Nouvelle histoire de la France, tome 1 : de la préhistoire à la fin de l’Ancien Régime

Critique de le 13 septembre 2020

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (Pas encore d'évaluation)
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Histoire

Le regretté Jacques Marseille est décédé le 4 mars 2010. Il était professeur à la Sorbonne et intervenait régulièrement sur le plateau de la très intéressante émission de télévision d’Yves Calvi : « C dans l’air », diffusée quotidiennement en fin de journée sur la chaîne France 5. On voyait dans cet homme une immense passion pour les sujets de société, l’économie, la politique et bien évidemment pour…, l’Histoire.
Dans cet ouvrage en deux tomes, Jacques Marseille nous fait voyager de manière vivante, dynamique, avec souvent même une pointe d’humour, voire d’ironie, à travers l’Histoire de la France depuis les premiers Hommes, jusqu’à nos jours.
Ce commentaire n’a pas la prétention ni la volonté de répertorier une liste exhaustive parmi la foultitude de Rois, de Chefs d’État, voire de dictateurs Français (eh oui ! Il y en eut tout de même quelques-uns) ; ni même de dérouler, d’évaluer ou de juger leurs bilans respectifs. Il s’agit juste, ici, d’exposer, chronologiquement, quelques jalons, personnages et repères historiques qui, comme l’écrit si bien Max Gallo, ont façonné « l’âme de la France » !

La présence de traces de l’Homme en France remonte à il y a environ deux millions d’années. Cet Homme fut appelé l’homo habilis. Puis, l’homo erectus fit son apparition il y a de cela environ 1 million d’années.
[À titre d’information, sur l’ensemble de la planète, nos plus lointains ancêtres connus à ce jour sont : Lucy découverte en Éthiopie en 1974, datant de -2 000 000 d’années ; et Toumaï exhumé au Tchad en 2001 datant, lui, de -7 000 000 d’années !]
Les premières traces de la maîtrise du feu, quant à elles, remontent à environ -700 000 ans. Elles se font plus nombreuses et plus précises vers -500 000 ans.
Lors de la longue période glaciaire située entre -235 000 et -135 000 ans avant notre ère, apparut l’homo sapiens. Puis, lui succéda à -100 000 ans, l’homme de Néandertal considéré par les paléontologues comme le premier homme « moderne », car il fut celui qui commença à enterrer ses morts, parfois même, suivant d’hypothétiques rituels. On trouve également à son sujet d’autres faits qui relèvent de l’attention qu’il portait à ses congénères et qui, par conséquent, le rattachent toujours plus à l’homme « moderne ».
Puis, l’homme de Néandertal disparut à son tour brutalement entre -40 000 et -35 000 ans, laissant place à notre ancêtre direct : l’homo sapiens sapiens. Ce dernier est également nommé : l’homme de Cro-Magnon (nom de la ville, dans le sud-ouest de la France, où il a été découvert en 1868).
[Cet ouvrage ayant été rédigé en 1999, depuis, les recherches semblent conduire les préhistoriens, depuis 2003, à changer, entre autres, la dénomination de l’homo sapiens sapiens par celle de l’homo sapiens. Mais peu importe, il ne s’agit pas ici d’une étude archéologique, mais simplement de donner un ordre de grandeur de l’évolution Humaine].

