Fabienne Verdier est une aventurière. D’une volonté surhumaine et d’une endurance à toute épreuve, elle est de la lignée des Alexandra David-Neel. Mais elle est avant tout une artiste et c’est ce qui l’amène à vivre en Chine, dans les années 80, pour apprendre l’art de la calligraphie.
Dans ces années-là, la Chine est encore refermée sur elle-même, pas encore remise des exactions commises pendant la révolution culturelle, courbant le dos sous l’emprise d’un “Parti” omniprésent. Les écoles des Beaux-Arts sont rares et enseignent l’art officiel qui n’est qu’un outil de propagande. La calligraphie est honnie, déclarée décadente, et ses maîtres vivotent sans pouvoir enseigner.
En dépit de ce contexte hostile, Fabienne Verdier va se former à l’art de la gravure des sceaux, du marouflage, avant de convaincre, après six mois d’un travail humble et acharné, un maître de calligraphie de l’accepter comme élève. Ou plutôt comme disciple, car c’est une approche globale de l’art et de la vie qu’il faut intégrer au fil du temps. La jeune femme fantasque et volontaire va vivre une ascèse qui n’a rien à envier aux initiations de Luke Skywalker ou d’Eragon… Apprendre à regarder, ressentir, se détacher de tout pour libérer le geste et tracer enfin la quintessence de l’inspiration. Une leçon de vie aussi pour le lecteur.
Un autre aspect de ce livre est la plongée dans la rude vie des chinois du Sichuan, un voyage dans les provinces fermées et chez les minorités ethniques, un portrait au quotidien sans concession qu’il est utile de lire ou relire en cette année des Jeux Olympiques à Pékin.
“L’unique trait de pinceau” de Fabienne Verdier – Livre d’art – Albin Michel 2001
Passagère du silence de Fabienne VerdierÉtiquettes : calligraphie, chine, Fabienne Verdier, Passagère du silence
je ne l’ai pas lu mais j’en ai entendu parler hier par quelqu’un qui m’avait aussi conseillé « Une vie bouleversée » d’Etty Hillesum, je fais donc une confiance quasi aveugle à vos enthousiasmes !
cette note de lecture (je n’aime pas le mot critique) donne vraiment envie de se plonger dans la trace du chemin qui conduit l’auteur vers une culture orientale, ou la force de la contemplation se substitut à l’errance de la pensée.