« Ne réveillez pas le diable qui dort », de John Verdon

Critique de le 21 août 2013

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (12 votes, moyenne: 4,33 / 5)
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Roman

John Verdon nous présente une enquête qui m’a un peu moins impressionnée que celle qui se déroule dans son précédent roman « N’ouvre pas les yeux ». Alors que j’avais été surpris, éblouis par la précédente enquête qui avait sa bonne part de bluff, ici, je n’ai été que partiellement conquis. Les personnages sont toujours aussi bien décrits, magnifiquement bien « réalisés », un grand point fort concernant l’écriture de John Verdon!

L’enquête à proprement parlée se tient très bien, le côté solo d’un ex-inspecteur de police contre la machine policière et judiciaire est relativement fascinante et captivante; mais le dénouement manque de subtilité. John Verdon utilise un mode opératoire tout de même assez intéressant pour les crimes commis; un tueur ayant une manière de faire qui donne du fil à retordre aux enquêteurs. Un mode opératoire qui demande pas mal de sang froid, un paquet de dommages collatéraux mais qui pourrait très bien fonctionner… Peut-être est-ce d’ailleurs le cas?

De quoi parle-t-on?

L’ex-inspecteur du NYPD, Dave Gurney, fraîchement à « la retraite », se remet de ses blessures par balles perpétrées quelques mois auparavant; =>  « n’ouvre pas les yeux ».

Dave reçoit l’appel d’une vieille amie journaliste qui lui explique que sa fille, Kim, voudrait le rencontrer dans le cadre d’un travail qu’elle effectue pour devenir journaliste, comme sa mère. Le sujet de sa thèse; les familles en deuil suite à un homicide, connaître la douleur ressentie, l’acceptation ou la haine, ou encore leur apathie face à l’évènement. Dave Gurney semble être le plus apte pour lui donner quelques conseils.

Il n’en a cependant aucune envie, soit… Il accepte tout de même. La jeune fille a décidé de se focaliser sur un fait divers précis, datant d’une dizaine d’années et qui a fait les gros titres à l’époque. Il s’agit d’exécutions perpétrées par un tueur surnommé « Le Bon Berger ». Cet homme (ou femme) tuait systématiquement des conducteurs de Mercedes – signe de richesse? -, en plein trajet. Son combat, son message? Eliminer les personnes remplies de cupidité, avide d’argent, voulant toujours plus. Cette affaire n’a jamais été résolue, le meurtrier n’a jamais été interpellé.

La jeune fille journaliste reçoit la proposition d’une chaîne télévisée de créer une émission sur le sujet, genre téléréalité. Gurney se méfie comme la peste de cette initiative, les téléréalités étant ce qu’elles sont.

Comme lors de son enquête précédente, Gurney va aller trop loin dans « l’acceptation », lui qui ne désire plus s’impliquer dans quoi que ce soit. Mais peut-être au fond de lui, il en veut encore, la flamme du flic ne s’étant pas encore éteinte. Connaissant le personnage, elle ne s’éteindra même jamais!

Il accepte alors d’aider cette femme dans son entreprise et accepte le petit bonus qui va avec, soit de régler les problèmes qu’elle endure vis à vis de son ex-copain qui la harcèle méchamment.

Ce que l’on imagine à l’avance se produit, évidemment. Gurney, poussé par son instinct de fin limier, se sentant obligé de résoudre ce qui n’est pas très clair, va relancer l’affaire du « Bon Berger », dix ans après. Pour lui, l’enquête qui a été effectuée par le FBI n’est tout simplement pas crédible, arrangeante, trop linéaire; une enquête qui, à l’époque, avait pourtant satisfait presque tout le monde, mais pas Gurney qui y entrevoit des éléments incohérents. C’est bien plus fort que lui; il va déranger, provoquer, afin de pouvoir reprendre tout depuis le début. Notre détective, avec une intime conviction assez poussée, va démonter pas à pas l’ancienne enquête fédérale, au risque de s’attirer de nombreux ennuis.

Les personnages, comme je l’ai précisé au début de cette chronique, sont bien campés, accrocheurs et « rudement » bien travaillés. Le fils de Gurney fait son entrée en scène dans ce roman, une interaction intéressante entre les deux hommes, intime, qui nous permet davantage de nous enfouir dans l’âme et le ressenti des protagonistes.

L’auteur, par cette intrigue, met en avant la problématique des médias, de l’information, mais surtout de la désinformation en créant ainsi des vents violents – des bourrasques! – de paniques, respectivement un puissant audimat. Créer du divertissement en utilisant des faits divers graves et odieux devient visiblement une mode, un genre dont les téléspectateurs deviennent paradoxalement très friands. La télévision, un monde de rapaces qui volent au dessus d’un nid… euh pardon, au dessus d’un amas de fric, en tournoyant dans le ciel, en attendant le bon moment pour y plonger complètement. Navrant.

John Verdon met également en avant les subtilités d’une enquête, le déroulement, mais surtout sa face cachée. A qui profite quoi? Vaut-il mieux que justice soit faite ou faut-il uniquement faire en sorte que tout le monde soit content et… basta… Il faudrait un Dave Gurney dans chaque corps de police pour que justice soit faite et que l’on arrête de cacher la merde au chat.

Sur ces bonnes paroles, bonne lecture.

« Ne réveillez pas le diable qui dort », de John Verdon

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