orlando Figes nous décrit toute l’aberration du système criminel mis en place par les Bolcheviques (page 980) :
« C’était de longue date un dogme élémentaire de la conscience juridique paysanne : un riche qui vole un pauvre est dix fois plus coupable qu’un pauvre qui vole un riche ; et c’est ce même principe de la « justice de classe » qui s’appliqua dans les tribunaux du peuple. Les jugements étaient rendus en fonction du statut social des accusés et de leurs victimes. Dans un tribunal, les jurés prirent l’habitude d’examiner les mains de l’accusé : si elles étaient propres et douces, il était décrété coupable. Les marchands qui spéculaient étaient lourdement punis, voire condamnés à mort, tandis que les voleurs, et parfois même les meurtriers, des riches n’écopaient que d’une peine très légère quand ils n’étaient pas carrément acquittés, dès lors qu’ils plaidaient la pauvreté pour justifier leur crime. Le pillage des pillards avait été légalisé et, par la même occasion, toute loi avait été abolie : il n’existait plus la moindre légalité. »
Lorsque l’on lit des ouvrages de survivants, souvent, il est fait mention que les victimes assassinées ou assistant à ces tortures à mort, étaient tellement terrorisées, qu’elles avaient les cheveux qui devenaient tous blancs en quelques heures, voire en quelques minutes seulement.

En résumé, tout le Peuple Russe de manière aléatoire pouvait être concerné par la Terreur rouge, sous n’importe quel prétexte complètement aberrant, comme par exemples : ivrognerie, un retard au travail, des échanges privés, même sur simple dénonciation, etc..
Lénine galvanisait ses troupes par des décrets Terroristes (pages 980 et 981) :
« Lénine avait toujours était d’avis qu’il fallait utiliser le système juridique comme une arme de terreur de masse contre bourgeoisie. Le système de la loi de la populace qui s’affirma à travers les tribunaux du peuple lui donna cette arme. Comme les tribunaux révolutionnaires, calqués sur leurs homologues jacobins, qui traitaient de toute une nouvelle gamme de « crimes contre l’État ». En février 1918, au moment de l’invasion allemande de la Russie, Lénine promulgua un décret – « La patrie socialiste en danger ! » – ordonnant aux tribunaux révolutionnaires d’exécuter « sur-le-champ » tous les « agents de l’ennemi, les profiteurs, les maraudeurs, les hooligans et les agitateurs contre-révolutionnaires ». »
Si par extraordinaire, il arrivait qu’un exécutant des basses œuvres prenait le risque de critiquer la Terreur, a fortiori directement auprès de Lénine, voici le type de réponse qu‘il obtenait de la part de ce monstre de Lénine (pages 983 et 984) :
« Le SR de gauche Steinberg, commissaire à la Justice, compta lui aussi parmi les premiers critiques de la Terreur, mais tous ses efforts pour subordonner les Tchekas aux tribunaux restèrent vains. En février quand il découvrit le décret sur « La patrie socialiste en danger ! », avec l’ordre d’exécuter « sur-le-champ », tous les « profiteurs, hooligans, et contre-révolutionnaires », il se rendit aussitôt chez Lénine pour protester : « Dans ces conditions, à quoi bon s’embarrasser d’un commissariat à la Justice ? Autant l’appeler franchement « commissariat de l’Extermination sociale », et comme ça, ce sera clair ! » Le visage de Lénine s’illumina, et il répondit : « Parfait, c’est exactement ce qu’il doit être ; mais nous ne pouvons pas le dire. »

