« Tendre comme les pierres », de Philippe Georget — un grand voyage jusqu’au bout du silence…

Critique de le 25 mars 2014

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (12 votes, moyenne: 4,92 / 5)
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Roman

Tendre comme les pierresPhilippe Georget a décidé de nous emmener vers un lieu magnifique, féerique, entouré de pays pourtant pas si magiques, entre la Syrie, l’Irak, Israël, mais aussi l’Arabie saoudite; l’auteur nous dépose au milieu du silence, dans un désert d’Asie occidentale, soit en Jordanie.

Le lecteur entre dans ce roman en écarquillant les yeux, face à un décor majestueux planté à Petra, une cité nabatéenne dans le Wadi Rum. Nous entrons dans cette oeuvre en ouvrant une porte d’hôtel situé de cette ville séculaire et nous rencontrons un vieil archéologue, Rodolphe Moreau, 82 ans, une sommité dans son domaine. Nous sommes le matin, il vient de se réveiller dans des circonstances dramatiques.

Nous découvrons également un journaliste parisien expérimenté, Lionel Terras, qui débarque dans ce magnifique site historique de Petra pour réaliser un reportage sur les fouilles archéologiques du professeur Moreau, ceci pour le compte d’une société qui finance le site.

Il apprendra rapidement que le responsable de ce chantier s’est fait arrêter par la police jordanienne, soupçonné de pédophilie. Il prendra alors contact avec l’assistante de Moreau, Mélanie Charles, un premier contact aussi dur que la pierre qui englobe la région.

Journaliste dans l’âme, Lionel Terras verra dans cette affaire de pédophilie un joli scoop à développer. Quant à la charmante Mélanie, elle ne croira pas une seule seconde à la culpabilité du vieux professeur. A en juger par les événements qui suivront, nous réaliserons assez vite que quelqu’un semble vouloir mettre un terme aux fouilles archéologiques ou même tenter de dissimuler quelque chose.

Lionel et Mélanie vont finalement s’unir, pour le meilleur et pour le pire, afin de former une petite équipe pour découvrir ce qui se trame depuis quelques jours. Le journaliste semble être surveillé de près; c’est certain, il dérange.

De fils en aiguilles, ils vont tout de même découvrir certaines choses, respectivement ils vont comprendre pourquoi on tente de les écarter; notamment lorsque Mélanie va faire une curieuse et importante découverte. Celle-ci va les emmener dans le désert, un périple au milieu du silence, des roches, des montagnes et du sable. Un mot, un lieu – une légende? – va retenir toute leur attention; Sharat-Aqem.

Nous entamerons alors un beau voyage chaotique sur le pont de notre 4×4 Toyota, pour planer sur un sable sans fin, entourés de montagnes rocheuses, vertigineuses pour certaines, un paysage à couper le souffle, un paysage irréel prêtant à partir dans nos rêves les plus calmes et les plus apaisants.

Quelques haltes parmi les Bédouins nous permettrons de nous reposer, de reprendre des forces en dégustant des plats typiques arrosés de thé sucré et en rêvant encore une fois bercés par les chants bédouins agrémentés d’un oud dont les cordes vibrant entre les doigts habiles de son utilisateur nous replongeront dans les songes. Et toujours ce silence… Trop pesant peut-être…

Philippe Georget nous dévoile avec une grande passion la beauté de ce coin du monde regorgeant de valeurs. Dès les premières pages, nous remarquons déjà très clairement que l’auteur s’est rendu sur les lieux pour nous transmettre au plus proche de la réalité ce qu’il a pu observer mais surtout ce qu’il a pu avoir comme émotion, comme ressentis, en découvrant toutes ces richesses ancestrales.

L’auteur nous sert de guide et c’est avec un grand intérêt que nous nous mettons dans la peau d’un touriste, le temps qu’il faut pour démêler cette intrigue. Une belle intrigue qui nous plonge dans l’Histoire.

En parlant de touristes, il faut reconnaître qu’il est omniprésent dans ce roman. Philippe Georget n’a pas le choix, en ayant choisi ce coin du monde, il ne pouvait pas atterrir dans un lieu préservé du grand public, des voyageurs curieux et fouineurs. Néanmoins, cela semble être une tare obligée étant donné que cela représente un revenu non négligeable pour le pays. Un compromis obligatoire, une cohabitation presque forcée.

Mais voilà, cela implique bien des choses, et pas des moindres. Imaginez des personnes vivant en symbiose avec le sable, le désert, le silence, devant chaque jour s’adapter toujours un peu plus à ce monde du tourisme, aux touristes, et ainsi perdre leur véritable identité, leur mode de vie, leur coutume et finalement perdre leur âme.

Ce point sera un élément clé de ce roman; Philippe Georget et les personnages de son histoire nous l’expliqueront clairement.

Pour celles et ceux qui apprécient, vous serez confrontés à bien des dialogues, des interactions intéressantes et subtiles. Cela implique, bien entendu, une panoplie de personnages relativement forts, bien décrits, qui savent ce qu’ils veulent! Quoi que… Pour certains, à l’image du journaliste Lionel Terras, vous constaterez qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis…

L’auteur nous cède même une belle histoire pleine de désire au sein de cette grande Histoire, mais une aventure difficile et probablement impossible au sein de cette grande Aventure! Car cela en est bien une…

Philippe Georget n’a pas conçu un roman d’aventure avec moult cascades, explosions, fusillades ou encore de multiples courses-poursuites à vive allure. Non, ce n’est pas ceci que vous allez retrouver dans son histoire. Mais vous allez découvrir quelque chose de vibrant, de vrai, encore une fois très subtile et clairvoyant, dans un univers dépaysant et extrêmement riche en paysage, en architecture et, – surtout! – riche d’un point de vue humain.

Entre les mains de Philippe Georget, l’Histoire avec un grand « H » devient aussi malléable et tendre que les pierres qui nous entourent dans ce site historique de Jordanie, et c’est cela qui devient magique… Vous comprendrez.

Bonne lecture.

« Tendre comme les pierres », de Philippe Georget — un grand voyage jusqu’au bout du silence…

Un commentaire pour “« Tendre comme les pierres », de Philippe Georget — un grand voyage jusqu’au bout du silence…”

  1. avatar Philippe Georget dit :

    Un seul mot. Merci.
    Et puis aussi une phrase: c’est un vrai bonheur pour un auteur d’être aussi bien compris.
    Philippe Georget

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