Cambodge année zéro

Critique de le 15 septembre 2020

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (Pas encore d'évaluation)
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Histoire

17 avril 1975, les Khmers Rouges envahissent Phnom Penh et font évacuer la ville en seulement quelques heures, y compris les blessés graves dans les hôpitaux, mentant aux habitants leurs disant que la ville risquait d’être bombardée par les Américains.
Les Phnom-Penhois devaient pouvoir regagner leurs habitations deux ou trois jours plus tard.
Mais ce ne fut évidemment pas le cas, car la réalité était toute autre, et la tragédie du Génocide Cambodgien commença…

Résidant au Cambodge depuis plusieurs années, le missionnaire Français François Ponchaud nous raconte le déroulement de la déportation de presque la totalité des 3 MILLIONS de Phnom-Penhois, vers les campagnes.
L’auteur a survécu à ce déchaînement de violences, car il a quitté le Cambodge trois semaines plus tard, le 6 mai 1975.
Il nous décrit également le contexte : historique, religieux, économique, culturel et social du Cambodge au 20ème siècle.

Pour rentrer dans le vif du sujet, voilà la raison invoquée par un Commissaire politique Khmer Rouge s’adressant à François Ponchaud le 18 avril 1975, page 32 :

« La ville est mauvaise, car en ville il y a de l’argent. Les gens, eux, sont réformables, mais pas la ville. En suant pour défricher, semer, récolter, l’homme connaîtra la vraie valeur des choses ! Il faut que l’homme sache qu’il naît du grain de riz ! »

Dans un premier temps, François Ponchaud accueillit cette nouvelle avec bonne humeur, mais avec l’arrière pensée qu’il se tramait une tragédie, mais quoi exactement ? Il explique cette double sensation antagoniste, page 33 :

« Enfin, le Cambodge allait être débarrassé de tous les gadgets d’une société de consommation qui créait plus de besoin qu’elle n’en comblait. Bref, par ce retour à la terre, les Khmers allaient redevenir Khmers !
Mais fallait-il pour autant agir avec cette précipitation suicidaire ? Fallait-il pour autant imposer un remède si radical même aux travailleurs qui, de pauvres, allaient devenir misérables ; condamner à une mort certaine tant de vieillards, d’infirmes, de malades ? C’est en vain que l’on cherche ici la moindre trace de la sagesse asiatique si respectueuse du temps, facteur que nous autres, Occidentaux, étions accusés de négliger trop souvent. La déportation de Phnom Penh n’a pas visé le bien à procurer au peuple : son but n’est autre que le triomphe d’une théorie élaborée dans l’abstrait sans tenir compte des facteurs humains ».

Dès les premiers jours du coup d’Etat Khmer Rouge, François Ponchaud recueillit plusieurs dizaines de témoignages faisant état des atrocités que ces premiers survivants « en sursis » avaient vu.

Les gens étaient emmenés en camions, et sous des prétextes fallacieux étaient fusillés par CENTAINES, les mains attachées dans le dos au bord des routes. Ces actes de barbarie étaient perpétrés partout au Cambodge, comme l’horrible description faite par l’auteur, pages 57 et 58 :

« Au dire de très nombreux témoins, cette ferme khméro-japonaise fut le théâtre de scènes atroces : des centaines, sinon des milliers de militaires y furent exécutés ; on signale notamment le massacre d’une compagnie complète de militaires avec leurs épouses. Les enfants pleuraient leurs parents fusillés sous leurs yeux. « Pourquoi pleurez-vous à cause des ennemis, leur dit-on, si vous continuez à pleurer, nous vous tuerons aussi. »

Tous les citadins de TOUTES les villes du Cambodge étaient déportés dans les campagnes, car la ville, pour le régime Khmer Rouge était le symbole représentant la « souillure » impérialiste. Alors, les Cambodgiens étaient réduits à l’esclavagisme dans les rizières. Très rapidement ils moururent : de famine, d’épuisement, de maladies (dysenterie, paludisme, béribéri, choléra, etc.), ou froidement exécutés ; car les conditions de survies et sanitaires étaient inhumaines.
Cette déshumanisation avait pour unique objectif de transformer l’Homme en « matériel humain ».
Dès qu’une personne osait se rebeller, elle était immédiatement, arbitrairement et sommairement : fusillée, décapitée, bastonnée à mort, etc..
L’idéologie Communiste Khmer Rouge était radicale, aberrante, délibérément criminelle. Les slogans appelant aux meurtres étaient légions, comme ceux figurant page 82 :

