Evadés de Corée Du Nord : Témoignages

Critique de le 14 septembre 2020

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (Pas encore d'évaluation)
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Histoire

Malgré certaines prises de position déroutantes de la part des auteurs, (principalement dans l’avant-propos du livre), qui plus est, historiquement et dialectiquement forts contestables et mêmes totalement en contradictions avec l’ensemble des poignants et terrifiants témoignages des survivants exilés de Corée du Nord ; cet ouvrage vient parfaitement compléter le superbe témoignage de Kang Chol-Hwan Les Aquariums de Pyongyang et ceux contenus dans l’ouvrage de Sophie Delaunay et Marine Buissonnière Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil.

Cet ignoble système Totalitaire Communiste de Terreur organisée a été mis en place par Kim Il-Sung depuis 1948, aidé en cela ni plus ni moins, que par les grands Criminels de masse que sont : Staline et Mao Zedong.

Tous ces exilés sont profondément déchirés de devoir quitter : leurs familles, leurs amis et même leur Patrie, la Corée du Nord.

A travers tous ces témoignages, de nombreux phénomènes tragiques sont abordés dans le cadre de l’immense détresse de ce Peuple Nord-Coréen qui vit au jour le jour depuis plus de 60 ans, complètement enfermé dans son propre pays par la tyrannie dynastique : d’abord, de Kim Il-Sung puis depuis sa mort en 1994, par son fils Kim Jong-Il.

Voici donc quelques exemples tragiquement significatifs, de ce despotisme généralisé à toute la société Nord-Coréenne :

1 / Concernant le Culte de la personnalité du « Grand Leader » Kim Il-Sung :
Dès leur plus jeune âge, les enfants Nord-Coréens sont endoctrinés par la propagande et le mensonge dans les Jeunesses Communistes, façon Komsomols Soviétiques.
En effet, l’endoctrinement en Corée du Nord commence dès le C.P.. D’ailleurs, les livres scolaires sont uniquement publiés par la maison d’édition Hagu Sobang, sous le strict contrôle du régime Communiste de la Capitale : Pyongyang. A l’école primaire, les écoliers étudient « l’enfance du Marshall Kim Il-Sung », les collégiens, eux, travaillent sur « les activités du Grand Leader, Kim Il-Sung », et les étudiants dès seize ans pratiquent quotidiennement des séances d’autocritique.
De plus, des slogans à la gloire du régime de Pyongyang et du « Grand Marshall » doivent obligatoirement être appris, jusqu’à ce que cela devienne un automatisme et récités, eux aussi, quotidiennement.

Le difficile cheminement permettant d’arriver à analyser objectivement la situation, de s’échapper de la « camisole de force » psychologique imposée par l’endoctrinement quotidien Idéologique, peut prendre des années voire tout une vie. En ce sens, la réponse de la réfugiée, Migyeong, aux auteurs du livre est assez représentative de ce long parcours conduisant à cette prise de conscience. En parlant de Kim Il-Sung, voici ce qu’elle dit, page 285 :

« Au Nord, Kim Il-Sung était mon « père », le meilleur des hommes au monde. J’ai même eu le privilège de lui être présentée lorsque j’avais cinq ans. J’avais une photo de moi lui offrant un cadeau. Je lui étais très reconnaissante. En Chine j’ai compris que tout cela était une illusion. En Corée du Sud, j’ai admis qu’il était monstrueux. Il n’a pas fait son travail de président. »

Dans ce pays hermétiquement clos, la propagande du Parti Communiste Nord-Coréen prétend que la « paradis sur terre » EST…, la Corée du Nord et que le reste du monde et surtout le Capitalisme sont les pires des horreurs : que tous les gens sont des mendiants, des drogués, des miséreux, etc..

Evidemment la réalité, c’est qu’il est formellement interdit en Corée du Nord d’exprimer la moindre opinion personnelle, autre que celle imposée par l’Idéologie officielle du Parti-Etat-Unique Totalitaire Communiste, sans prendre le risque d’être aussitôt : dénoncé, raflé, interrogé, torturé, déporté en camp de concentration, de travail et d’y mourir de faim, de maladie, de froid, d’épuisement ou d’être sommairement condamné et exécuté publiquement.