À cette époque glacière durant laquelle les températures oscillaient entre -70° l’hiver et +15° l’été, les préhistoriens estiment la présence, en France, d’environ 10 000 Hommes répartis dans à peu près 300 campements.
Vers -500 ans avant notre ère (avant Jésus-Christ donc), apparurent les Gaulois. Ils vivaient en Gaule, ce qui correspond à peu près aux territoires comprenant : la France, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne et le Nord de l’Italie d’aujourd’hui. Les Gaulois étaient des combattants, des guerriers extrêmement violents qui, entre autres, décapitaient les têtes de leurs victimes pour en faire des trophées. Les Romains les nommaient Galli, et les Gaulois se nommaient eux-mêmes : Celtes.
Vers -390 avant J.-C., les Gaulois écrasèrent les Romains et détruisirent Rome. Puis, ils pénétrèrent en Grèce en -279 avant J.-C.. (page 96) :
« À l’apogée de leur expansion, de 350 à 250 avant notre ère, les peuples celtiques occupent ainsi un très vaste territoire qui s’étend des îles Britanniques et de l’Irlande à l’embouchure du Danube et de la grande plaine septentrionale allemande et polonaise jusqu’aux Apennins. Et c’est dans l’actuelle France que leur influence culturelle sera particulièrement marquée. »
Les Romains guidés par Jules César (-100 à -44 avant J.-C.) contre-attaquèrent les Gaulois menés par Vercingétorix (-80 à -46 avant J.-C.), à tel point qu’en -53 avant J.C., on assista à de véritables exterminations de masse comme celle conduite contre les Éburons. César écrivait alors qu’il voulait : « anéantir leur race et leur nom même ».
Sans rapport, cela me fait tout de même penser à la volonté Génocidaire du Comité de Salut Public et de la Convention Nationale d’exterminer cette « race maudite » : les Vendéens, en 1793-1794 lors de la Révolution Française.
Bref, Vercingétorix sut alors rassembler l’ensemble des peuples Gaulois pour défendre leur liberté et leur « Patrie ». Patrie dont les contours seront amenés encore à fluctuer dans d’importantes proportions durant les nombreux siècles à venir… (page 113) :
« Les victoires remportées par César, on a eu l’occasion de le souligner, ne peuvent se comprendre que par l’appui actif que les Gaulois eux-mêmes lui ont assuré. Ce sont les Séquanes, les Éduens, les Rèmes, les Lingons (de la région de Langres) et même les Arvernes qui, n’ayant dans un premier temps pas bougé, lui ont permis de vaincre les Helvètes et les Belges et de contrôler un territoire de près de 500 000 kilomètres carrés avec une armée qui n’a jamais dépassé 50 000 hommes. Comment expliquer alors la grande révolte qui, en 52 avant J.-C., va rassembler derrière Vercingétorix la quasi-totalité des peuples gaulois insurgés pour défendre leur liberté et leur « patrie » ?
Certainement par le fait que César a multiplié les maladresses, réalisant l’exploit d’unir ceux qui avaient toujours été divisés ! Se comportant tout d’abord en maître absolu, il a indisposé ses plus fidèles alliés, en détrônant là un roi ou un magistrat pour le remplacer par un homme à lui, en renversant à sa guise les pouvoirs établis, en ne comprenant pas la complexité des relations entre les peuples dont les Romains ignoraient les coutumes, en trahissant sa parole, faisant mettre à mort des chefs révoltés auxquels il avait pourtant promis le pardon. L’une de ses plaisanteries en dit long sur le mépris qu’il a pu afficher au cours de son commandement : « Envoie-moi qui tu veux, écrit-il à Cicéron, j’en ferai un roi en Gaule ! »
Peut-être aussi a-t-il sous-estimé l’indignation que ses campagnes « terroristes » ont pu soulever. Outre les 600 000 ou 700 000 tués, ce qui constitue peut-être le total des pertes gauloises, soit le dixième de la population que comptait alors la Gaule indépendante, le demi-million de prisonniers vendus comme esclaves, la dévastation systématique des campagnes, César s’est livré à de véritables opérations d’extermination, comme celles dont furent victimes, en 53, les Éburons. Ces derniers s’étant révoltés, César voulut, écrit-il lui-même, « anéantir leur race et leur nom même » : une définition anticipée de ce qu’on nomme un génocide. »
Ce sont les Gaulois et les Romains qui ont mis en place les premières grandes infrastructures : routes, ponts et viaducs pour le cheminement de l’eau (comme le grandiose Pont du Gard) ; théâtres et amphithéâtres, arènes, cirques ; construction d’innombrables bâtiments et villes ; ainsi que les circuits et échanges économiques mondiaux.
Quant aux célèbres mais horribles combats de gladiateurs Romains, voici ce qu’en dit Jacques Marseille (page 132) :
« Certes, ajoutait-il [l’historien Camille Jullian], les combats de gladiateurs n’étaient pas plus barbares que les sacrifices humains si chers aux Gaulois, mais les spectateurs de ces sacrifices n’en faisaient pas un motif de distraction. La Gaule aurait pu demander à ses maîtres romains autre chose que d’exiger la mort dans les arènes pour distraire ses loisirs.
Pour se convaincre de l’engouement des Gaulois pour ces spectacles, il suffit de rappeler le nombre des « théâtres-amphithéâtres », ces établissements pouvant accueillir plusieurs types de spectacles, qui se montent à une trentaine dans la seule province de Lyonnaise, la plupart d’entre eux se trouvant dans des campagnes isolées où ils recevraient, comme à Sanxay, dans la Vienne, 6 600 spectateurs sur des gradins de bois, ce qui suppose que s’y réunissaient les paysans de la région.
Il suffit aussi de voir les fortunes que dépensaient les notables pour organiser les spectacles : Titus Sennius Sollemnis, par exemple, engloutit 332 000 sesterces (près de 700 000 de nos francs) pour organiser durant quatre jours trente-deux combats de gladiateurs à Lyon.
C’est que les Gaulois disposant de plus de cent trente jours fériés par an, la principale préoccupation des décurions était d’assurer l’emploi de ces journées libres et d’améliorer la qualité des fêtes qui les accompagnaient, le « bon peuple » appréciant les innovations, comptant le nombre des gladiateurs, des léopards et des victimes.
Ce n’étaient pas en effet les grandes œuvres du théâtre antique qui assuraient la romanisation des esprits, mais les statues qui ornaient les murs de scène, les multiples Victoires, Centaures, Silènes et Ménades, les combats d’Amazones, les Vénus et les Cariatides qui étaient autant d’illustrations de la mythologie gréco-latine. »
Par la suite, les peuples Germanique, Vandales, les Suèves et les Alains furent pourchassés par les terribles Huns. Le 31 décembre 406 (après J.-C.), fuyant les Huns, ces Peuples traversèrent la terre gauloise ; et les Huns dévastèrent tout sur leur passage, notamment les plaines céréalières du Nord, de l’Aquitaine, finissant par franchir les Pyrénées en octobre 409.
Quant à Rome, elle fut mise à sac en 410 par les Wisigoths.
Alors que la Gaule était en pleine décomposition, assaillie par des hordes de barbares comme celle d’Attila le Hun, le jeune Clovis âgé de seulement quinze ans succéda à son père Childéric, en 481.
C’est à partir de la conversion de Clovis au Christianisme, suite à son baptême en 498, que l’État et l’Église fusionnèrent pour des siècles et des siècles… Clovis fut donc le premier Roi Chrétien des Francs Saliens puis des Francs (les futurs Français), en France.
Clovis se lança alors à la reconquête des territoires perdus en Gaule, dans des combats contre les Wisigoths et les Ostrogoths. Clovis décéda en 511.
Dagobert 1er était le petit-fils de Clovis et le fils de Clotaire II. Il devint Roi des Francs à son tour de 632 à 639. C’est l’époque de la Gaule mérovingienne donc des Rois Mérovingiens.
En fait, il y eut trois Dagobert : Dagobert 1er, Dagobert II et III.
Ce que l’on sait peu, c’est qu’à cette époque il existait en réalité plusieurs Rois qui régnaient sur différentes régions de la Gaule. Il y a donc eu des Rois de France qui « chapeautaient » des Rois de région, comme : la Neustrie, l’Austrasie, la Bourgogne, l’Aquitaine, etc..