Lénine, après avoir créé le premier grand organe de la Terreur Rouge Bolchevique : la Tcheka, dès décembre 1917, fonda le second moyen de répression de masse : l’Armée Rouge dirigée par Trotski, en février 1918.Comme nous l’avons déjà vu, Trotski était un « bourgeois » selon les critères abstraits Communistes, pire encore un aristocrate (page 1079) :
« Jeunes commandants, ils supportaient très mal l’arrogance de Trotski et ses manières bonapartistes à la tête de l’Armée rouge. Il arrivait toujours sur le front dans son train richement meublé (il n’avait pas volé sa réputation de gourmet et son train était équipé de son propre restaurant de choix). Ses commissaires portaient toujours des uniformes immaculés, avec des bottes de cuir coûteuses et des boutons dorés brillants. Peut-être avec un peu plus de sensibilité Trotski aurait-il pu neutraliser l’opposition militaire. Mais il n’avait jamais été réputé pour son doigté – il reconnut lui-même un jour que son « aristocratisme » ne lui valait pas que des amis au sein du parti – et la contestation de sa position et de son autorité par l’opposition l’avait blessé dans son orgueil. »
D’ailleurs, en ce qui concerne le train de vie des dirigeants du Parti Bolchevique, on pourrait leur appliquer cette fameuse maxime : « Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ». Car en effet, tous ces dirigeants…, « bourgeois », avaient comme Idéologie, la destruction du Capitalisme et des capitalistes et donc de la…, « bourgeoisie » ! En allant au bout de leur « raisonnement » Idéologique absurde et inhumain, logiquement, il n’aurait dû leur rester qu’une seule alternative : le suicide !Voici de quelle manière Orlando Figes décrit le train de vie, comme tout dictateur qui se respecte, de ces « camarades », « plus égaux que les autres », selon la célèbre expression de George Orwell dans son formidable ouvrage : « La Ferme des animaux », (page 1234) :
« Les pontes du parti disposaient de leurs propres domaines réquisitionnés parmi les propriétés de l’élite tsariste. Lénine occupait le domaine du général Morozov, à Gorki, à la périphérie immédiate de Moscou. Trotski avait un des domaines les plus somptueux du pays : il avait jadis appartenu aux Ioussoupov. Quant à Staline, il jeta son dévolu sur le manoir d’un ancien magnat du pétrole. Les abords de la capitale étaient parsemés de plusieurs dizaines de domaines que l’exécutif du Soviet attribua aux dirigeants du parti pour leur usage privé. Chacun avait sa propre suite de domestiques, comme au bon vieux temps. »
Trotski écrivit sur la « Militarisation du Travail » en 1920, et avait une idée toute personnelle, et en réalité complètement opposée à la propagande à caractère hagiographique le concernant, sur sa vision de l’organisation du travail dans les entreprises. En effet, il estimait que la structuration de l’Armée Rouge par la militarisation, sous sa direction, avait été un « succès » durant la Guerre Civile. Il trouvait donc logique d’appliquer les mêmes méthodes dictatoriales dans le cadre de la « Militarisation du Travail ». En fait, la vision de Trotski sur le monde du Travail pourrait servir d’excellente définition de : l’esclavagisme (pages 1302, 1303, 1306 et 1307) :
« A en croire Trotski, la capacité du socialisme à enrôler une main-d’œuvre forcée était son principal avantage sur le capitalisme. Son retard en matière de développement économique, la Russie soviétique le compenserait grâce au pouvoir de contrainte étatique. Il était plus efficace de forcer les ouvriers que de les stimuler par le marché. Où la liberté du travail engendrait grève et désordre, le contrôle par l’État du marché du travail créerait ordre et discipline. Cet argument reposait sur l’idée, partagée par Lénine et Trotski, que les Russes étaient de mauvais ouvriers, paresseux de surcroît, qu’ils ne travailleraient que sous la contrainte du fouet. Tel était aussi le point de vue des hobereaux russes sous le servage, système avec lequel le régime soviétique avait plus d’un point commun. Trotski célébra les mérites du travail servile et s’en servit pour justifier ses plans économiques. Il n’avait cure des mises en garde de ses détracteurs observant que le travail forcé serait improductif. « Si tel est la cas, déclara-t-il au congrès des syndicats en avril 1920, alors autant faire une croix sur le socialisme ».
