« Quand les anges tombent », de Jacques-Olivier Bosco — coup de cœur!!

Critique de le 2 février 2015

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (3 votes, moyenne: 3,67 / 5)
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Roman

Quand les anges tombentAvec les romans de Jacques-Olivier Bosco, nous n’avons pas vraiment l’occasion de nous dire: « tiens, je vais juste lire deux ou trois pages avant de démarrer sérieusement ». Avec celui-ci, c’est ce que je comptais faire, soit parcourir quelques pages avant de me lancer dans le récit. C’est raté!

L’auteur nous lance tel un sac à patates dans son polar, sans vraiment se soucier où nous pourrions bien atterrir. Visiblement cela n’a pas une grande importance pour lui, du moment qu’on en prend plein la gueule. Et bien oui, l’introduction est une belle claque aller-retour, histoire de nous mettre en alerte maximale pour la suite.

Et lorsque je parle d’atterrissage, celui qui nous concerne dans cette histoire est quelque peu précipité et brutal! La mort pour certains, peut-être la liberté pour d’autres…

Jacques-Olivier Bosco nous donne souvent l’occasion, – voir à chaque fois! -, de nous placer face à des personnages forts et charismatiques. Celles et ceux qui le connaissent déjà savent pertinemment – et sans même réfléchir! – de quoi je veux parler. L’auteur a cette capacité de nous mettre sérieusement et intensément en condition face aux protagonistes de ses histoires, que ce soit des personnages que l’on aime, que l’on déteste, voir même des personnes qui sont sensées nous laisser totalement indifférents! Une sorte d’écriture très intuitive qui, en quelques mots, nous dresse le curriculum vitae d’un individu avec une pertinence qui me bluffe encore aujourd’hui.

Dans ce récit, nous sommes rapidement mis, – du moins indirectement -, en présence d’un personnage fort, qui dégage dès le départ de la crainte; un homme dangereux et probablement très pervers. Un tueur d’enfants?

L’auteur nous fait comprendre sans détour que nous sommes face à un monstre en puissance. Ce qui est troublant, justement, c’est qu’il nous envoie le topo en quelques mots seulement qui, à eux seuls, nous conditionnent émotionnellement. Bon vous vous en doutez, les personnages sont mon grand péché mignon et là, franchement, il y a de quoi être pleinement satisfait!

Concernant cet homme, cette menace, le doute nous gagne, et c’est là que l’auteur est fort. Toute l’intrigue, pour moi, repose même la dessus dès le départ. Nous avons un monstre en puissance, c’est sans doute vrai, ou alors c’est lui qui est face à « des monstres » en puissance qui l’ont mis dans cet état. Tout est relatif. Un homme fou furieux, oui, mais… C’est peut-être même encore un peu plus compliqué que ça. Bref…

Je ne vais évidemment pas parler que de cet homme, car il y a tellement de personnages dans ce roman. Personnages principaux ou secondaires? Franchement, impossible à dire. Ils ont tous un rôle clé et cela deviendrait totalement dérisoire et terriblement réducteur de les classer dans une catégorie.

Cinq enfants se font kidnapper dans Paris, quasi simultanément. Cinq parents inquiets, cinq pères et mère qui vont recevoir le même message qui stipule, dans les grandes lignes: vous avez merdé, vous allez payer, et vous allez réparer.

Qui sont ces inquiets? Nous avons un préfet carriériste, respectivement une sale merde, un juge en fin de carrière, un flic marchant en équilibre au bord d’un gouffre qui tente de l’engloutir au moindre faux pas, un cheminot qui carbure à l’alcool et une avocate perspicace, belle et sexy. Il y a aussi son ami avec qui elle a un petit garçon, un truand, un mec respecté dans le milieu.

Qu’ont-ils en commun? On peut déjà se faire une petite idée, vu les fonctions. Les mots procès, jugement, tribunal ou condamnation nous viennent vite à l’esprit. De toute manière, l’auteur ne nous fera pas languir longtemps sur les motivations. La subtilité ne sera pas là.

Ces parents, l’auteur va nous les présenter un à un, afin que nous puissions nous forger notre propre opinion sur cette épée de Damoclès qui s’abat brutalement sur leurs têtes. Bien entendu, en essayant de ne pas tomber dans un piège probablement tendu par l’auteur.

