« Barbarie 2.0 », d’Andrea H. JAPP

Critique de le 19 octobre 2014

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (2 votes, moyenne: 3,50 / 5)
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Roman

Barbarie 2.0Ce roman porte bien son nom, car le monde, tel qu’il est décrit ici, soit tel qu’il est réellement, finalement, est en train de devenir une arène remplie de barbares. C’est du moins le constat que nous pouvons faire en lisant cet ouvrage.

L’auteur nous sort la totale sur la violence qui nous entoure, qui nous bouffe et qui nous détruit à petits feux. Les valeurs, nos valeurs n’existent plus, place à la haine, au plaisir de faire mal, de faire souffrir. Les exemples, les références ne manquent pas; ce thriller n’est pas spécialement une fiction, et ceci sur bien des aspects.

L’auteur étaye sa trame en utilisant maints faits divers concrets ayant choqué la population durant ces dernières années. Choqué et intéressé, voir fasciné! Constat inquiétant? Sûrement. Quelles sont les causes de ces violences toujours plus barbares, justement, et motivées la plupart du temps par du vent, soit rien du tout! Les explications figureront en partie dans ces lignes.

Comment vient la violence, qu’est-ce qui la nourrit, d’où prend-elle sa source? Comment se provoque-t-elle, quels paramètres font en sorte qu’une personne sereine, calme et respectueuse se transforme en concentré de violence? Peut-être la frustration, mais aussi le manque de considération, les moqueries à répétitions, par-exemple.. L’auteur nous démontre tout ceci par ce récit plus que réaliste. Pensons ici à la pyramide de Maslow, qui est assez parlante à ce qui a trait à nos besoins.

La violence dite gratuite aura justement sa place dans ce roman, et pas des moindres. Au niveau neurologique, l’auteur nous donne quelques explications quant aux raisons possibles du déclenchement des actes de violences. Nous apprendrons, par exemple, qu’une carence alimentaire, notamment aux Oméga-3, sauf erreur, peut engendrer la violence (constat suite à de réelles études).

Bref, nous n’allons pas tourner énormément de pages avant de découvrir une première scène de crime, respectivement un premier cadavre. Colette Sermattini, femme de ménage pour un ancien magistrat, découvre le corps de celui-ci dans son bureau, poignardé. Sur son front, « porc », inscrit au feutre. Sur l’écran de son ordinateur, des images pédophiles sont encore affichées. Nous sommes à Mougins, au sud de la France.

Quelques jours plus tard, une femme est retrouvée assassinée sur la route, tabassée à mort pour son fric, sa montre et sa Mercedes. Nous sommes à Boston, dans un secteur malfamé; la violence est quotidienne, les vols, les viols, les meurtres sont devenus habituels. Ce fait divers est un exemple parmi tant d’autre. Mais peut-être il s’agit encore d’autre chose…

D’autres cas dans le monde seront cités, expliqués, comme ce riche de la finance énuclée sur un terrain de golf.

Parallèlement, au gré des chapitres, nous suivons des échanges d’emails entre un garçon malade, en sursis, et une fille handicapée, tous deux adolescents, surnommés Apollon et Artemis, l’un au Canada, l’autre en France. Des échanges portant sur la criminalité, les statistiques, les constats que nous pouvons en tirer, sur des faits divers violents, très violents et parfois malsains. Ces deux personnes jouent un rôle intéressant dans ce roman, soit de s’interroger sur une population, un monde qui court droit dans le mur, s’éclatant en morceaux. Pourquoi des mères violent, donnent à violer, tuent leurs progénitures alors qu’une mère est sensée les protéger envers et contre tout?

Voilà le genre de questions que se posent ces deux jeunes gens, trouvant difficilement les réponses. Mais, évidemment, il y a quelque chose d’un peu plus complexe derrière tout cela.

Les gènes se modifient-ils? La société en perpétuel changement tendrait-elle à nous faire devenir des monstres en puissance? Est-ce le cerveau qui commence à dérailler? Les usages de drogues? Quelques éléments de réponse seront là dans ce roman écrit par cette femme Docteur en biochimie et toxicologue, notamment.