(…) Le mot ouvrier « rabotchi », renouait avec son sens premier : « rab », c’est-à-dire « esclave ». Ici se trouve la racine du système du goulag : la mentalité consistant à faire travailler de longues files de paysans faméliques et loqueteux sur des chantiers ou à l’usine. Trotski résuma cette approche en déclarant que les armées du travail se composaient de « matière première paysanne » (« moujitskoïe syrie »). C’est l’idée que le travail humain, loin d’être la force créative que Marx avait célébrée, n’était en vérité rien de plus qu’une matière première dont l’État pouvait se servir pour « bâtir le socialisme ». Cette perversion était implicite dans le système dès le début.
(…) Ce fut la base de la militarisation de l’industrie lourde : les usines stratégiques seraient placées sous loi martiale, avec une discipline militaire au niveau de l’atelier et l’absentéisme persistant devenant passible de la peine de mort pour désertion sur le « front industriel » ; en contrepartie était garantie aux ouvriers une ration de l’Armée rouge. À la fin de l’année, 3 000 entreprises, essentiellement dans le secteur des munitions et des mines, étaient ainsi militarisées.
(…) Trotski alla même jusqu’à prôner la subordination complète des syndicats à l’appareil de l’Etat-parti : puisque c’était un « État des travailleurs », il n’était plus nécessaire que les ouvriers eussent des organisations indépendantes.
En 1920, le principe du travail forcé devait s‘appliquer à d’autres domaines. Des millions de paysans furent enrôlés dans des équipes de travail chargées de couper et de transporter du bois, de construire des routes et des voies ferrées ou de rentrer les moissons. Trotski envisagea de mobiliser toute la population en régiments de travail qui serviraient en même temps de milice ou d’armée permanente. Son projet était analogue au féodalisme militaire du comte Araktcheïev, ministre de la Guerre dans les années 1820, qui avait créé un réseau de colonies associant travail servile et service militaire aux frontières occidentales de la Russie. Le plan de Trotski était l’héritier d’une longue lignée d’ »utopies administratives » tsaristes, remontant à Pierre le Grand et recourant toutes aux méthodes de l’armée pour rationaliser des Russes irrationnels, enrégimenter des paysans anarchiques, les habiller, les dresser et les harnache au service de l’État absolutiste. Oskine, comme Trotski attendait avec impatience le jour où « aucune puissance étrangère n’oserait envahir la Russie parce que toute sa population serait prête à défendre la patrie, les uns au front les armes à la main, et les autres dans l’industrie et l’agriculture. Le pays tout entier ne serait qu’un camp armé ». Tout cela n’était que rêve de bureaucrate. Les équipes paysannes de travail, comme les armées de travail, se révélèrent inimaginablement inefficaces.
(…) La désertion de ces corvées prenait de telles proportions que, dans bien des districts, la chasse aux déserteurs occupait plus de gens que le travail lui-même. Des villages étaient occupés, des amendes infligées et des otages exécutés, y compris les dirigeants du soviet, si on les soupçonnait de cacher des déserteurs. Des milliers de paysans furent expédiés dans des camps de travail, ouverts dans chaque province en tant qu’ »institutions de correction » pour les travailleurs reconnus coupables d’entorses à la discipline du travail. »
En plus de la répression totale envers les milliers de pseudo-« ennemis du peuple », cette vision absurde et dictatoriale de Trotski sur l’économie, débouchèrent sur la mise en place dès 1918 : des camps de concentration et des camps de travail, genèses du futur Goulag Soviétique sous Staline (confer, entre autres, le superbe ouvrage de Anne Applebaum : « Goulag : Une histoire »).

