« La Grande entourloupe », de Roald Dahl

Critique de le 13 janvier 2012

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (16 votes, moyenne: 4,56 / 5)
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Nouvelle

La biographie de Roald Dalh laisse déjà entrevoir que sa littérature doit sortir de l’ordinaire. Gallois d’origine, il s’engage dans la Royal Air Force au début de la Deuxième Guerre mondiale, puis fera carrière dans la diplomatie. Carrière dont il profite pour écrire des contes humoristiques, des romans (Bizarre ! Bizarre ! ou Kiss Kiss) mais aussi des nouvelles pour enfants qui le rendront célèbre.

Cette Grande Entourloupe se compose de quatre récits d’une cinquantaine de pages chacun : on est donc au-delà du format classique de la nouvelle mais pas tout à fait dans le roman court. Roald Dahl utilise le meilleur des deux mondes : il prend le temps de développer ses personnages et ses situations, mais rédige au plus court  pas d’effets superflus, pas de détours inutiles à la progression ou à la mise en place de l’histoire. Sans jamais se départir de son esprit ironique et de sa vivacité, il décrit des aventures qui tournent toujours autour de la séduction et du sexe — avec forcément, en arrière-plan, des questions sur l’image de soi et les apparences sociales.

N’hésitant pas à partir frôler la frontière avec l’absurde (comme dans Chienne, où un savant fou tente de mettre au point le parfum qui rende les hommes à leur état animal en matière de sexe) ou de la grandiloquence (la partie d’introduction de la première nouvelle, décrivant la découverte de manuscrits familiaux contenant les aventures extraordinaires d’un oncle censément porté disparu), Roald Dahl fait toutefois preuve d’une maîtrise assez étonnante du récit : les informations sont distillées de façon à faire monter la pression. Il sait aussi jouer sur plusieurs registres, comme en témoigne tout le début de Le Dernier acte, d’une tristesse bouleversante — la suite de l’histoire (une femme qui perd son mari adoré et n’arrive pas à se reconstruire) distillant quelques touches d’humour noir.

Et puis, Dahl possède ce don qui ne semble appartenir qu’aux écrivains anglo-saxons, cet art du récit fluide, qui repose sur les faits plutôt que sur leur analyse, mais des faits dont l’enchâssement fournit au lecteur une base de compréhension et de réflexion permettant de combler les non-dits et de faire jouer sa propre imagination.

Paru pour la première fois dans l’édition originale en 1965, ce livre se lit très facilement, sans tomber dans la littérature de bas étage aussi vite lue qu’oubliée. Il entre dans la catégorie des petits plaisirs simples mais qui distillent encore leur petite musique plusieurs jours après. Un petit bonheur en somme.

« La Grande entourloupe », de Roald Dahl

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