Au début du VIIIème siècle, Charles Martel succéda à Pépin le Jeune. Il se chargea de bouter hors de France toutes sortes d’ennemis, comme les Neustriens à Amblève en 719 et à Vincy en 717. En 719, Charles Martel pourchassa également les Saxons et les Frisons. Mais il reste connu dans l’Histoire de France, principalement, pour avoir grandement participé à empêcher l’Islamisation de la France par la « Guerre Sainte », en stoppant les Djadistes musulmans Arabes, à Poitiers, en octobre 732 (pages 192 et 193) :
« Charles peut alors multiplier les équipées, intervenir à l’Est et réduire les Bavarois et les Alamans à l’obéissance, tenir en respect les Saxons, soumettre les Frisons en étant capable de mener à bien une expédition navale, puis saisir l’occasion qu’offrait l’invasion de troupes musulmanes en Aquitaine pour devenir le champion de la chrétienté et le « martel » de Dieu.
Après avoir, depuis 711, conquis une grande partie de l’Espagne, les Arabes musulmans et les Berbères convertis à l’Islam ont franchi les Pyrénées, occupé Narbonne, Carcassonne, Nîmes et lancé un raid le long de l’axe Rhône-Saône jusqu’à Autun, qui a été saccagée. En 732, le wali, ou gouverneur d’Espagne, Abd al-Rahmān lance une nouvelle offensive. Il pénètre en Aquitaine par le Pays Basque, pille et dévaste les faubourgs de Bordeaux, s’élance vers Poitiers et cherche à gagner la basilique Saint-Martin de Tours, aux richesses si tentantes.
Appelé au secours par le duc d’Aquitaine, Eudes, Charles accourt et, à Moussais, sur la voie romaine de Poitiers à Tours, le 25 octobre 732, il bat les troupes arabes, Abd al-Rahmān étant parmi les morts. Attendant de pied ferme la charge furieuse des cavaliers arabes, dont la tactique est d’effrayer l’ennemi et d’émietter ses rangs, les Francs, en rangs serrés, « immobiles comme un mur » selon un contemporain, lancent leurs redoutables francisques, qui s’en vont fracasser les crânes et les corps des assaillants.
Même si la bataille de Poitiers n’a pas été le coup d’arrêt décisif porté à l’expansion de l’Islam, elle eut un grand retentissement dans tout l’Occident. Elle marque bien la victoire des gens du Nord, les Austrasiens, sur ceux du Midi. Profitant de son succès, Charles impose en effet sa souveraineté à l’Aquitaine, à la Bourgogne et à la Provence, soumettant les aristocraties locales qui, depuis longtemps, s’étaient rendues indépendantes. Le maire du palais est désormais le personnage le plus en vue, non seulement du royaume mérovingien, mais de tout l’Occident. »
Charles Martel décéda le 22 octobre 741.
Il y eut également Pépin dit le « Bref ». C’est sous son règne que prit naissance, en France, la Royauté de « Droit Divin ». Il décéda le 24 septembre 768. C’est l’un de ses deux fils, Charles, qui lui succéda. Il s’agit du célèbre Charlemagne. En 789, dans l’Admonitio generalis, Charlemagne présenta une importante loi-cadre concernant l’éducation des enfants (pages 212 et 213) :
« Convaincu qu’il fallait relever le niveau intellectuel de la société pour mieux prier Dieu, il voulut que le clergé ait une instruction suffisante pour instruire à son tour le peuple dont il avait la charge. En 789, dans l’Admonitio generalis, qui se présente comme une véritable loi-cadre, il écrit : « Nous voulons que des écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants. Dans tous les monastères et les évêchés, enseignez les psaumes, les notes, le chant, le comput, la grammaire et corrigez soigneusement les livres religieux. Car souvent, alors que certains désirent bien prier Dieu, ils y arrivent mal à cause de l’imperfection et des fautes des livres. Ne permettez pas que vos élèves les détournent de leur sens, soit en les lisant, soit en les écrivant ».
Apprendre à lire, à écrire et à compter, tel a été de tout temps le programme scolaire minimal qu’ont toujours souhaité voir assurer les responsables de l’ »éducation nationale ». Dans une enquête de 803, Charles rappelle d’ailleurs que les parents doivent envoyer leurs enfants à l’école et, bien conscient de la difficulté de faire appliquer partout cette exigence, encourage les évêques à créer des écoles rurales dans les villages et les bourgades. »
Charlemagne mourut le 28 janvier 814.
Le 1er juin 987 était élu Roi, Hugues Capet, mettant un terme à trois siècles de pouvoir Carolingiens, et débutant la dynastie des Capet qui allaient gouverner la France durant les huit prochains siècles. Il y eut aussi Henri 1er, puis son fils Philippe 1er qui régna longtemps, de 1060 à 1108. Puis, ce fut le règne de Louis VI dit « Le Gros » décédé en 1137, et de Louis VII dit « Le Jeune » qui mourut en 1180.