Oui car avec Jacques-Olivier Bosco, je préfère me méfier; ce n’est pas au début de son histoire qu’il va nous donner les bons outils qu’il faut utiliser ou les bonnes ficelles qu’il faut tirer pour nous permettre de mettre à jour son intrigue! Il faut plutôt imaginer des outils de toutes sortes complètement enchevêtrés dans de la ficelle emmêlée et pleine de nœuds! C’est de toute façon à prendre ou à laisser…

Ces personnages, comme je le mentionnais déjà plus haut, sont un atout majeur dans ce roman. Ils sont fouillés, de grandes qualités, l’auteur leur a donné une épaisseur surprenante. Ils dégagent tous une force particulière, propre à chacun. Certains dégagent même une grosse odeur de merde, une fiente bien liquide, flasque, à l’image du préfet de Paris dans ce roman. Détestable, tout ce qui me répugne dans ce bas-monde.

La sphère politique représente un bel amas de déchets en tout genre. L’auteur nous démontre clairement ce qui peut se produire lorsque des hommes influents se tiennent par les couilles – dans le sens figuré! -, lorsque l’égoïsme et surtout le besoin de pouvoir mènent la danse. Cela donne un tango sur un fond de fausses notes bien désagréables, avec des pieds qui tournent et qui tournent encore dans la boue, sans s’arrêter. En fait ce n’est pas de la boue, c’est à nouveau de la merde qui, par capillarité, réussie à monter jusqu’au cerveau de ces hommes imbus de leur personne pour s’accrocher à leurs synapses.

Nous verrons que toutes ces personnes ont des vies bien différentes l’une de l’autre, toutes cependant avec le même point commun: elles ont indirectement provoqué l’enlèvement de leurs enfants suite à des agissements du passé. Elles ne tarderont pas à en connaitre les motivations. Tout ce petit monde connaît le responsable, d’où leur profonde inquiétude.

Jacques-Olivier Bosco, par cette situation insoutenable, fera surgir des émotions relativement fortes pour un père ou une mère. Je ne vais pas développer cet aspect du roman, mais retenez tout de même une chose importante, voir capitale; il faut profiter de ses enfants. Il sont là, ils ont besoin de nous, pas uniquement de notre présence, mais de toute notre attention et de notre amour. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Si un beau jour vous avez le malheur de vous dire que vous auriez peut-être dû, ce jour-là sera déjà trop tard pour agir.

Trop tard pour quoi? Pour réaliser des choses finalement très simple, mais au combien importantes. L’amour que l’on donne à son enfant, on le reçoit en retour, d’une manière ou d’une autre. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’inverse est également applicable! C’est presque mathématique… Les protagonistes de ce roman en seront l’exemple parfait.

Cinq enfants kidnappés, une revendication précise, des parents qui devront agir au mieux. Mais encore faut-il qu’ils s’accordent les uns par rapport aux autres. Avec un sale type comme le préfet, quelques non-dits, quelques secrets inavouables, de longs silences et des explications biaisées, cela ne sera pas gagné d’avance. La détermination sera de mise, elle viendra même toute seule. Des manières de faire bien différentes, propre à chaque personne, qui devront les amener à ce seul but, les retrouver, jusqu’à en crever.

Des alliances improbables vont évidemment se former – mais avec Jacques-Olivier Bosco le mot improbable n’existe parfois même plus!, et la course contre la montre va enfin débuter. On dit parfois que les opposés s’attirent, cela sera sans doute le cas ici, pour le meilleure et surtout pour le pire. Parfois des intérêts communs nous condamnent à détruire les barrières qui nous séparent des autres, ici ce sera même des murs en béton!

Tous ces personnages nous accompagneront jusqu’à ce dénouement qui est digne d’une grosse production hollywoodienne. Tourner les dernières pages devient une obsession. De la violence, de la pure violence, mais pas seulement. Cette brutalité sera mélangé à bien des aspects, notamment à son antonyme; l’amour viscéral. L’enfant est bien mis à mal dans ce roman, c’est dur, l’auteur ne nous épargne pas grand chose, voir rien du tout.

Des enfants âgés de quatre à douze ans vont nous en mettre plein la vue. Je ne les présenterai pas ici car l’auteur se débrouille très bien pour le faire. Il faudra simplement ouvrir ce roman pour les rencontrer! Le courage d’un enfant, c’est fascinant.

Pour conclure, j’aurais envie de dire que certains actes commis dans le passé ne pourront jamais être oubliés. Si cela n’explose pas tout de suite, pas besoin de s’armer de beaucoup de patience, cela arrivera bien assez vite. Une histoire familiale fait vraiment froid dans le dos dans ce roman, peut-être le nœud de toute cette affaire. Ou peut-être pas…

Bonne lecture.

Détails sur « Quand les anges tombent », de Jacques-Olivier Bosco — coup de cœur!!

Isbn : 9791092016475

« Quand les anges tombent », de Jacques-Olivier Bosco — coup de cœur!!

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