En 1919, en pleine Guerre Civile, l’Armée Rouge de Trotski perpétra un véritable Génocide contre les officiers Cosaques de la région du Don. Ce Génocide avait comme objectif ultime une : « terreur de masse contre les riches Cosaques en les exterminant tous, jusqu’au dernier ». Ce Génocide est nommé aujourd’hui : la Décosaquisation, et a causé la mort et/ou la déportation de dizaines de milliers de Cosaques et de leurs familles.

La Politique du Communisme de Guerre mise en place par l’État Bolchevique et qui consistait en la collectivisation par les réquisitions forcées des récoltes agricoles des paysans, servait en grande partie à nourrir les soldats de la gigantesque Armée Rouge de Trotski, qui compta dans ses rangs jusqu’à 5 000 000 de soldats.
Ce Communisme de Guerre avait également comme prérogatives : l’abolition du commerce privé, l’optimisation du contrôle de l’État sur la distribution et le marché du travail, la collectivisation de l’agriculture, la nationalisation de toute la grande industrie et le remplacement du système monétaire par un système universel de rationnement Étatique.
L’argent ayant été totalement supprimé, le ticket de rationnement devint la nouvelle « monnaie » Soviétique. Les gens été donc classés en fonction de leur degré d’utilité pour l’Etat-Parti-Unique Bolchevique :
1 / D’abord, les soldats de l’Armée Rouge de Trotski, les bureaucrates et les ouvriers occupant des postes stratégiques, avaient droits à une ration de « première classe » : faible mais suffisante ;
2 / Ensuite, les autres ouvriers recevaient une ration de « deuxième classe » : insuffisante ;
3 / Puis, les « bourjouis », en bas de l’échelle utilitaire du régime devaient se contenter d’une ration de « troisième classe », selon la formule de Zinoviev : « juste assez de pain pour ne pas en oublier l’odeur ».
Mais à la fin de 1920, toutes les catégories sociales du « monde Communiste », étaient nourries, dans le « meilleur » des cas, dans un état de survivance : sur environ 150 000 000 d’habitants, 30 000 000 de personnes étaient maintenues dans des conditions de sous-alimentation chroniques, par l’Etat-Parti Bolchevique ; et dans le pire des cas, une partie de la population commençait massivement à mourir de faim, annonçant la grande famine de 1921 – 1922.
Les Russes Soviétisés passaient donc plusieurs heures par jour à faire des queues interminables, afin de tenter d’échanger leurs tickets de rationnement, contre un peu de pain, de nourriture…
Les Bolcheviques contrôlaient totalement le système de distribution alimentaire, leur permettant ainsi de tenir sous leur coupe, la population dans son intégralité.
Les paysans quant à eux n’avaient qu’un seul choix : celui de rentrer dans les Kolkhozes et les Sovkhozes d’État. Ils devaient donc abandonner toute idée de propriété privée de leur propre terre.
En décembre 1920, il existait déjà plus de 16 000 fermes collectives et Étatiques. Nombreux étaient les paysans qui retrouvaient dans ce système totalement collectivisé, un système qui avait disparu récemment dans l’histoire de la Russie : le servage.
Ces fermes collectives étaient excessivement mal gérées, de surcroît, par des personnes ne connaissant rien à l’agriculture.
Grèves et révoltes se multiplièrent dans toute la Russie.

Bien évidemment, tous les moyens de Terreur étaient utilisés pour contraindre les paysans à livrer leurs récoltes. Une foultitude de villages furent pillés, des femmes violées, des « koulaks » et paysans fouettés, torturés, et déportés en camps de concentration, ou exécutés. Les Bolcheviques envoyaient des brigades armées chargées de réquisitionner les céréales des paysans, cette opération Terroriste était nommée « la bataille du grain ». Voici ce que déclarait Trotski à propos des réquisitions forcées et de la Guerre Civile (page 1117) :
« Le 4 juin, Trotski lui-même déclara à l’assemblée : « Notre parti est pour la guerre civile ! Il faut mener la guerre civile pour le grain. Nous, les soviets, nous nous lançons dans la bataille ! » Sur ce, un délégué avait crié : « Vive la guerre civile ! ». Sans doute était-ce une plaisanterie. Mais Trotski se tourna vers lui et répondit avec un sérieux mortel : « Oui, vive la guerre civile ! La guerre civile dans l’intérêt des enfants, des vieillards, des ouvriers et de l’Armée rouge, la guerre civile au nom de la lutte directe et implacable contre la contre-révolution. »
L’Armée Rouge généralisa ce principe de Terreur en pillant les villages à grande échelle, sur l’ensemble de l‘immense territoire de la Russie, notamment dans les régions de Tambov, Samara, etc..

Comme nous l’avons vu plus haut lors de la famine de 1891, Lénine éprouvait déjà une haine viscérale envers les bourgeois, encore une fois, milieu dont il était issu, mais également envers les « koulaks ». Voici avec quels termes déshumanisants, il parlait à l’été 1918, de ces malheureuses catégories indéfinissables (comme celles des « bourjouis », « contre-révolutionnaires », etc.), que représentaient les « koulaks » (page 1122) :
« Les koulaks sont les ennemis enragés du gouvernement soviétique. (…) Ces vampires se sont enrichis sur la faim du peuple. (…) Ces araignées se sont engraissées aux dépens des paysans ruinés par la guerre, aux dépens des ouvriers. Ces sangsues ont sucé le sang des travailleurs et se sont enrichies alors que les ouvriers des villes et des usines mouraient de faim (…). Guerre implacable aux koulaks ! Tous à mort. »
En fin de compte, la Guerre Civile et le Communisme de Guerre ne représentaient, pour les Bolcheviques, que l’application normalement violente de la « lutte des classes ».
Ce qui conduisit à la gigantesque famine de 1921-1922, faisant 5 000 000 de morts.

