De septembre 1792 (Valmy, la Convention, l’an I de la République et les massacres de septembre) à juillet 1794 (Thermidor et chute de Robespierre) s’étend une période courte mais particulièrement sombre de notre Histoire de France, appelée « La Terreur ». Elle représente le sommet de la Révolution, son accomplissement, avec le Comité de Salut public, le Tribunal révolutionnaire, les sections sans-culottes, les Jacobins tout-puissants, mais aussi avec l’inflation, la dette, la fausse-monnaie des « assignats », la taxation des denrées, la bataille aux frontières, le génocide vendéen, la répression tous azimuts avec la loi des suspects, la terre brûlée, les colonnes infernales, les noyades de Nantes et la guillotine de sinistre mémoire. Lors de l’assaut du palais des Tuileries, les gardes suisses, dernier rempart de la royauté, avaient reçu de Louis XVI l’ordre de ne pas tirer sur la foule. Ils furent égorgés, scalpés, éventrés, émasculés et dépecés jusqu’au dernier. Les Tuileries furent intégralement pillées alors que Louis XVI et sa famille allèrent se mettre sous la protection de l’Assemblée nationale, ce qui ne leur porta pas chance. Si la masse du peuple parisien fut assez passive lors de ces journées, on découvre dans ce livre que les quelques milliers d’émeutiers recevaient un salaire assez conséquent. Les « Marseillais » arrivés du Midi étaient payés 30 sous par jour et les sans-culottes parisiens recevaient eux 40 sous alors qu’un ouvrier n’en touchait que dix en moyenne pour une journée de travail.
« Le coût de la Terreur » est un essai historique principalement basé sur les réalités économiques de cette époque. Il évoque bien entendu le coût humain, mais sans trop s’y attarder car le sujet principal reste l’économie et la catastrophe que représenta cette période. Le lecteur découvrira que la guerre d’indépendance américaine avait déjà coûté à la France la bagatelle de 2 milliards de livres qui n’étaient toujours pas remboursées. Les révolutionnaires n’eurent de cesse d’augmenter cette dette de toutes les façons possibles (900 000 livres dépensés pour des « Ateliers de charité », 500 000 livres pour faire baisser le coût de la farine, indemnités parlementaires de 36 livres par jour, etc.) La saisie et la vente des biens du clergé et des émigrés ne suffisant pas à renflouer des caisses désespérément vides, il fallut en passer par la planche à billets. Le pouvoir imprima des assignats à tour de bras. De petits malins en firent autant, ce qui aggrava encore l’inflation. Le 20 mai, fut levé un emprunt « forcé » pour financer la guerre. Plus d’impôt, mais des « contributions » progressives pour faire payer les riches. Chaque citoyen devait déclarer ses revenus. Des vérificateurs avaient les pleins pouvoirs. La taxation devint vite arbitraire et confiscatoire, incitant les contribuables à tricher. Le montant de la dette s’élève alors à 174 170 000 francs d’arrérages annuels soit 3,5 milliards en capital. Avec la mise en place du « Maximum » (blocage des prix), le commerce tombe en panne. Une fois les religieuses et religieux chassés des hôpitaux et des écoles qu’ils faisaient fonctionner, les soins laissent à désirer, l’alphabétisation est stoppée net, les grandes écoles et les universités ferment leurs portes. Il faudra attendre la chute de Robespierre et la venue de Bonaparte pour que la situation commence peu à peu à se régulariser. Livre fort intéressant qui se termine d’ailleurs par quelques paragraphes présentant la plupart des autres « Terreurs » inspirés par celle de 1793 : la Commune, les révolutions, russe, chinoise et cambodgienne (Khmers rouges) qui toutes s’en réclamèrent.
4,5/5
Détails sur Le coût de la Terreur (René Sédillot)
Auteur : René Sédillot
Editeur : Perrin
Nombre de pages : 303
Format : 11X15