Un autre réfugié, Junho témoigne judicieusement du contexte Politico-Idéologique dans le pays, pages 277 et 278 :

« Junho reprend la parole. « En Corée du Nord, on n’aurait jamais pu imaginer que c’était à cause du système politique que nous manquions de nourriture. C’était horrible ! Kim Jong-Il est vraiment un salaud : j’ai vraiment vu trop de gens mourir de faim à cause de lui. Notre éducation nous a appris qu’il était un dieu et le moindre doute sur lui nous culpabilisait. Mais comment aurions-nous pu mettre quoi que ce soit en cause puisqu’on ne connaissait rein d’autre ? Partout il y avait des portraits de Kim Il-Sung et de Kim Jong-Il. Mais même devant leur image, on n’osait rien faire, rien dire ! En fait, je pense qu’ils ont été très intelligents pour arriver à nous faire croire que nous vivions au paradis et éduquer tout un peuple à s’habituer au manque de nourriture. »

2 / Parmi les 300 000 exilés Nord-Coréens, tragiquement, pour de nombreuses fugitives Nord-Coréennes, en plus de devoir subir la tragédie de la séparation familiale, les grands dangers de la fuite dans le froid et le risque d’être arrêtées à tous moments du périple par la Police Coréenne puis Chinoise ; celles-ci doivent souvent endurer de surcroît, des mariages forcés ou l’exploitation dans des réseaux de prostitution Chinois et leurs violences, pour pouvoir survivre en Chine, en attendant de regagner la Corée du Sud.
Voici la terrible description faite par une survivante, Jeong-Hui exilée en Chine, page 21 :

« Si je suis contrôlée par des policiers chinois, ils m’embarquent immédiatement dans un centre de regroupement pour les Nord-Coréens près d’ici, avant de nous renvoyer dans notre pays… Et là, c’est le camp ou la prison. Dans le camp de rééducation, tu meurs rapidement, on te donne à peine un peu d’eau et rien à manger. On t’envoie là-bas pour mourir. En prison, tu meurs aussi mais plus lentement. Alors trouver du travail officiellement ici en Chine ? Impossible. »

En Chine, c’est donc principalement la prison de Tumen, « sorte d’anti-chambre de la déportation », qui sert à regrouper les exilés Nord-Coréens, avant de les renvoyer par groupes en Corée du Nord, avec comme destinations inévitables : la prison et/ou le camp de travail.

3 / En ce qui concerne : les camps de concentration, camps de rééducation ou camps de travail, ce sont de véritables camps d’esclavagisme conduisant donc très souvent à une mort certaine. Un autre survivant, Hyonam, nous en fait la terrifiante description, pages 119, 120 et 121 :

