En 1099, dans la ville de Clermont-Ferrand, le pape Urbain II vient de lancer la croisade pour délivrer les lieux saints. Il profite de son voyage en France pour réitérer la demande d’excommunication lancée par quelques évêques à l’encontre du roi de France, Philippe Ier coupable d’adultère et de bigamie. En effet, celui-ci avait voulu répudier sa légitime épouse pour s’unir par le mariage avec Bertrade, femme de son vassal, le comte d’Anjou. De plus, celle-ci se trouvait sa cousine assez éloignée, en fait tout juste la femme d’un lointain cousin, ce qui aggravait son cas. La coutume et le rigorisme religieux était très pointilleux à l’époque sur les parentés pour éviter toute consanguinité. Les recherches en ce sens étaient poussées très loin et parfois même jusqu’à l’absurde.
« Le chevalier, la femme et le prêtre » se présente comme un essai historique assez académique voire universitaire, d’une lecture un brin laborieuse. Il traite du sujet très précis des mariages et alliances dans les familles nobles et royales du nord du royaume de France pendant la période allant du Xe au XIIe siècle. L’auteur y étudie surtout les rapports entre l’Eglise et les puissants en matière de rapports amoureux. La coutume et la pratique religieuse ne s’accordent pas forcément. La position de l’Eglise d’abord rigoriste considère que le célibat et la chasteté sont à privilégier et à considérer comme les états les plus favorables à la sanctification. Peu à peu, elle évolue en assouplissant sa position. Les mœurs en font autant, de sorte que la coutume et la pratique en arrivent peu à peu à ce que nous avons connu jusqu’à assez récemment. Monogamie, fidélité des époux et bénédiction donc sacralisation du lien charnel. Cet ouvrage expose très bien les problématiques des fils cadets de famille, celles de la condition féminine, du legs du patrimoine et de tous les tours et détours pour ne pas dilapider ou morceler les biens ou pour arriver à maintenir une descendance à n’importe quel prix aussi bien pour les rois que pour les aristocrates. Ouvrage intéressant néanmoins et surtout pour les passionnés d’histoire sociale.
3,5/5
Détails sur Le chevalier, la femme et le prêtre (Georges Duby)
Auteur : Georges Duby
Editeur : Pluriel
Nombre de pages : 280
Format : 11X15