Accelerando (Charles Stross)

Critique de le 11 mai 2015

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (3 votes, moyenne: 3,33 / 5)
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Roman

imagesAu début du XXIème siècle, Manfred Macx, courtier en trouvailles et inventions dans le domaine de l’informatique et des technologies de pointe, milite pour « l’open source », c’est à dire pour la totale liberté d’accès aux découvertes. Tout en se disant respectueux de la propriété intellectuelle. Totalement bénévole, il permet ainsi à pas mal de gens de s’enrichir. Lui-même vit très confortablement alors qu’il n’a officiellement aucun revenu. De discrets mécènes pourvoient à tous ses besoins. C’est la raison pour laquelle il est harcelé par un agent du fisc, en l’occurence son ex compagne, qui lui réclame une somme faramineuse… Un jour, Manfred se fait voler toute sa mémoire… Quelques années plus tard, sa fille Amber, conçue en éprouvette, vogue avec quelques amis vers une naine brune à la recherche d’un signal extraterrestre…

Avec « Accelerando », le lecteur se retrouve face à un OLNI (objet littéraire non identifié) tant l’ouvrage est étrange, inclassable et déroutant. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un roman d’un seul tenant avec une intrigue construite et une histoire classique avec début, développement et fin, mais de neuf chapitres ou de neuf nouvelles sans autre lien que des personnages récurrents qui évoluent à des périodes et dans des contextes différents. Mais il y a bien pire que cette impression de grand foutoir sans queue ni tête, il faut aussi subir le jargon permanent, l’abus de termes techniques voire pseudo scientifiques qui obligent le lecteur à se référer presque à chaque page à un important glossaire qui peut sans doute éclairer informaticiens, astrophysiciens, chimistes et autres scientifiques de haute volée mais qui laisse le béotien dans une frustrante incompréhension. De nombreux thèmes sont abordés comme le clonage, la fécondation in vitro, la post humanité, l’invasion numérique, l’avenir de l’humanité, l’intelligence artificielle ou l’optimisation des performances du cerveau humain. Mais l’ennui, c’est qu’une idée chasse l’autre, qu’une théorie scientifique annihile l’autre, qu’une tentative d’explication disparaît ou se ramifie dans une autre et qu’au bout du compte, tout ce verbiage se révèle confus, embrouillé et abscons. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément… » Avec Stross, c’est malheureusement loin d’être le cas et l’on a toutes les peines du monde à suivre les méandres d’un discours pour le moins obscur Très vite, Stross lasse la patience du lecteur le plus indulgent. Trop occupé à déballer toute cette esbrouffe scientifique, l’auteur devient vite pesant pour ne pas dire pédant tout en ne racontant rien de bien intéressant ni de bien original. La quatrième de couverture parle d’intelligence et d’humour. Le lecteur, s’il n’est ni snob ni geek, les cherchera en vain.

2,5/5

Accelerando (Charles Stross)

Un commentaire pour “Accelerando (Charles Stross)”

  1. avatar Pierre dit :

    Excellente critique. Vous avez parfaitement résumé le livre : la vitrine brillante d’un auteur qui étale sa science (souvent gratuitement) jusqu’à en dégoûter son lecteur.

    J’ai tendance à penser qu’une bonne partie des critiques favorables que ce livre a reçu sont de pure hypocrisie : en encensant « Accelerando », on veut faire croire que l’on comprend et maîtrise les thèmes abordés sans queue ni tête par son auteur. Critiquer défavorablement le livre serait avouer que l’on a détesté cet étalage de jargon, et donc, implicitement, passer pour un crétin.

    Cela fait très longtemps que je n’ai pas été déçu à ce point par un roman, et je lui décernerais bien, pour ma part, le titre de livre le plus pédant de la décennie. Il est probable que cette impression soit encore renforcée par la traduction française, qui laisse sérieusement à désirer. Ceci dit, le roman aligne tellement de termes techniques par phrase, et la narration en est parfois tellement décousue que ça ne devait pas être simple à traduire !

    Pour ceux qui auraient des velléités de découvrir ce roman, quelques exemples au hasard :

    « Le culte des ancêtres prend une signification toute nouvelle quand les vecteurs d’état de tous les précurseurs d’entités filiales sont archivés »… « Un excursion sémiotique incontrôlée est en cours »… »Un réseau classique de compagnies indépendantes, instanciées sous la forme d’automates cellulaires au sein de l’environnement commuté du service juridique de l’Imperium de l’Anneau »…

    Et c’est comme ça sur 500 pages, sans la moindre interruption.

    Dans Accelerando, les personnages ne partent pas à la découverte de l’espace lointain : ils « instancient un spectre dans le carnespace ». Ils ne tombent pas amoureux et font des enfants, mais « fusionnent leurs phénotypes afin de filialiser leurs ADN mitochondrial ». Ils ne changent pas d’avis : ils « réorientent leur vecteur d’état ».

    Ad nauseam. En oubliant au passage de construire une véritable histoire.

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