Dans le grand Nord canadien, Raoul, trappeur dans la soixantaine, doit remonter le fleuve Harricana en canoë pour aller porter secours au jeune Timax, un colosse qui est presque de sa famille. Il est accompagné par Amarok, bête croisée entre husky et malamute avec pas mal de sang de loup dans les veines. La veille au soir, chez Clarmont, une rixe a éclaté parmi les buveurs. Timax a balancé un coup de poing de forgeron à un policier qui l’avait provoqué. L’autre est tombé à la renverse et sa tête a porté sur le coin d’une table. Il ne s’est pas relevé. Pensant l’avoir laissé pour mort, Timax s’est immédiatement enfui en direction de la forêt pour ne pas avoir à répondre de son acte. Si le flic est mort, il risque à coup sûr la pendaison. La nuit suivante, Raoul rejoint Timax sur l’île où il se cache. C’est une ancienne mine abandonnée suite à un drame. Mais déjà, une patrouille de police montée se présente en bateau, contourne le lac et redescend le fleuve sans rien trouver. Timax n’est pas loin de paniquer. La période est d’autant plus propice à un acharnement policier que de nombreux jeunes se cachent aussi un peu partout pour échapper à la conscription et pour ne pas aller se faire tuer à la guerre qui se déroule en Europe.
« Amarok » est le quatrième volume de la série romanesque « Le royaume du nord » qui en comporte six, chacun pouvant se lire indépendamment. Les héros en sont les pionniers du grand Nord canadien qui, à force de volonté, de persévérance, de privation et de douleurs, ont réussi peu à peu à s’implanter dans cette région peu hospitalière, l’Abitibi, une de ces immenses étendues situées quelque part entre Ottawa et la Baie James. Marié à la romancière canadienne Josette Pratte, Clavel a séjourné dans ces contrées de 1893 à 1989. L’histoire qu’il nous raconte est tragique. Mal emmanchée dès le début, elle finit lentement en un drame qu’il n’y a pas lieu de déflorer ici. Le style de Clavel est toujours aussi facile, fluide et agréable à lire, même si le lecteur a eu souvent l’impression que cette affaire au demeurant fort simple aurait peut-être été plus percutante dans un format de nouvelle d’une soixantaine de pages plutôt que dans celui d’un roman de 268. Il n’en demeure pas moins qu’on y sent bien souffler le grand vent glacial de ces immensités désertes et sauvages. Les personnages bruts de décoffrage, bourrus et taillés pour un pays qui ne fait pas de cadeaux, sont attachants en dépit de tous leurs défauts. On peut donc encore aujourd’hui lire avec plaisir Clavel ne serait-ce que pour rêver d’aventures dans de grands espaces…
4/5
Détails sur Amarok (Bernard Clavel)
Auteur : Bernard Clavel
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 268
Format : 11X15
Isbn : 9782226027177