Aphorismes, Rémy de Gourmont

Critique de le 26 octobre 2011

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (18 votes, moyenne: 4,56 / 5)
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Essais Histoire Littérature

L’auteur est-il ironique vis-à-vis de lui-même ? Question à se poser devant chaque livre où il est question de soi. Rémy de Gourmont, rédigeant ses aphorismes à quelques mois de sa mort, en 1915, conserva jusqu’au bout cette forme d’ ironie.

« Effets », tristes effets :

La guerre a augmenté la sensibilité aux dépens de l’intelligence.

L’ironie a disparu de la littérature écrite et l’ironie est le signe de la sécurité intellectuelle.

L’inquiétude, le chagrin, la misère sont tombés à dose inégale sur tous les hommes : ce sont les hommes d’esprit qui ont le plus mal résisté.

Cela me fait rire, le malade en marche vers la soixantaine, qui espère guérir, retrouver ses forces l’an prochain. Cela me fait rire quand cela n’est pas moi-même. »

CHOC DE LA GUERRE

La guerre donna un choc terrible à Rémy de Gourmont. Sa vie abritée du monde, le laissa sans défense devant le drame. Manque de résistance morale ? Importance de la Paix du monde, pour écrire ?

Gourmont ne se berce pas de trop d’espoir, à une époque où, les autres écrivains, tels Barrès, perdent le sens de la mesure. Pas la moindre illusion dans ses Cinq volumes de
Chroniques de guerre. On retrouve le ton des Epilogues, avec encore plus de désenchantement :


« L’esprit allemand est d’une lenteur extraordinaire. Ils mirent très longtemps, en 1870, à croire à leur victoire. En 1914, leur résistance à la mauvaise fortune sera tenace. N’ayons de ce côté aucune illusion. Il faudra les piller pour qu’ils se jugent vaincus »

Gourmont a des idées neuves ; les autres ripolinent sur des couches d’idées reçues. Il est trop intelligent. Son intelligence le détruit. Les espoirs des élites en une intervention divine l’accablent, le tuent. Il a placé la réflexion moqueuse au-dessus de tout. Malgré les meuglements assourdissants de la France de 1915, il ne cale pas. Dernier printemps. Dernier été pour Gourmont. Avant de disparaître, au début de l’automne 1915, il ironise de plus belle. L’entrée en guerre de l’Italie ? Air de fête romantique ! Des bombes sur Venise ? Un scandale bien autre que celui des Halles d’Ypres !

Avant de disparaître, il répète que :L’intelligence s’arrête avec la guerre.

Ses amis partis pour le Front, il hanta les quais… le Mercure cessa de paraître pendant près d’un an. Les lecteurs perdirent toute tranquillité d’esprit. Plus possible d’apprécier les pages ironiques de Gourmont qui, lui-même écrivit peu avant sa mort :

 » Ce sont des heures bien lourdes que celles que nous passons ; toute vie intellectuelle est arrêtée ; on se dévore soi-même; et tout avenir est affreux, car tout est mort, et je ne sais pas si j’en verrai la résurrection. Plus de revues, plus de journaux où écrire, je ne fais rien. J’attends. Je tâche de penser. Les temps sont durs pour l’écrivain…  »

Aphorismes, Rémy de Gourmont

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