« Il vaut mieux tuer un innocent que de garder en vie un ennemi. »

Ou encore :

« A les garder en vie nul profit, à les faire disparaître, nulle perte. »

Tous ces gens anonymes étaient anéantis par MILLIERS et abandonnés sur place après l’exécution, sans sépultures, sans même être identifiés, puisqu’ils n’étaient déjà plus considérés par l’Angkar (l’Organisation Révolutionnaire du Parti Communiste Khmer Rouge) comme des êtres humains.
Pour ces tortionnaires, ces milliers d’esclaves Cambodgiens qui mouraient sur place dans les rizières n’étaient bons qu’à servir d’ »ENGRAIS » à cette production agricole anarchique.

Le vice de ces bourreaux allait jusqu’à tuer les victimes : à coup de manche de pioche pour économiser leurs balles. Voilà ce que disaient des cadres Khmers Rouges, page 82 :

« Il ne convient pas de gâcher une cartouche pour ces gens-là. »

Comme dans tous les systèmes Totalitaires Communistes, pour le régime Khmer Rouge, TOUT le peuple cambodgien, était soit rééduqué par une violence extrême, soit purement et simplement exterminé. Mais cette rééducation était menée avec une telle sauvagerie qu’au final, dans les deux cas, le résultat était le même : la MORT. Ce n’était qu’une question de temps !

De la même façon, comme dans tous les régimes Totalitaires Communistes, l’épuration de la religion et en l’occurrence au Cambodge principalement : du Bouddhisme, devait être accomplie de manière radicale, comme décrit, page 145 :

« Les religieux avaient également leur rôle social : faire gagner des mérites aux villageois qui leur offraient la nourriture. Ils donnaient ainsi un sens à la vie, à la mort, au travail. Devant le bouddhisme, les Khmers Rouges ont eu le réflexe des Occidentaux qui ne remarquaient que la face extérieure de la réalité, le côté apparemment parasitaire du clergé ; d’où cette hâte de le supprimer. En chassant les bonzes, c’est tout le bouddhisme et ses valeurs spirituelles qui disparaissent, car sans bonzes, il n’y a plus de bouddhisme possible.
Dans les campagnes, la propagande répète à souhait : « Les bonzes sont des sangsues, ils oppriment le peuple, ce sont des impérialistes. » « Il vaut mieux donner le riz économisé à la nation qu’aux bonzes. » « Interdiction de donner quelque chose à ces culs tondus, ce serait pure perte. » « Demander l’aumône comme le font les bonzes choque le regard, entretient l’oppression des travailleurs. » A l’occasion de la fête des morts, en 1975, cette recommandation était donnée dans la région de Battambang : « Si un travailleur porte en cachette du riz aux bonzes, nous lui ferons planter des choux. Si dans les trois jours les choux ne sont pas arrivés à maturité, alors il creusera sa tombe. » « Les bonzes ne sont pas plus savants que vous : le seul savant, c’est celui qui sait cultiver la rizière. » « Seul celui qui mange est rassasié. »
Transposant le principe bouddhiste selon lequel les mérites suivent les actes, la propagande se plaît à répéter « seul celui qui travail a droit à la nourriture. »

Toute cette barbarie au Cambodge sous cet immonde régime Totalitaire Communiste Khmer Rouge de Pol Pot, a conduit au terrifiant Génocide d’environ 2 MILLIONS de tués, sur une population totale de 8 millions d’habitants. Il s’agit du monstrueux « record » du pourcentage le plus élevé des régimes totalitaires communistes : soit 25 % de la population exterminée en seulement 4 années (entre 1975 et 1979) !

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :
– Kèn Khun De la dictature des Khmers rouges à l’occupation vietnamienne ;
– François Bizot Le silence du bourreau ;
– Thierry Cruvellier Le maître des aveux ;
– Claire Ly Revenue de l’enfer : Quatre ans dans les camps des Khmers rouges ;
– Malay Phcar Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980 ;
– Pin Yathay Tu vivras, mon fils ;
– François Bizot Le Portail ;
– Philip Short Pol Pot : Anatomie d’un cauchemar ;
– Sam Rainsy Des racines dans la pierre.

Détails sur Cambodge année zéro

Auteur : François Ponchaud

Editeur : Editions Kailash

Nombre de pages : 312

Isbn : 978-2842680312

Cambodge année zéro

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