Les soldats de l’Armée Rouge étaient excessivement mal équipés en habits, fusils, vivres, médicaments, transports, etc., surtout dans un pays comme la Russie où les températures peuvent descendre l’hiver jusqu’à – 50 degrés ; et le manque d’hygiène était total. Cela engendra à cette période de la Guerre Civile plus de morts à cause des maladies, comme : le typhus, la grippe, le choléra, la typhoïde, la dysenterie, etc., que lors des combats.
Les soldats désertaient par milliers et regagnaient les Armées Vertes des paysans en révoltes. Les soldats bien souvent enrôlés de force, ou préférant risquer leurs vies dans l’Armée Rouge, plutôt que de mourir de faim en tant que paysans dans leurs campagnes, étaient eux aussi des victimes du régime Totalitaire Communiste.

Finalement, il serait beaucoup plus simple de chercher à savoir qui pouvait trouver grâce aux yeux de Lénine, dans la société Russe. Je cherche encore…

Quant au sort de la famille Tsariste, Trotski se proposa d’être une sorte de procureur d’un grand procès, tel que ce fut le cas pour Louis XVI lors de la Révolution Française.
Mais finalement, le 16 juillet 1918, Lénine décida l’exécution pure et simple de toute la famille Tsariste des Romanov.
Les Bolcheviques firent descendre la famille à la cave, suite à un prétexte fallacieux, et les six membres de la famille furent exécutés à bout portant par le peloton d’exécution : Nicolas II, l’Impératrice, le fils, les 3 filles, plus le médecin de famille et les domestiques. De nombreux autres membres de la lignée des Romanov, furent également assassinés.
L’exécution de la famille du Tsar servit à donner un signe fort de la part du Parti Bolchevique, stipulant que : nul n’était à l’abris de la Terreur Rouge.
D’ailleurs, il existe une célèbre phrase de Trotski à ce sujet (pages 1161 et 1162) :
« Il faut en finir une bonne fois avec le baratin des curés et des quakers sur la valeur sacrée de la vie humaine », avait déclaré Trotski. Et c’est ce que fit la Tcheka. Peu après le meurtre, Dzerjinski déclara à la presse : « La Tcheka est la défense de la révolution au même titre que l’Armée rouge ; de même que dans la guerre civile l’Armée rouge ne peut prendre le temps de se demander si elle fait du tort à des particuliers, mais ne doit prendre en compte qu’une seule chose, la victoire de la révolution sur la bourgeoisie, la Tcheka doit défendre la révolution et vaincre l’ennemi même s’il arrive que son épée tombe sur la tête d’innocents ». »
Durant la guerre civile qui se déroula entre 1918 et 1922, les Armées Blanches et Vertes répliquèrent à la Terreur de l’Armée Rouge de Trotski par…, la même Terreur aveugle et vengeresse.
Les pogroms se multiplièrent également contre les Juifs, par l’Armée Rouge mais également par les Armées Blanches. D’un côté, les Bolcheviques criaient leur slogan : « Mort aux bourjouis ! », et de l’autre, les Armées Blanches pour se venger des Communistes répondaient : « Mort aux youpins ! », suite à un fallacieux amalgame « Judéo-Bolchevique ».
Car le fait que le Politburo du Comité Central du Parti Bolchevique fut composé de nombreux Juifs, engendra dans les Armées Blanches des représailles inintelligibles envers les Juifs.
Pourtant, l’évidence souffrait d’une totale cécité dans le feu de la Guerre Civile : « Peu d’entre eux (les Juifs) étaient bolcheviks, mais beaucoup de dirigeants bolcheviks l’étaient (Juifs). »
Il s’agissait bien, d’un antisémitisme irrationnel et primaire.
Comme l’explique fort bien Orlando Figes, les Armées Blanches répondaient à la Terreur Rouge Bolchevique par une « Terreur médiévale ».
Les estimations actuelles sur les pogroms et massacres commis contre les Juifs durant la Guerre Civile, s’élèveraient à environ 100 000 à 150 000 victimes.
La Guerre Civile se termina par la défaite des Armées Blanches.

