« Quelque chose dans la nuit », de Mikaël Ollivier

Critique de le 3 septembre 2012

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (14 votes, moyenne: 4,43 / 5)
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Art, spectacle, musique Roman

Mikaël Ollivier est l’auteur de la biographie française de référence de Bruce Springsteen,Bruce Frederick Springsteen (Castor Astral, 2008). Ce roman est 100% Springsteen pur jus! Vous allez comprendre…

« Quelque chose dans la nuit », Something in the Night; est l’un des titres de l’album Darkness on the Edge of Town, sorti en 1978. Ce titre nous accompagne tout au long du roman; un titre qui, dans ce livre, nous évoquera une mort imminente.

Je vous explique l’intrigue en quelques mots suivi, bien évidemment, de mon humble avis. En découvrant ce livre – avant de m’y plonger -, je me suis senti un peu perplexe; j’avoue avoir été passablement septique. Choisir comme trame de fond un chanteur – un bon j’avoue -, sa tournée et l’ambiance qui va avec, cela ne m’a pas trop motivé à m’y plonger. Et puis, finalement, nous entrons dans le bouquin comme dans une grande arène, Ollivier nous propose une place pour le spectacle, bienvenue dans l’univers de Springsteen, et en live!
Un polar musical, nouveau genre? C’est particulier, mais pas sans intérêt, surtout lorsque c’est écrit par un pro du sujet. Mikaël Ollivier est écrivain et grand fan du Boss; l’écriture de ce roman devait certainement le titiller depuis un moment! Tiens, il faudra que je lui demande ça… 😉

Nous sommes en 2007, Bruce Springsteen, surnommé « Le Boss », entame une nouvelle tournée mondiale, suite à la sortie de son album Magic. Une aubaine pour ce groupe de fans d’une dizaine de personnes qui suivent leur idole partout et qui ne manqueraient pour rien au monde un seul de ses concerts. Pour certains, plus d’une centaine de représentations à leur actif de fan… La tournée européenne débute en Espagne, les « amis d’une tournée » se retrouvent une fois de plus, pour quelques dates, excités comme des gamins.
Des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, toutes les classes sociales sont représentées dans ce petit groupe de fanatiques. Ce qui compte, c’est l’amour pour le chanteur, le vivre, le suivre, le vénérer, le reste n’a pas ou très peu d’importance.

La première ville européenne à recevoir Le Boss est Madrid, et c’est également la ville qui va accueillir le premier drame d’une longue série. Le groupe d’amis perd une des leur qui s’est visiblement jetée du 8ème étage d’un hôtel madrilène. Le début d’une série car à chaque concert un membre du groupe disparaîtra, victime d’une mort violente. Madrid, Hambourg, Londres, Paris ou Anvers… Une personne semble s’acharner sur cette équipe; c’est du moins ce que pense le gendarme Damien Le Guen, qui fait également partie de ce groupe. Mais pourquoi?

Le déroulement de l’agression d’une jeune femme sauvagement violée dans la rue, qui revient à chaque chapitre, comme une parenthèse, aurait-il un lien?

Je vous donne un seul indice; « Rien n’est oublié ni pardonné ». La peur, la honte, le repentir, la douleur ou encore les non-dits seront des sentiments fondamentaux dans cette oeuvre.
Mikaël Ollivier a donc choisi comme fil rouge, comme trame de fond, l’univers rock de Bruce Springsteen. Je ne suis pas un grand fan de ce chanteur – peut-être que je ne connais pas assez l’artiste – mais je dois admettre que l’auteur a réussi à m’intriguer assez pour me pousser à me rendre sur Youtube pour voir des bouts de concert de la tournée en question. Mikaël Ollivier est très précis lorsqu’il s’agit de parler du Boss, c’est rigoureux dans les détails (j’ai vérifié) et surtout l’écriture en dit long sur celui qui tient la plume; c’est un passionné! Son écriture est simple, sans accroc, mais gorgée de passion et d’engouement. Il sait de quoi il parle, c’est vraiment le moins que je puisse dire à ce sujet.

Le rythme du roman est loin d’être parfait à mes yeux; beaucoup de longueur, trop à mon goût. La tension n’est pas persistante et le rythme se casse inévitablement. A contrario, je dois admettre que l’auteur sait cultiver le suspense et ainsi faire languir le lecteur. Le rythme s’accélèrera tout de même vers la fin du roman et Mikaël Ollivier vous expliquera tout! Un dénouement très intéressant au niveau psychologique, notamment.

Une deuxième affaire viendra s’infiltrer dans notre intrigue, qui touche de près quelques personnages, et du coup l’auteur nous fourvoie et nous désoriente un peu; bien vu… Mais je regrette par contre le fait d’avoir découvert trop rapidement le fin mot de l’histoire; est-ce que c’était voulu de la part de l’auteur ou non? Quoiqu’il en soit, c’est bien dommage. L’effet de surprise n’est pas intervenue.

Je vous ai parlé de certaines longueurs. Des longueurs oui, mais peut-être pas pour rien; à l’image des personnages justement. Mikaël Ollivier nous dépeint les protagonistes en détail, avec rigueur et soin. Et ceci, pour CHAQUE personnage! Cela peut paraître démesuré et écrasant, oui, mais dans le contexte de ce roman, en suivant cette intrigue, ces descriptions semblent prendre tous leur sens.

La psychologie des personnages, l’interaction entre eux, est intéressante et prenante. J’ai appris à découvrir une catégorie de personnes que je ne connaissais pas du tout, un vrai phénomène de société! Ce fameux fans club totalement démesuré, immodéré à outrance et limite ridicule – ils le disent eux-mêmes. Des gens qui véhiculent une passion commune viscérale, qui n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre et qui pourraient échanger durant des jours sans se lasser – au contraire! – en tremblant et en bouillonnant, à la limite de la convulsion (j’exagère à peine).

Mais aussi des hommes et des femmes qui déraillent par leurs excès, qui ne font que de survivre lorsqu’ils ne sont pas dans l’ambiance de leur idole et qui se sentent obligé d’attiser leur flamme sur le net par des forums de discussion. Une vie finalement faite de prétextes et de mensonges (à eux-mêmes), des gens qui iront pour certains jusqu’à ignorer les siens, crouler sous les dettes et surtout passer à côté de beaucoup de choses, tout ceci pour cultiver leur passion quasi vitale. Un échappatoire? Une esquive permettant d’éviter une attaque de la vie ordinaire?

Des personnes, des amis qui se connaissent par coeur lorsqu’il s’agit de « vivre » Bruce Springsteen mais, si on creuse et on fouille un peu dans leurs existence, des personnes qui ne se connaissent finalement pas du tout… Oui car en dehors de leur passion il y a tout de même une vie – ils ne semblent même pas s’en être rendus compte hormis la leur (et encore) – et elle réserve parfois bien des surprises. Des gens qui sont finalement des étrangers les uns par rapport aux autres; et c’est peut-être cela qui va causer leur mort, ou plus précisément qui ne permettra pas d’en éviter certaines.

Bonne lecture et si vous êtes fan de Bruce Springsteen, ce roman sera probablement votre bible. Ce n’est pas le cas pour moi et celles et ceux qui sont comme moi, en lisant ce roman, vous aurez droit à une bonne intrigue qui se tient bien, en compagnie de personnages forts, sur un fond de musique Rock!

« Quelque chose dans la nuit », de Mikaël Ollivier

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