« Beso de la Muerte », de Gilles Vincent

Critique de le 4 mai 2013

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (27 votes, moyenne: 4,63 / 5)
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Actualité, politique Histoire Roman

http://passion-romans.over-blog.com/article-beso-de-la-muerte-de-gilles-vincent-117568742.html

Quel plaisir de retrouver quelques personnages que j’ai déjà eu l’occasion de côtoyer dans le précédent roman de Gilles Vincent, « Parjure« , à l’image de la commissaire française d’origine kabyle, Aïcha Sadia. Dans ma précédente chronique, je parlais justement de la puissance de l’âme des personnages, aux traits psychologiquement forts et complexes. Ici, j’ai retrouvé cet aspect très positif et, pour moi, très important voir essentiel.

Dans le précédent roman, l’auteur nous faisait réfléchir sur le sens même de la justice. Ici, nous faisons un voyage dans le temps, pas concrètement bien sûr, mais sur la base de témoignages, mais aussi par la présence de personnages qui ont été actifs à l’époque qui nous intéresse ici, et qui sont toujours là, peut-être avec une certaine crainte dans l’âme, des affres qui ne se sont probablement jamais vraiment effacées dans leur crâne de tortionnaires. Il y a des choses qui nous courent après encore longtemps, des actes commis à une certaine époque et qui nous poursuivent à vie. Des craintes, une certaine pression, mais peut-être aucun remord…

L’époque qui est évoquée ici est l’Espagne des années 1930. La guerre civile – la guerre d’Espagne – lors de laquelle des actes passablement durs ont été commis, parfois en toute impunité. Il faut savoir qu’en août 1936, l’extrême-droite (carlistes et phalangistes) ont organisé un soulèvement, soumettant l’Espagne, après cette tragique guerre civile justement, à la dictature du général Franco, et ceci jusqu’à sa mort en 1975. Durant cette guerre civile, des exécutions de personnes par des groupes fascistes ont été commis à la pelle – ustensile d’ailleurs utilisé pour enterrer les nombreux corps! Motifs? L’appartenance sociale ou politique sera amplement suffisante pour justifier une exécution.

Un homme, grand poète et homo, sera également fusillé et lancé dans un trou comme un clébard, comme beaucoup d’autres d’ailleurs; il s’appelait Federico Garcia Lorca. L’âme de cet artiste espagnol né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros, qui a réellement existé, planera sur nous tout au long de la lecture de ce roman. Roman ou récit réel? La barrière entre les deux semble très fragile et vite démolie…

Thomas Roussel, flic à la PJ de Pau, dans les Pyrénées, est un personnage avec qui nous faisons connaissance dans cette histoire. Puissamment alcoolique, évacuant très difficilement le mal et la déchéance qu’il côtoie dans le cadre de son job, cet homme va tout de même réussir à remonter la pente en trouvant l’appui – et l’amour – en la personne de Délia, son médecin et à présent sa future femme. Thomas doit cependant oublier son ancienne compagne, Claire, qui l’a quitté trois ans auparavant, qui n’arrivait plus « à faire semblant » lorsqu’il se trouvait en pleine tempête, soit lorsqu’il se trouvait au fond du trou, noyé dans l’alcool.

Le soir de son mariage avec Délia, Thomas Roussel reçoit un appel au secours, un court appel téléphonique de Claire, qui prêtant avoir découvert un lourd secret et qu’elle va désormais mourir. Le lendemain, Thomas apprend qu’un cadavre de femme, brûlé au lance-flamme, a été retrouvé au bord d’une voie de chemin de fer, à Marseille. Pour lui, il n’y a aucun doute.

Notre commissaire se rend immédiatement à Marseille, ce qui devait être confirmé l’est désormais, et une collaboration avec son homologue marseillaise Aïcha Sadia va débuter pour faire la lumière sur cette sombre affaire.

Claire était une femme passionnée par l’Espagne, par ses secrets, motivée à découvrir les zones d’ombre qui ont traversée la guerre civile des années 1930, les non-dits, mais surtout les impunités. Car c’est bien de ce côté-là qu’il faudra creuser pour découvrir la vérité. Visiblement, des noms de personnes – personnages! – n’ont jamais refait surface avec le temps, se sont fait totalement oublier, des actes sont restés définitivement impunis. Clair, acharnée et méthodique, avait apparemment mis la main sur quelque chose qui aurait enfin pu mettre un terme à cette impunité. L’enquête permettra d’établir que Claire rédigeait un livre sur les GAL, ces escadrons de la mort à la solde du gouvernement espagnol qui « chassaient » les membres de l’ETA basque.

Acharnée et méthodique, oui. Mais nous apprendrons qu’il y a bien d’autres sources de motivations qui peuvent faire avancer une personne jusqu’à se surpasser, voir même encore un peu plus que ça. La complexité de ce personnage, décrit par Gilles Vincent, est très intéressant…

L’auteur, par ce polar bien mis en place, nous donne l’occasion de faire quelques pas en arrière, ou plutôt nous pousse à nous retourner et d’observer un pan de l’Histoire lors duquel des évènements tragiques se sont déroulés, avec des accords politiques clairement mis en avant, des alliances mettant en scène des personnages relativement bien connus et populaires, que cela soit en France ou en Espagne.

Gilles Vincent n’épargne personne, les faits restent les faits.

Etant un adepte des romans qui touchent un bout de l’Histoire, je ne peux qu’être satisfait. D’autant plus que l’auteur maîtrise sont sujet, c’est évident, cela se ressent très bien dans son écriture. Et bien entendu, j’ai vérifié 😉

Lancez-vous dans cette histoire qui évoque un bout de l’Histoire, c’est fascinent. Et attendez-vous, comme dans son précédent roman « Parjure », d’être confrontés à quelques surprises, soit à quelques rebondissements surprenants!

Bonne lecture.

« Beso de la Muerte », de Gilles Vincent

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