En 1943, Grégoire Quatresous et Toussaint Baboulot, 24 ans, ouvriers agricoles, rentrent chez eux à vélo en pleine nuit et en zigzagant un peu car ils sont un brin éméchés. Ils ont bu un peu trop de mousseux chez la mère Françoise qu’ils aiment bien fréquenter car elle a deux grands attraits à leurs yeux : la cuisse fort légère et un mari prisonnier en Allemagne. Mais alors qu’ils se rappellent un peu trop bruyamment leur soirée bien arrosée et terminée à trois dans les bras accueillants de la taulière, les voilà pris en chasse par une patrouille de soldats allemands. Meilleur cycliste, Toussaint parvient à s’échapper. Talonné de plus près, Grégoire trouve son salut en sautant le mur de clôture de l’abbaye trappiste de Sept Fons. Malheureusement, en se réceptionnant de travers, il se brise la cheville et s’évanouit. À son réveil, il se retrouve à l’infirmerie avec la jambe plâtrée, hôte malgré lui de moines dont il n’apprécie pas trop la compagnie, sa famille lui ayant inculqué que la religion était l’opium du peuple. Mais il finit par tellement bien s’habituer au calme de cette nouvelle vie, qu’il devient moine lui-même et refuse même de revenir à la vie civile à la fin de la guerre. Et voilà que, vingt six ans plus tard, le jour de l’élection du nouveau président de la République, Georges Pompidou, Grégoire doit sortir pour aller voter. En chemin, il fait une rencontre qui changera totalement un destin tout tracé…
« Le braconnier de Dieu » est un roman truculent et picaresque qui se lit ou plutôt se dévore avec délices tant le style est fluide et agréable. Fallet use avec virtuosité de la langue fleurie du paysan bourbonnais, l’émaille de tournures de phrases et de nombreux mots de patois (heureusement traduits en notes) comme on n’en trouve plus que dans certains ouvrages dits de « terroirs ». Les personnages, comme souvent dans les romans de Fallet sont de joyeux ivrognes, des brutes mal dégrossies, de grands naïfs voire de simples d’esprit. L’histoire de ce moine défroqué est assez originale et bien amusante, même si elle reste un brin fantaisiste. En résumé, un ouvrage comme on n’en écrit plus aujourd’hui, une ode à la liberté, et un pied de nez aux pisse-froids, et autres psycho-rigides religieux. Léger et roboratif comme un bon coup de Saint Pourçain accompagné de quelques rondelles de saucisson dégusté au bord d’une rivière par une belle journée d’été.
4,5/5
Détails sur Le braconnier de Dieu (René Fallet)
Auteur : René Fallet
Editeur : Folio
Nombre de pages : 213
Format : 11X15
Isbn : 9782070377172