Au tournant du 1er millénaire de notre ère, on passa du Moyen Âge à la Féodalité (page 253) :
« En multipliant les « dévoués » qui les avaient aidés à s’emparer du trône, en exigeant le serment de fidélité de tous les hommes libres, en espérant renforcer l’État par un réseau de subordinations dont il tiendrait les fils, les souverains ont en fait, sans s’en rendre compte, fini par faire du neuf en s’efforçant d’adapter le vieux. En voulant faire régner dans leur royaume l’ordre et la paix, ils ont multiplié des rapports de protection qui, à la suite des invasions du IXe siècle, ont cessé de s’opérer à leur profit, la fidélité à un souverain lointain étant plus lâche que la dépendance à l’égard d’un seigneur proche. Est née alors ce qu’on appelle la féodalité, c’est-à-dire un système qui repose sur l’existence de « fiefs » ou « bienfaits » concédés par des seigneurs à des vassaux en échange de services. Dans l’état d’insécurité permanente où désormais vit le royaume, les hommes cherchent des chefs qui les protègent et les nourrissent, les chefs cherchent des hommes pour sauvegarder ou accroître leur puissance. L’un promet de protéger et d’entretenir. L’autre promet d’obéir et d’aider. Vassal et seigneur, ces deux termes sont en fait issus du vocabulaire familial, vassal désignant le gars, le valet, c’est-à-dire le jeune, seigneur venant de senior, c’est-à-dire le vieux, le père qui accueille ses vassaux dans sa maison comme ses propres enfants. »
Ce fut ensuite le temps du fanatisme religieux à travers les effroyables Croisades Chrétiennes (page 269) :
« En appelant les chevaliers à devenir des « soldats du Christ », en proposant un pèlerinage en armes, en promettant l’indulgence totale de leurs péchés à tous ceux qui partiraient en croisade, en demandant aux croisés de risquer leur vie pour celui qui avait accepté de mourir pour racheter leurs fautes, Urbain II offrait une nouvelle perspective de salut en même temps qu’il définissait les conditions d’une guerre « juste ».
Traduisant à merveille les tensions et les aspirations du temps, l’appel de Clermont eut un retentissement considérable. Avant même que s’ébranle du Puy, le 15 août 1096, la croisade des princes qui ont cousu la croix sur leur vêtement, des milliers de pèlerins, entraînés par des ermites plus ou moins « inspirés », après avoir, tout au long de leur chemin, massacré les juifs qui refusaient de se convertir, ont été exterminés par les Turcs près de Nicée. Mais, le vendredi 15 juillet 1099, à l’heure même, disait-on, où le Christ était mort sur la croix, Jérusalem était prise et ses habitants massacrés par les chevaliers conduits par Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, Tancrède de Hauteville et Godefroy de Bouillon qui refusa le titre de roi pour celui d’ »avoué » (c’est-à-dire protecteur) du Saint-Sépulcre ». Après avoir accompli leur sanglant pèlerinage, les croisés s’en retournèrent, laissant derrière eux, à Antioche, Édesse, Tripoli et Jérusalem des États francs d’Orient bien isolés.
Quand, en 1146, à Vézelay, saint Bernard prêcha une seconde croisade pour soutenir ces chrétiens menacés par la poussée musulmane, on évalue à près de 200 000 personnes le nombre de ceux qui partirent, toujours dans l’espoir d’obtenir la rémission pleine et entière de leurs péchés. Saint Bernard décrivit ainsi l’effet de sa prédication :
« J’ai ouvert la bouche, j’ai parlé et aussitôt les croisés se sont multipliés à l’infini. Les villages et les bourgs sont déserts. Vous trouverez difficilement un homme entre sept femmes. On ne voit partout que des veuves dont les maris sont encore vivants. »
Un témoignage emphatique de la formidable vitalité qui animait alors les hommes de France. »
Le Roi suivant fut Philippe Auguste. Il entreprit une nouvelle Croisade en 1190.
En 1226, Saint Louis, âgé seulement de douze ans succéda à son père Louis VIII, qui avait lui-même reprit le flambeau de Philippe Auguste.
Les Croisades continuèrent au XIIIème siècle, avec l’Inquisition instituée par le Pape Grégoire IX en 1233. Poursuivant dans l’horreur, Saint Louis fut le premier Roi de France à faire brûler des « hérétiques » vivants.
En revanche, Saint Louis se considérait comme un guerrier et non comme un agresseur, recherchant toujours la « juste paix ».
Cette époque fut également celle de l’érection de toutes les Cathédrales de France. Ces gigantesques chantiers, comme : Chartres, Reims, Beauvais, Rouen, Bourges, Laon, Noyon, Soissons, Amiens, et bien sûr Notre Dame de Paris…, pouvaient durer près d’un siècle !
En 1295 Philippe le Bel devint Roi de France.