« Hyonam raconte, impassible. Pas une seule fois depuis le début de notre entretien il n’a paru troublé, ému. Comme tous les autres, il en a tant vu que sa sensibilité s’est blindée. Des cadavres ? Des exécutions sommaires ? Des tortures ? Qui n’en a pas vu en Corée du Nord ? Rien que du quotidien. Un quotidien affreusement banal pour toute une génération.
Hyonam nous tend les dessins du camp qu’il a réalisés par la suite. Les esquisses maladroites au fusain montrent des prisonniers pendant l’assemblée matinale, un militaire qui tabasse à coups de crosse un détenu, une cellule où dorment tête-bêche une douzaine d’hommes, et enfin une exécution publique.
Hyonam prend une feuille de papier et de quelques coups de crayon dessine le plan du camp. « Chaque camp est spécialisé. Le camp de Jeongeori a donc une mine de minerai attenante. C’est de loin la division la plus redoutée. La mine est loin de tout, isolée dans les montagnes. On va là-bas pour mourir. (…)
« Les deux divisions les plus recherchées étaient la division alimentaire et celle de l’élevage. Il y avait toujours un moyen de voler des restes de nourriture. J’ai vu des prisonniers qui fouillaient dans les déjections des cochons pour chercher des grains non digérés et les manger. La dernière section, enfin, c’était l’infirmerie, la division sanitaire. (…)
« Dès l’arrivée au camp, un échelon était attribué aux détenus, en fonction de leur sexe, de leur âge et de leur crime. De cet échelon dépendait la quantité de nourriture distribuée. Nous recevions pour toute nourriture des « gadabap », un à chacun des trois repas, et un bol de soupe de radis. De l’eau sale bouillie où flottaient des morceaux de rave fermentée rances. Les « gadabap » ? Ce sont des rouleaux à base de farine de maïs qu’on débite en fonction du grade du détenu. Les favorisés du premier échelon, ils ont droit à dix centimètres par repas. Les malades et les vieux, à l’échelon le plus bas, ne recevaient que cinq centimètres. Moi, j’appartenais au troisième échelon, je recevais donc sept centimètres, à peine plus que les grabataires…
Je suis sorti le 6 juillet 2000. A l’occasion d’une cérémonie de pardon exceptionnelle. Ce jour-là mille détenus ont été relâchés. Quand ils ont prononcé mon numéro d’immatriculation, Ra-136, j’ai arrêté de respirer. »
Hyonam s’est tu. « Sur les vingt-quatre personnes de ma section dans le camp, nous ne sommes que deux à avoir survécu ». Il nous montre son poignet qu’il fait mine de pincer entre le pouce et l’index. « En sortant du camp, je ne pesais plus que quatorze kilos, mes doigts se touchaient à travers la peau ». »

Cette effroyable description des camps fait penser trait pour trait, aux conditions de survivance extrêmes, entre autres, dans les camps Soviétiques du Goulag et du Lao-Gaï Chinois.

4 / Entre 1994 et 1999, la Corée du Nord a connu, sous la responsabilité de Kim Jong-Il, une gigantesque Famine qui a fait entre 2 et 3 MILLIONS de morts !
En effet, les problèmes d’approvisionnement alimentaires s’accélérèrent au début des années 90 pour atteindre le NEANT à partir de 1994. Eun-Seok, âgée d’une quinzaine d’années à cette époque, raconte cette épouvantable Famine, page 228 :

« Nous avons commencé à manger ce que nous trouvions. Des écorces d’arbre, des glands, des herbes, des plantes médicinales, des résidus de fabrication de l’alcool ou des déchets de pâte de soja, du « dubujjigi »… Nous avons appris à distinguer les plantes toxiques des comestibles. J’avais faim en permanence. J’errais sur les marchés et j’écoutais les conversations. »

Durant cette incommensurable Famine, 217 camps destinés aux « déplacés » furent créés. Chaque année, entre 1997 et 1999, environ 2 MILLIONS de « mendiants et vagabonds » , principalement des enfants et des adolescents y sont passés, avant d’être transférés vers des structures carcérales.
Dans ces camps nommés « 927 », d’innombrables personnes mouraient : de faim, de froid, de paratyphus, de la gale…

Tragiquement, comme dans toutes les monumentales Famines de masse du « Monde » Totalitaire Communiste, les témoignages d’actes de cannibalisme sont nombreux ainsi que les cas de suicide…

Il s’agit ici d’un ouvrage essentiel : grâce à ses très nombreux témoignages précis de survivants et l’enquête minutieuse des auteurs (malgré le peu d’informations disponibles émanant de ce « Royaume Ermite »), sur ce Peuple Nord-Coréen hermétiquement enfermé depuis plus de 60 ans dans l’enfer d’une Terreur Inhumaine.

Car n’oublions JAMAIS, que toutes ces horreurs se produisent encore…, DE NOS JOURS, en Corée du Nord !

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :
– Pierre Rigoulot Corée du Nord, Etat voyou ;
– Kang Chol-Hwan Les Aquariums de Pyongyang ;
– Sophie delaunay et Marine Buissonnière Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil.

Détails sur Evadés de Corée Du Nord : Témoignages

Auteur : Juliette Morillot et Dorian Malovic

Editeur : Belfond

Nombre de pages : 323

Isbn : 978-2714440570

Evadés de Corée Du Nord : Témoignages

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