La servante du seigneur (Jean-Louis Fournier)

Critique de le 27 octobre 2013

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (3 votes, moyenne: 4,67 / 5)
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Littérature

La servante du SeigneurMarie, la fille de Jean-Louis Fournier, a quitté son emploi de graphiste et est partie en province pour chercher Dieu. Elle semble être tombée sous l’emprise d’un ex-séminariste, ex-chargé de cours et auteur d’une thèse jamais achevée. Elle était belle, elle était intelligente, elle était drôle et voilà qu’elle est devenue terne, bornée, cassante et sans humour. Elle accuse même son père d’être une sorte de cabot radin et égoïste quand celui-ci refuse de « subventionner » sa recherche de sainteté… Le pauvre ne comprend pas ce qui lui arrive. Que s’est-il passé dans la vie de sa fille pour qu’elle adopte ce genre de vie, qu’elle l’abandonne alors qu’il a déjà perdu sa femme et ses deux fils handicapés et qu’il croyait que sa fille l’aimait et le comprenait ?
Ce très émouvant ouvrage se présente sous la forme d’une sorte de long dialogue-monologue dans lequel l’auteur alterne les personnes (seconde et troisième du singulier) selon qu’il s’adresse à la Marie d’avant ou à celle de maintenant, ce qui donne un effet de style très efficace tout comme les vrais-faux extraits de correspondance qui sont autant de dialogues de sourds. Inutile de revenir sur le style minimaliste, cette extraordinaire faculté, cette grâce qui permet à Fournier de dire ou suggérer tant de choses avec si peu de mots. Tout est analysé ou évoqué avec finesse, intelligence et talent. Il faut être parent soi-même et avoir vécu l’expérience déstabilisante d’une telle métamorphose (entrée dans une secte, déchéance dans l’alcool, la drogue, le jeu et autres addictions…) pour comprendre à quel point le ton de Fournier est juste et efficace et entrer en empathie avec sa souffrance. A noter toutes sortes de jolis aphorismes sur la religion, l’humour, l’amour paternel ou filial. Encore un très beau texte, bien entendu pas dans la veine du Fournier humoriste, mais plutôt dans celle du poète, du philosophe et de l’humaniste. Mélancolique, intimiste et magnifique. L’amour peut aussi faire souffrir.

La servante du seigneur (Jean-Louis Fournier)

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