Voilà un livre qui présente une autre histoire passionnante du Communisme, car contemporaine celle-ci, très proche de nous, puisqu’il s’agit de la période antérieure et postérieure (jusqu’en 2008), à l’effondrement de l’U.R.S.S. en 1991.
L’auteur aborde ici différentes approches encore peu connues car récentes, et surtout faisant parties des stratégies secrètes opérées à cette époque cruciale, par les différents protagonistes : Gorbatchev, Eltsine, l’organe de contrôle essentiel du Parti-Etat unique Communiste, le tyrannique : K.G.B. dont est issu… Vladimir Poutine.
D’abord, un petit retour historique concernant le K.G.B., dont le siège est toujours place de la tristement célèbre Loubianka à Moscou.
En effet, le K.G.B. est le descendant direct de l’immonde Tcheka : la Police Politique fondée par Lénine le 20 décembre 1917, seulement 1 mois après le coup d’Etat Bolchevique (Communiste) du 7 novembre 1917 à Petrograd, et dirigée par le sadique Félix Dzerjinski « grand spécialiste » des tortures à mort et autres exécutions de masse. Depuis la chute de l’U.R.S.S. en 1991, le K.G.B. est renommé F.S.B (Service Fédéral de Sécurité).
Thierry Wolton analyse donc différents évènements qui ont bouleversé l’U.R.S.S. depuis les années 1980, tels que :
– Le rôle de la Perestroïka et le commencement de la « privatisation » à la Soviétique de l’économie ;
– La Glasnost ;
– Le rôle prépondérant du K.G.B. ;
– Le déroulement et l’échec du pseudo-Putsch d’août 1991 et du fameux duel pour le pouvoir entre Gorbatchev et Eltsine ;
– Etc..
Ensuite, depuis la fin de l’U.R.S.S. en 1991, l’auteur décrit la transformation de l’État Totalitaire Soviétique en un Pouvoir oscillant entre un régime : Autocratique Tsariste, Autoritaire « Militaro-Policier » et Totalitaire Communiste :
1 / Les opportunités d’enrichissement saisies par les anciens membres des Jeunesses Communistes (Komsomols) et les « Tchékistes » du K.G.B./F.S.B., devenus pour certains de nouveaux riches oligarques (page 283) :
« Au sommet, les tchékistes-oligarques ont pris la place du Bureau politique de l’ancien PC, leurs intérêts communs tenant lieu d’idéologie. L’attribution des meilleurs postes résulte d’une répartition consensuelle des dividendes, ce qui n’a rien à voir avec les compétences. Au sein de cette nouvelle nomenklatura, Poutine est l’homme de l’équilibre ».
2 / Le développement des mafias, la concussion, le népotisme, la corruption généralisée suite à la libéralisation incontrôlée de l’économie, par les anciens Apparatchiks de feu l’Union Soviétique, qui se sont emparés des grandes entreprises nouvellement privatisées (page 119) :
« La collusion entre le monde criminel de la mafia, l’univers trouble des affaires et le pouvoir, où chacun cherchait à accaparer le plus de richesses possible sur le dos de cette immense Russie, a été ce qui a le mieux caractérisé cette époque. »
3 / Les nombreux assassinats d’opposants politiques, comme les meurtres de 19 journalistes (dont celui de Anna Politkovskaïa, en 2006 à Moscou), entre l’an 2000 et 2008, et… (note 1, page 215) :
« D’une manière générale, la sécurité laisse à désirer depuis que le FSB est au pouvoir : trente-cinq mille assassinats ont été commandités par la mafia ces dernières années ».
4 / La guerre contre la Tchétchénie (page 293) :
« Un régime qui s’est imposé en massacrant un petit peuple (la Tchétchénie), en bafouant les libertés conquises pendant la décennie précédente, en détournant le peu de démocratie apparue dans l’euphorie de la fin du communisme, ce régime-là a les dispositions nécessaires pour porter sa brutalité au-delà de ses frontières, s’il en a les moyens. »
5 / Etc..
Bref, on s’aperçoit à travers ce livre, que Vladimir Poutine, ancien lieutenant-colonel du K.G.B., a gardé un mode de fonctionnement pour le moins autoritaire.
En effet, il éprouve plus qu’une simple nostalgie pour l’ancien régime Soviétique, comme le démontre cette citation de Poutine, page 21 :
« La disparition de l’Union soviétique avait été la plus grande catastrophe de l’histoire russe. »
On ne se remet pas du jour au lendemain du joug de 74 années de Totalitarisme Communiste. En effet, cette Russie a à peine eu le temps de goûter à la Démocratie et à la Liberté d’expression, au début de l’ère Eltsine, entre 1991 et 1993. Car par la suite : le contrôle de la Presse et de la Télévision, les complots, les attentats, les Crimes individuels et de masse ont repris de plus belle ; sans compter le rituel bourrage d’urnes, les intimidations et les électeurs fictifs lors des élections. Le F.S.B. a effectivement renoué rapidement avec son activité principale, celle : du Terrorisme de l’époque Soviétique. Le mode de fonctionnement de Poutine à la tête de l’État Russe, consiste donc en un rapport de force, en terrorisant l’ »ennemi » ou l’opposant potentiel.
D’ailleurs, Poutine a remis à l’ordre du jour : la célébration, le 20 décembre, de la création de la Tcheka Léniniste.
Malheureusement, on a l’impression que les dirigeants Russes essayent, aujourd’hui, de copier le modèle Chinois : avec d’un côté, une ouverture à l’économie de marché permettant d’enrichir une petite, mais très riche, oligarchie, abandonnant une population toujours globalement miséreuse ; et de l’autre côté, le maintien d’un quasi Etat-Parti unique, dont l’objectif est classiquement, de conserver le Pouvoir par le contrôle de la société Russe (des médias et des élections notamment).
Il faudra certainement à la Russie, plusieurs décennies avant de devenir une véritable Démocratie et d’atteindre un bon niveau de développement social et une stabilité économique.
A moins, et ce serait une tragédie pour son peuple, que la Russie se laisse séduire à nouveau par son ancien démon : le Totalitarisme Communiste…
Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants de Thierry Wolton :
– Quatrième guerre mondiale ;
– Le grand bluff chinois : Comment Pékin nous vend sa « révolution » capitaliste.
Détails sur Le KGB au pouvoir. Le système Poutine
Auteur : Thierry Wolton
Editeur : Buchet Chastel
Nombre de pages : 240
Isbn : 978-2283022887