Alors que la population Française devenait de plus en plus importante avec ses 20 millions de sujets, l’agriculture n’arrivait plus à produire suffisamment. Déjà à cette époque, compte tenu des outils rudimentaires, donc pas suffisamment productifs, la problématique de la démographie se révélait de plus en plus prégnante. Entre 1315 et 1317, la disette se transforma en famine. De surcroît, les Pestes pulmonaire et bubonique envahirent la France. Elles finirent par disparaître en 1352, laissant dans leurs sinistres sillages une France dévastée et remplie de cadavres (page 347) :
« Les historiens retiennent aujourd’hui l’estimation que Froissart faisait à chaud : « Bien la tierce patrie du monde mourut. » En deux ou trois ans, la mort envoya en effet au cimetière un homme sur trois, une proportion six fois supérieure à celles des victimes des guerres mondiales du XXe siècle ! ».
Le duo infernal que forme la Famine et la Peste, fit à nouveau des ravages en décimant à plusieurs reprises la population Française, entre 1360 et 1420 (page 348) :
« En un siècle, de 1347 à 1450, la France, dans ses frontières de 1328, serait passée de 16 à 8 millions d’habitants, avec des régions particulièrement dévastées, comme la Normandie orientale, une bonne partie du Bassin parisien, dont la Champagne, de larges secteurs de l’Aunis et de la Saintonge. »
La population chercha alors des responsables à ces fléaux naturels. Malheureusement, il n’a pas fallu attendre le XXème siècle pour que les Juifs servent de boucs émissaires à tout ce que l’Homme ne peut pas comprendre et/ou endurer (page 349) :
« À Toulon, dans la nuit du 13 au 14 avril 1348, 40 Juifs sont massacrés et leurs maisons pillées. Tour à tour, la Provence, le Languedoc, la Savoie et le Dauphiné sont touchés par le mouvement. Au pont de Beauvoisin, plusieurs Juifs sont précipités dans un puits qu’on les accuse d’avoir empoisonné. À Strasbourg, sur 1 884 Juifs qui habitaient alors la ville, près de 900 sont brûlés vifs le 14 février 1349, malgré l’opposition des autorités. »
Quant à la Guerre de Cent ans entre la France et l’Angleterre, elle commença, en réalité, en 1154 lorsque Henri Plantagenêt, comte d’Anjou et duc de Normandie, devint Roi d’Angleterre.
Le troisième et dernier fils de Philippe le Bel, Charles IV mourut le 1er février 1328. Ce dernier succédait à son frère Louis X. Après que Hugues Capet fut élu Roi en 987, il y eut douze générations successives de Rois. Mais à la mort de Charles IV se posa le problème de la succession directe, car il n’y avait plus de mâles (fils et frères) dans la famille pouvant lui succéder. Après la réunion d’une assemblée composée de barons, d’évêques, et de représentants des villes, il fut décidé que Philippe VI de Valois serait élu régent puis Roi.
À la Toussaint de 1337, l’évêque du Roi d’Angleterre Lincoln apporta une lettre de défi à Philippe de Valois, ce qui réactiva la Guerre de Cent ans entre la France et l’Angleterre, qui dura jusqu’en 1453.