Depuis 1917 et encore aujourd’hui, les Néo-Bolcheviques ont toujours tenté de mettre en avant les crimes des Armées Blanche et Vertes. Hors, même si ces Armées Blanches ont commis les mêmes monstruosités que l’Armée Rouge :
D’une part, ce fut dans le cadre d’une REACTION à l’agresseur Bolchevique, et d’autre part, ce fut à une échelle sans commune mesure avec les Crimes de masse du Pouvoir Communiste.
Il ne faut donc pas confondre :
1/ D’un côté, l’Agresseur : l’Etat-Parti Totalitaire Bolchevique ;
2 / Et de l’autre, l’Agressé : TOUT le Peuple Russe.
Puisque logiquement, pour qu’il y ait des « contre-révolutionnaires », encore faut-il qu’il y ait des « Révolutionnaires », ou plus exactement dans le cas présent, des Putschistes doublés de Terroristes. Car, je n’ai encore jamais vu des « contre-révolutionnaires » se battrent…, SEULS !

En 1921, la « contre-révolution », comme disaient les Bolcheviques, c’est-à-dire le fait que le Peuple Russe ne supportait logiquement plus la Terreur de masse, devenait de plus en plus menaçante pour le Pouvoir Bolchevique.
Le point culminant de cette menace pour L’État bolchevique, fut celui de l’insurrection des marins de Cronstadt en mars 1921. Alors que ces derniers avaient aidé militairement au coup d’État Bolchevique du 25 octobre 1917. En 1921, ils se révoltèrent.
Le 5 mars Trotski, prit la tête des opérations. Il ordonna alors aux mutins de Cronstadt de se rendre, sinon avertit-il, ils seraient : « abattus comme des perdrix ».
Avec sa mauvaise habitude inhumaine, Trotski fit prendre en « otage » les familles des marins qui vivaient à Petrograd, comme « armes » de dissuasion.
Mais en plus, Trotski finit tout de même par donner l’assaut le 7 mars. Il chargea Toukhatchevski de mener les opérations.
L’effroyable bilan de l’écrasement de cette insurrection par l’Armée Rouge fut d’environ 10 000 morts, sur le champ de bataille au total dans les deux camps. En plus de ce massacre, dans l’année qui suivit, 500 rebelles furent exécutés sans jugement sur ordre de Zinoviev. Ces rebelles furent assassinés par une brigade d’adolescents du Komsomol (les Jeunesses Communistes), qui reçue l’ordre de les exécuter.
Dans les mois qui suivirent, 2 000 autres marins de Cronstadt furent exécutés.
Des centaines d’autres furent envoyés dans l’Archipel des Îles Solovki, le premier plus grand camp de concentration du nouveau système Totalitaire Communiste Soviétique, où ils moururent de faim, d’épuisement et de maladie.
Mais les premiers camps de concentration, plus petits, furent ouverts dès 1918.

Sentant son Pouvoir vaciller, Lénine dut faire provisoirement un pas en arrière dans l’instauration du système Totalitaire Communiste. Il ne réduisit pas la Terreur de masse, mais mit en place la N.E.P. (la Nouvelle Politique Économique) qui fut très ironiquement et très cyniquement, ni plus ni moins, qu’un certain retour à un système…, Capitaliste.

En avril 1922, Lénine promut Staline, son vieux « camarade » de route, en tant que Secrétaire Général du Comité Central du Parti Bolchevique.