Nous rencontrons également – et surtout! – Yann Lemadec, titulaire d’un master de chimie organique et de psychologie. Yann est analyste à la Brigade d’intervention secondaire, une unité aux missions relativement floues. Pour donner un exemple, cette brigade s’occupe de la cybercriminalité à caractère pédophile. Le cas de l’ancien avocat général assassiné, dont je parlais avant, sera d’ailleurs un dossier majeur.

Yann va recevoir une mission découlant du ministère de l’Intérieur, enfin, pas 100% sûr, sa hiérarchie étant assez trouble il faut le dire! Sa mission, il va l’obtenir d’un curieux personnage, Henri de Salvindon, grand patron de la DCRI (Direction générale de la sécurité intérieure). Yann est un personnage qui nous interpelle rapidement. Malin, méfiant, intelligent et débrouille, mais aussi « électron libre », insolent et « je-m’en-foutiste ». Mais peut-être pas assez vigilant? Pour ma part, un type qui a l’art de me faire envie de suivre son histoire. Sa mission consistera à enquêter sur une ancienne neurologue dont le fils de 16 ans, à l’époque, a sauvagement été assassiné et torturé.

Yann va débuter son enquête en usurpant « légalement » le rôle d’inspecteur de police, et va suivre une piste qui commencera chez l’ancienne neurologue, tout un programme, je vous assure. Yann, avec l’aide précieuse de sa collègue Lucie, informaticienne passionnée, génie des nouvelles technologies, il va rapidement se rendre compte que son enquête est un leurre, un prétexte, la pointe d’un iceberg qui flotte au-dessus de « quelque chose » de très gros.

Je ne veux pas trop vous en dire, peut-être juste le fait que Yann va s’apercevoir qu’il a été utilisé, comme un pion, dans le cadre d’une partie très dangereuse, complexe aux retombées qu’il ne faut surtout pas négliger. En ce qui nous concerne, nous n’allons pas voir venir la chose qui fonce sur nous, depuis le début, sans s’arrêter. Et peut-être même que nous n’arriverons pas à esquiver.

Nous allons voir ce que peut entreprendre un groupe de personnes immensément riches, ayant le pouvoir sur le commun des mortels tels que nous sommes, afin de prendre le pouvoir absolu, le contrôle total; un égoïsme à l’état pur. Former une élite? Pas impossible… Nous ne savons pas vraiment en quoi ce plan préparé par « l’élite » mondial consiste, mais l’auteur nous donne tout de même quelques indices au fil du parcours

Aussi, nous verrons que quelques personnes sont en train de se préparer, s’organiser, dans l’ombre, contre un fléau qui est là, qui progresse, qui ne s’arrêtera jamais; soit la violence qui nous entoure et qui s’apprête à nous étrangler, lentement, jusqu’au dernier souffle.

L’apocalypse serait « enfin » là? Sous la forme d’un « tsunami » de violence qui ne peut désormais plus être géré. Pas si faux, dans le fond. Nous suivons quelques-uns de ces personnages qui ont décidé de se lancer dans LE combat ultime, contre un « ennemi » qui approche à grands pas, sans se retourner, sans hésiter. De quelle manière? Cela, je vous laisserai le soin de vous en rendre compte par vous-même. Vous remarquerez qu’il y a un gros souci de moral dans tout cela!

Le milieu médical et ses représentants semblent avoir un grand rôle à jouer dans cette machination bien gardée. Un duel impliquant deux visions différentes de l’avenir va faire surface, et surtout va faire probablement beaucoup de dégâts.

Un petit bémol quand même, ou plutôt un grand bémol en ce qui me concerne; le dénouement me laisse terriblement perplexe, comme un sentiment d’inachevé, limite bâclé. Une impression que l’auteur, qui brille pourtant tout au long du roman par cette écriture si incisive et intelligente, s’est retrouvée prise au piège d’une trame difficile à boucler, d’un fil rouge qui a été démêlé et ensuite laissé de côté. J’en attendais bien plus de ce dénouement qui, malheureusement, me gâche en partie le plaisir accumulé lors de la lecture. Dommage.

Bonne lecture.

Détails sur « Barbarie 2.0 », d’Andrea H. JAPP

Isbn : 2290083135

« Barbarie 2.0 », d’Andrea H. JAPP

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