Le 26 septembre 1350, Jean le Bon fut sacré Roi à Reims et décéda le 8 avril 1364. À cette époque encore, les frontières de la France ne cessaient de fluctuer au gré des victoires lors de conquêtes et reconquêtes de territoires ; ou lors des défaites suite aux invasions successives. Par exemple, la Provence, au XIVème siècle faisait partie du Saint Empire Romain Germanique.
Le dimanche 19 mai 1364, Charles V succéda à Jean le Bon.
S’ensuivit Charles VI, Roi de France surnommé le « bien aimé » qui décéda le 21 octobre 1422.

Jeanne d’Arc est née en 1412 à Domrémy en Lorraine. Croyant entendre des voix de l’archange Michel, elle se persuada que Dieu la désigna pour sauver le Royaume de France, et venir ainsi au secours de son Roi Charles VII. Elle fit alors vœux de virginité et se fit appeler « la Pucelle ». Jacques Marseille nous raconte l’incroyable histoire de cette femme-guerrière (pages 396, 397 et 398, 399 et 401) :
« En février 1429, alors que les Anglais assiègent Orléans pour forcer le passage de la Loire et établir une liaison avec la Guyenne et Bordeaux, elle demande à Robert de Baudricourt, capitaine de la forteresse de Vaucouleurs, qui l’avait éconduite quelques mois plus tôt, un équipement et une escorte pour aller trouver le dauphin à Chinon. « N’avez-vous pas entendu dire qu’il a été prophétisé que la France serait perdue par une femme et restaurée par une vierge des marches de Lorraine ? » dit-elle au capitaine qui, vaincu par l’obstination de la Pucelle et gagné par la foi des habitants qui se cotisent pour offrir à Jeanne un équipement et un cheval, lui fournit un sauf-conduit et une escorte de six hommes.
Le 6 mars 1429, elle est reçue à Chinon par le roi qu’elle reconnaît parmi les courtisans et lui délivre son message : « Gentil (ce qui veut dire bien né) dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle, et vous mande le roi des cieux par moi que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims et vous serez lieutenant du roi des cieux qui est roi de France. » Puis cette jeune fille en armes, habillée en homme et aux cheveux coupés court, affirme à ce jeune homme de vingt-six ans, troublé par sa possible bâtardise : « Je te dis, de la part de Messire, que tu es vrai héritier de France, et fils de Roi, et Il m’a envoyé à toi, pour te conduire à Reims, pour que tu reçoives ton couronnement et ta consécration si tu le veux ». Les témoins notent l’expression « radieuse » du roi après l’entretien personnel qu’il a quelques instants avec Jeanne.
Interrogée pendant trois semaines par les théologiens de Paris repliés à Poitiers et examinée par les matrones qui s’assurent de sa virginité, la Pucelle impressionne les sceptiques, qui ne trouvent en elle que « bien, humilité, virginité, dévotion, honnêteté, simplicité ». « Espérant en Dieu, car douter de la Pucelle eût été répugné au Saint-Esprit et se rendre indigne de l’aide de Dieu ». Charles décide alors de tenter l’expérience et institue Jeanne « chef de guerre », lui faisant faire une armure à ses mesures. Elle-même fait faire une bannière selon ses instructions, représentant le Christ en croix, et un étendard qui portait l’image de Dieu bénissant les fleurs de lys, avec la devise « Jésus Maria ». Le 22 mars, elle somme par lettre le roi d’Angleterre et le soi-disant régent du royaume de France de « faire raison au roi du Ciel » et de rendre les « clefs de toutes les villes qu’ils avaient prises et violées en France », ce qui n’impressionna guère les Anglais.
Le 29 avril, avec une poignée de chevaliers, elle réussit à entrer dans Orléans, accueillie par Jean, fils bâtard de Louis d’Orléans, qui défendait la ville assiégée depuis sept mois. Impatiente de combattre, elle galvanise les habitants qui lui font fête « comme s’ils avaient vu Dieu descendre parmi eux ». Le 8 mai, à la suite d’une série de combats victorieux au cours desquels Jeanne est blessée par une flèche, les Anglais lèvent le siège. C’est le « signe » que tous attendaient.
Au lendemain de la délivrance d’Orléans, le combat semble en effet avoir changé d’âme. Ce qui semblait perdu paraît désormais possible. Menée par le duc d’Alençon et par Jeanne, l’armée royale reprend Jargeau, Meung et Beaugency. Le 18 juin, les Anglais sont mis en déroute près de Patay. Du côté français, il y avait eu trois morts ; du côté anglais, les chroniqueurs bourguignons évaluent les pertes à 2 000 hommes. En quelques semaines, Bedford a perdu ses meilleurs capitaines, Talbot, Salisbury, Suffolk, Falstolf, tués ou prisonniers.
(…) Pourtant, quelques mois après l’apothéose de Reims, l’astre de Jeanne pâlit. Le 8 septembre, elle échoue devant Paris. À la cour de Charles VII, on pense que la reprise d’une action militaire énergique passe par la réconciliation avec le duc de Bourgogne, avec qui une trêve a été signée le 28 août. Dans cette optique, l’ardeur guerrière de Jeanne gêne un roi qui entend désormais mener lui-même sa propre politique. Pendant l’hiver 1429-1430, on lui confie des opérations secondaires dont on sait qu’elles lui rapporteront peu de gloire si elles échouent. Le 23 mai 1430, elle est faite prisonnière devant Compiègne assiégée par les Bourguignons et livrée par Jean de Luxembourg aux Anglais pour 10 000 livres tournois.
Tandis que Charles VII se désintéresse du sort de Jeanne, l’Université de Paris est la première à exiger qu’elle soit jugée pour « crime sentant l’hérésie ». Pour tous les adversaires de celui qui avait été sacré à Reims, il était indispensable en effet de démontrer que Jeanne était une sorcière possédée par le diable. Annuler l’effet produit par le sacre, prouver que Charles avait été ensorcelé, châtier une « béguine » qui refusait de se soumettre à l’institution ecclésiastique, en appelait directement à Dieu et traduisait de manière spectaculaire la vigueur d’une religion populaire, tels étaient les enjeux du procès d’inquisition qui s’ouvrit le 9 janvier 1431 à Rouen.
(…) Mais en même temps, ce procès politique est aussi celui de l’institution ecclésiastique au lendemain d’un Grand Schisme dont l’Église se remettait à peine. Affirmant que ses révélations venaient directement de Dieu et des saints du Ciel, sans l’intermédiaire des gens d’Église, Jeanne posait, de façon insupportable pour les hommes de la hiérarchie qui la jugeaient, la question du pouvoir de l’institution sur les fidèles. En répondant à ceux qui lui demandaient ce qu’elle ferait si l’ »autorité » lui disait que ses révélations étaient choses diaboliques : « De cela, je m’en rapporterai toujours à Dieu dont j’ai toujours fait le commandement, et je sais bien que ce qui est contenu au procès vient par le commandement de Dieu, et ce que j’affirme dans ce procès avoir fait par commandement de Dieu, il m’eût été impossible d’en faire le contraire », elle signait son arrêt de mort, plus sûrement que par tout autre aveu.
L’affaire des vêtements d’homme que Jeanne refuse d’abandonner et qui prend une importance considérable au cours du procès en est un symbole. En ne croyant pas avoir le droit d’abandonner l’habit que les voix lui avaient conseillé de porter, Jeanne refusait de se soumettre à ceux qui prétendaient détenir de Dieu le pouvoir « infaillible » – le mot fut employé à deux reprises au cours du procès – de « connaître et juger des actes des fidèles ».
Le 24 mai 1431, dans le cimetière Saint-Ouen où la sentence allait être prononcée, Jeanne, qui voit le bûcher qu’on dresse ostensiblement non loin de là, a un moment de faiblesse et abjure ses fautes, promettant de ne plus porter ni habit d’homme ni cheveux rasés. L’aveu valant absolution, elle allait alors être simplement condamnée à la prison perpétuelle.
Mais en ne trouvant plus en prison les vêtements de femme que les Anglais furieux lui ont enlevés, Jeanne se ressaisit, reprend ses habits d’homme et révoque son abjuration, sachant ce qui l’attendait. Le 30 mai, elle meurt sur le bûcher dressé sur la place du Vieux-Marché, en implorant jusqu’à la fin l’aide des saints et des saintes du paradis.
(…) Il fallut attendre le 15 février 1450 pour qu’il [Charles VII] demande à son conseiller, le théologien Guillaume Bouillé, de faire une enquête sur le procès de Jeanne « et la manière selon laquelle il a été conduit et procédé ». La procédure, qui nécessitait l’accord du pape, fut mise en route en 1452 à la demande de la mère de Jeanne, qui vivait à Orléans, et de son frère. Elle aboutit le 7 juillet 1456 à la sentence qui annulait le procès de 1431 et déclarait que Jeanne devait être « déchargée et disculpée ». Une « réhabilitation » prononcée du bout des lèvres mais qu’exigeait la raison d’État. Charles VII ne pouvait devoir son trône à une sorcière. »
En 1450, les troupes de Charles VII réussirent enfin à bouter les Anglais hors de France. En effet, le 1er juillet, les Anglais capitulèrent à Caen, et Cherbourg tomba le 12 août 1450. Ces Anglais qui avaient brûler Jeanne d’Arc étaient expulsés de Normandie. Cette Victoire Française mit un terme à la Guerre de Cent ans.