Il n’a jamais fait aucun doute : ni pour Lénine et ni pour Trotski, dès la mise en place du système Totalitaire Communiste, que la Révolution Communiste accompagnée d’une pseudo-science, devaient permettre de fabriquer et/ou de modeler l’ « homme nouveau », parfait…, Communiste. Mais pour parvenir à ce résultat utopique, il fallait pour ces deux pseudo-intellectuels se débarrasser, ou exprimé plus clairement, exterminer l’ »homme ancien ».
Voici la vision de Trotski sur ce que devait devenir l‘être humain. Depuis le temps que l‘on sait de quoi il est capable, sa vision fait froid dans le dos (pages 1321 et 1322) :
« Qu’est-ce que l’homme ? Il n’est en aucune façon un être achevé ou harmonieux. Non, il est encore une créature éminemment maladroite. L’homme, en tant qu’animal, n’a pas évolué suivant un plan, mais spontanément, et a accumulé de multiples contradictions. La question des moyens d’éduquer et de régler, d’améliorer et de parachever la construction physique et spirituelle de l’homme, est un problème colossal qui n’est concevable que sur la base du socialisme. Nous pouvons construire un chemin de fer à travers le Sahara, nous pouvons construire la tour Eiffel et parler directement avec New-York : nous ne pouvons certainement pas améliorer l’homme. Mais si, nous le pouvons ! Produire une « version améliorée », nouvelle, de l’homme : telle est la tâche future du communisme. Et pour cela, il nous faut d’abord tout savoir de l’homme, de son anatomie, de sa physiologie et de cette partie de la physiologie qu’on appelle sa psychologie. L’homme doit se regarder et se voir comme une matière première, ou au mieux comme un produit semi-manufacturé, et dire : « Enfin, mon cher « homo sapiens », je vais travailler sur toi ». »
C’est dans ce souci ignoble de modeler l’être humain, de le plier à l’Utopie et à l’Idéologie Communistes que fut fondé le Komsomol (les Jeunesses Communistes). L’éducation était un vecteur essentiel et parfait pour faire germer l’Idéologie dès le plus jeune âge, et la transmettre ainsi de générations en générations.

De même, Lénine était un fervent adepte des idées de Pavlov sur les réflexes conditionnés, dans le but d’aider à contrôler le comportement humain. Il était également un fervent admirateur de Taylor, pour son « management scientifique », basé sur les cadences pour subdiviser et automatiser les tâches, afin de faire de l’ouvrier un être conditionné et discipliné, dans le but de remodeler toute la société dans un état d’ « esprit mécaniste ».

En ce qui concerne la religion, elle fut bannie du « royaume » Communiste, à l’instar des campagnes Jacobines de déchristianisation lors de la Révolution Française ; puisque la seule « religion » autorisée était bien évidemment l’Idéologie Communiste, dont les deux grands gourous étaient Lénine et Trotski.
Toutes les formes d’art relevant de la religion dans les domaines de la littérature, la musique, l’architecture, furent donc interdites, comme celles de : Platon, Kant, Schopenhauer, Nietzsche, Tolstoï, le Requiem de Mozart, Bach, les Vêpres de Rachmaninov, etc.
Les religieux furent eux aussi persécutés, emprisonnés, torturés, déportés en camps de concentration ou exécutés.
Durant la gigantesque famine de 1921 – 1922 qui a fait 5 000 000 de morts, Lénine fit également exécuter 8 000 prêtres ; et 800 synagogues furent fermées entre 1921 et 1925.
Les Bolcheviques attisèrent également l’antisémitisme dans la population Russe, prétextant que les Juifs, en tant que groupe social, étaient synonymes de capitalisme et que tous les commerçants étaient des « Juifs », donc des « bourjouis », des « ennemis du peuple », etc.

En résumé, le monstrueux bilan humain sur l’ensemble de cette tragédie, qu’à subi le Peuple Russe en seulement 6 années entre 1917 et 1923, et engendré par le régime Totalitaire Bolchevique : s’élève à environ 10 000 000 d’innocents exterminés (civils et militaires) !

Après la mort de Lénine en janvier 1924, Staline sortit vainqueur de la lutte pour le pouvoir qui l’opposait à Trotski. Il ne restait plus à Staline qu’à continuer et développer le système Totalitaire que Lénine et Trotski, les deux « cerveaux » de la bande de criminels, avec lui, avaient mis en place.
Dans le cadre de l’Internationale Communiste (Komintern) fondée par Lénine en 1919, vinrent puiser dans l’Idéologie Totalitaire : « Marxiste-Léniniste », de nombreux tyrans : Mao-Zedong, Pol Pot, Hô Chi Minh, King Il-sung, Castro, Ceausescu, etc., pour l’appliquer à leur tour aux quatre coins de la planète, tout au long du 20ème siècle et encore de nos jours : en Corée du Nord, à Cuba, etc..

En conclusion :
Voici donc une étude très détaillée de la Russie sous le régime Tsariste, puis de la transition vers le Totalitarisme Communiste, avec juste deux petits regrets :
1 / Il manque quelques pages sur les liens étroits qui unissaient Lénine et Staline, dès après l’échec de la Révolution de 1905 et jusqu’en 1923.
2 / Et il aurait été intéressant de présenter la décision et la mise en place par Trotski et Lénine, des camps de concentration et camps de travail, genèses de l’ »Archipel du Goulag » sous Staline.
Mais la place manquait certainement, dans cet ouvrage déjà très complet.

En plus de la totale inhumanité intrinsèque au régime Totalitaire Communiste, la plus grande imposture du Communisme est d’avoir sciemment menti au Peuple Russe en prétendant prendre le Pouvoir pour le sortir de sa violence, de son « arriération » quasi-féodale sous l’emprise de l’État policier Tsariste ; alors qu’en réalité par la propagande, il a justement réalisé exactement l’inverse, faisant croire qu’il possédait un visage humain, il a entraîné le Peuple Russe, puis d’autres Peuples tout au long du 20ème siècle et encore en ce début de 21ème siècle, vers…, la barbarie.

Je laisse à Orlando Figes le paragraphe de fin qui caractérise parfaitement bien l’état d’esprit : psychopathique, schizophrénique, fanatique et despotique des terroristes révolutionnaires dont s’est inspiré Lénine et évidemment…, Lénine lui-même (pages 259 et 260) :
« Quant à leur attachement au « peuple », il était foncièrement abstrait. Ils aimaient l’Homme, mais n’étaient pas aussi sûrs d’aimer les hommes. M. V. Petrachevski, le théoricien utopiste, l’a bien dit en proclamant : « Ne trouvant pour moi rien qui soit digne d’attachement, ni parmi les hommes, ni parmi les femmes, je me consacre au service de l’humanité. » Dans cette abstraction idéalisée du « peuple », entrait plus qu’un peu du snobisme méprisant que les aristocrates sont enclins à cultiver envers les habitudes de l’homme du commun. Comment expliquer autrement les attitudes autoritaires de révolutionnaires comme Bakounine, Spechnev, Tkatchev, Plekhanov, et Lénine, si ce n’est par leurs origines nobles ? Tout se passait comme s’ils voyaient dans les individus autant d’agents de leurs doctrines abstraites plutôt que des êtres souffrants avec leurs besoins et idéaux complexes propres. Paradoxalement, les intérêts de « la cause » signifiaient parfois que la condition du peuple devait se dégrader encore plus afin de produire le cataclysme final. « Pire c’est, mieux ça vaut », aimait à répéter Tchernychevski (par quoi il entendait : plus les choses empiraient, mieux c’était pour la révolution). En 1861, par exemple, il avait prôné l’émancipation des serfs « sans » terre, sous prétexte que cela aurait produit une « catastrophe immédiate ».
C’est dans ce mépris des conditions de vie du petit peuple que plongent les racines de l’autoritarisme pour lequel la révolution montra une propension si tragique. Ses dirigeants essayèrent de libérer « le peuple » conformément à leurs notions abstraites de Vérité et de Justice. Mais si le peuple rechignait à se laisser entraîner dans cette direction, ou se cabrait au point de devenir incontrôlable, force serait de le contraindre à être libre. »

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème de :
– Michel Heller : « Soixante-dix ans qui ébranlèrent le monde » ;
– Martin Malia : « Comprendre la Révolution russe » ;
– Martin Malia : « La tragédie soviétique » ;
– Alain Besançon : « Les Origines intellectuelles du léninisme » ;
– Leonard Schapiro : « Les bolchéviques et l’opposition (1917-1922) » ;
– Leonard Schapiro : « Les révolutions russes de 1917 ».

Détails sur La Révolution russe. (tomes 1 et 2) :

Auteur : Orlando Figes

Editeur : Folio

Isbn : 978-2070398867

La Révolution russe. (tomes 1 et 2) :

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