Comme tout le monde le sait, le XVIème siècle fut celui des terribles guerres de religion entre les Catholiques et les Protestants (Huguenots). Vers 1560, la France comptait plus de deux millions de protestants, soit environ 10 % de la population Française.
L’évènement le plus connu et particulièrement sanglant, est celui du massacre de la Saint Barthélemy (pages 483 et 484) :
« Le lundi 18 août 1572, 1 000 gentilshommes huguenots sont venus à Paris, certains avec femmes et enfants, pour assister au mariage de Marguerite de France et d’Henri de Bourbon, roi de Navarre. Ce jeune homme, chef du parti protestant, refuse d’entrer dans la cathédrale Notre-Dame. Le mariage a lieu sur le parvis et seule Marguerite participe, à l’intérieur, à la messe du mariage que Catherine de Médicis a voulu pour souder les protestants à la monarchie et éviter une nouvelle guerre civile. Le vendredi 22 août, un attentat à l’arquebuse blesse l’amiral Gaspard de Coligny, un réformé qui s’est mis à jouer un rôle de premier plan auprès du roi Charles IX. Furieux, les huguenots menacent de se venger si justice n’est pas faite rapidement et accusent les Guise de ce meurtre raté. Dans la nuit du 23 au 24 août, un Conseil royal réuni à la hâte décide de supprimer une soixantaine de chefs protestants, désignés au prévôt des marchands, responsable de la milice bourgeoise.
Le dimanche 24 août, au petit matin, alors que le massacre « politique » s’ouvre par l’assassinat de l’amiral de Coligny, le massacre « populaire » que n’avaient pas prévu les ordonnateurs de l’exécution se transforme en pogrom hystérique dont la violence horrifie les témoins, même les catholiques les plus extrémistes. Le corps de l’amiral de Coligny, traîné dans la rue par des « petits enfants », est châtré, décapité, mutilé aux mains et aux pieds avant d’être tiré vers la Seine. Le roi aura beau, toute la journée du 24, faire crier à tous les coins de Paris des mandements ordonnant que la violence prenne fin, la foule, chauffée à blanc par les sermons des prêcheurs qui ont dénoncé l’ »accouplement exécrable », entre Henri de Navarre et Marguerite de Valois, saisit l’occasion de débarrasser la France de la « pollution » protestante qui l’infecte et de mettre fin aux « novelletés » qui ont mis en péril un univers jusque-là cohérent.
Quand les cloches de toutes les églises se mettent à sonner pour annoncer qu’une aubépine a refleuri au cimetière des Saints-Innocents, les Parisiens y voient un signe de l’approbation divine et courent en criant « Miracle ! Miracle ! »
Au fur et à mesure que la nouvelle se répand en province, des massacres sont perpétrés à Orléans, Meaux, Bourges, Saumur, Angers, Lyon, Troyes, Rouen, Toulouse, Gaillac, Bordeaux, faisant peut-être 5 000 victimes, dont 2 000 au moins à Paris.
En annonçant, le mardi 26 août, devant le Parlement de Paris réuni pour un lit de justice solennel, que « ce qui est ainsi advenu a été son expres commandement pour obvier et prévenir l’exécution d’une malheureuse conspiration faite par le dit Amiral et ses dits adhérents et complices », Charles IX prend officiellement la responsabilité du massacre et assume du même coup le fanatisme des tueurs au nom d’une obscure raison d’état.
La monarchie contestée
En endossant la responsabilité de la Saint-Barthélemy pour prévenir, semble-t-il, un embrasement général du royaume, Charles IX a en fait ruiné l’image du roi de justice élu par Dieu pour être le protecteur de l’ensemble de ses sujets. En promulguant dès le 11 juillet 1573 l’édit de Boulogne qui accorde aux huguenots la liberté de conscience et le plein exercice de leur culte dans les villes de La Rochelle, Nîmes puis Montauban, il se rend coupable, aux yeux des catholiques, de n’avoir pas su terminer la grande œuvre de purification commencée en 1572. Mais dans le camp protestant, il est devenu le symbole de la barbarie catholique à laquelle il est devenu légitime de résister. »
Sous Henri IV, enfin, un édit « perpétuel et irrévocable » fut promulgué à Nantes le 13 avril 1598, puis complété le 2 mai. Fort de ses 92 articles, l’édit permit de mettre un terme provisoire à ces Guerres Civiles de Religion, en donnant aux Protestants plus d’égalité et de Droits.
Mais ce ne fut que le 28 juin 1692 que, sous Louis XIII, fut signé la paix d’Alès, mettant véritablement fin aux Guerres de Religion en France. Cela venait confirmer les dispositions religieuses et juridiques de l’édit de Nantes, tout en abolissant les privilèges politiques des Huguenots.

Louis XIV est né le 5 septembre 1638 et monta sur le trône de Roi, le 14 mai 1643. Louis XIV surnommé le « Roi Soleil » qui, sous l’influence de Colbert, signa de nombreuses ordonnances destinées à organiser la France. Nombre de ces ordonnances régissent encore notre société, de nos jours (page 551) :
« Le Code Louis qui vise à simplifier les justices civile (1667) et criminelle (1670), les ordonnances des eaux et forêts (1669), du commerce (1673) et de la marine (1681) énoncent des règlements dont certains continuent à nous régir, comme celui qui fait du rivage de la mer un domaine public ou de la forêt un patrimoine à préserver. »
Colbert contribua largement à relancer l’économie, le commerce et les exportations ; à développer l’industrie, la culture, les moyens de communication, les canaux, les routes, les ponts, etc..
En 1693-1694, il y eut une gigantesque Famine en France (page 591) :
« En ces temps de faible productivité, ce léger dérèglement du climat suffisait pour compromettre le rendement des récoltes et envoyer les plus faibles et les plus démunis au cimetière. Préparée par une série de saisons « pourries », froides et humides, la crise de 1693-1694 a bien été la plus terrible des crises de subsistance. En deux ans, par rapport à la moyenne des années « ordinaires », on compte 1,5 million de décès supplémentaires. Dans la seule année 1693, il y eut sans doute 20 % de morts sur le total de la population adulte. Les plus pauvres survivent en consommant du pain de son, des orties cuites, des chiens et des chats errants, des entrailles de bestiaux ramassés dans l’arrière-cour des étals de bouchers et peut-être pire. C’est l’époque où Charles Perrault écrit Le Petit Poucet et où La Bruyère compare les paysans à des « animaux farouches ».
Louis XIV décéda le dimanche 1er septembre 1715. De 1715 à 1723, ce fut le temps de la régence de Philippe d’Orléans durant la minorité du futur Roi Louis XV.
Entre 1715 et 1780, en seulement deux générations, la population Française passa de 22 à 28 millions d’habitants. En effet, la Peste, les guerres et la Famine se firent moins fréquentes durant cette période. Et les pratiques sanitaires commencèrent à s’améliorer (pages 609, 610, 611 et 612) :
« Ce sont aussi de multiples et infimes progrès qui ont fait reculer la mort. Si la médicalisation reste peu répandue et l’efficacité des traitements faible, les efforts de l’administration sanitaire sont réels. Multiplication et surveillance des hôpitaux, pavages des rues, ramassage des ordures, transfert des cimetières hors des agglomérations et des églises, drainage des marécages, distributions de secours en cas de disette, construction de solides granges en pierre pour stocker les grains, autant de mesures qui ont contribué au mieux-être général. En parcourant les provinces pour enseigner l’art des accouchements et proposer aux futures mères des leçons pratiques grâce à un mannequin qui « représentait le bassin d’une femme, la matrice, son orifice, ses ligaments, le conduit appelé vagin, et l’intestin rectum » et un modèle d’enfant de grandeur naturelle, dont les jointures flexibles permettaient de le mettre dans des positions différentes, Madame Du Coudray a probablement aussi contribué à faire reculer la mortalité des nouveau-nés. Pour l’ensemble de la France rurale, celle-ci serait passée de 350 ‰ au début du siècle à 263 ‰ dans les années 1770 et de 280 ‰ à 240 ‰ pour la France en général. Un progrès léger mais certain qui allonge l’espérance de vie. Une fois passé le cap difficile de l’enfance, on mourait finalement assez « vieux » sous l’Ancien Régime, puisqu’un sexagénaire pouvait encore espérer vivre plus de douze ans.
Comme la mort recule, la vie a plus de prix. Certes, on abandonne beaucoup d’enfants, 25 000 par an, en grande partie amenés à Paris par des filles de la campagne venues y déposer « le fruit de leur faute ». Certes, on met beaucoup en nourrice, avec des risques énormes pour la santé des nourrissons mais, à doses homéopathiques, se diffuse un nouveau modèle maternel où allaitement et puériculture riment avec émancipation et épanouissement.
(…) Une population qui augmente de 30 %, une production agricole en hausse d’un peu moins de 40 % du début à la fin du siècle, telle est la modeste arithmétique d’une économie rurale peu productive qui a toutefois trouvé les moyens de nourrir ces bouches plus nombreuses.
Certes, il n’y a eu ni « révolution » agricole, ni « révolution » alimentaire, comme l’a montré l’historien Michel Morineau, mais « une somme de petites acquisitions techniques, une somme de petites trouvailles, une succession d’essais obscurs, persévérés, abandonnés, repris, triomphants ou piteux, l’existence de solutions à portée de la main au grand problème des subsistances, une démarche empirique, capricieuse, irrationnelle » qui ne bouleverse rien, mais atténue le grand « souci des bleds ».
Mieux distribuée par l’allongement du réseau routier, encouragée par la monarchie et les sociétés d’agriculture, valorisée par les élites physiocratiques qui font du laboureur le sel de l’humanité et soutiennent que seule la terre restitue aux hommes plus de matière qu’elle ne reçoit d’eux, la production a permis de fournir au Français moyen, à la veille de la Révolution, une modeste pitance de 1 800 calories par jour, ce qui suffit à éliminer les famines et à espacer les disettes. Le grand progrès du siècle des Lumières est là, dans l’atténuation des oscillations brutales qui décourageaient tous les six ou sept ans l’essor du produit agricole. Après 1710, les crises récurrentes de mortalité font place à de simples difficultés productrices d’émeutes. C’est incontestablement moins dangereux. »
Jacques Marseille résume alors ce que fut le XVIIIème siècle : le siècle des Lumières chargé de faire progresser la Liberté, la Justice et l’Egalité en droits au sein de la Société Française (page 637) :
« Réduire les privilèges pour assurer une justice plus équitable, réformer la fiscalité pour consolider les finances du royaume, imposer le prestige du sacre à un peuple gagné par l’indifférence religieuse, tenir compte d’une « opinion » puissamment travaillée par les philosophes, gouverner un homme de plus en plus « moderne », tel fut le redoutable défi que le siècle des Lumières lança à des monarques qui, gagnés eux aussi à l’esprit du temps, devaient composer avec des forces que leurs prédécesseurs avaient pu ignorer. Construire un État moderne tout en maintenant des principes hérités des temps féodaux, tel était devenu le métier de rois qui, bien ou mal aimés, ont tenté de concilier absolutisme et progrès. »
Voici en résumé les principes généraux issus des Lumières, repris dans la déclaration d’Indépendance (Independance Day) d’Amérique lors du congrès de Philadelphie, le 4 juillet 1776 (page 648) :
« Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes, proclame le préambule : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructrice de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l’organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. »
Ce fut toute cette complexité à la fois humaine et sociétale, que ce siècle des Lumières tenta de résoudre…
Louis XV décéda le 10 mai 1774, laissant alors le trône au célèbre Louis XVI, son petit-fils âgé de 19 ans.
Louis XVI, par nature indécis changea et alterna souvent ses ministres : Turgot, Necker, Calonne et Loménie de Brienne. Mais Louis XVI ne parvint pas à se décider et/ou à avoir la volonté de mettre en place les indispensables grandes réformes pour la France.
La fin de la Monarchie Absolutiste approchait désormais…

P.S. : Pour la suite des évènements, consulter le tome 2 : « Nouvelle histoire de la France : De la Révolution à nos jours » :

Détails sur Nouvelle histoire de la France, tome 1 : de la préhistoire à la fin de l’Ancien Régime

Auteur : Jacques Marseille

Editeur : Perrin

Nombre de pages : 704

Isbn : 978-2262019662

Nouvelle histoire de la France, tome 1 : de la préhistoire à la fin de l’Ancien Régime

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